Le bureau de coordination des pilotes tunisiens a tenu, hier, une conférence de presse pour affirmer son soutien à l'équipage tunisien (pilote et copilote) qui a été condamné par un tribunal de Sicile à des peines de dix ans de prison ferme suite à l'accident de l'amerrissage de l'ATR 72 au large de la Sicile le 6 août 2005 qui a coûté la vie à 12 passagers. La coordination représente en Tunisie la fédération internationale des pilotes de ligne « IFALPA » qui regroupe 100.000 pilotes appartenant à une centaine d'associations nationales de pilotes. Prenant la parole au nom de la coordination, le commandant Mohamed Taïeb Basly a exprimé son entière compassion, lui et ses collègues, à la mémoire de tous ceux qui ont péri suite à cet accident et a précisé que l'objectif de l'IFALPA a toujours été d'améliorer la sécurité du transport aérien. Il a également exprimé l'extrême consternation des institutions représentant les pilotes suite à la condamnation démesurée et trop sévère des tribunaux italiens de l'équipage technique du vol UG1153 de la compagnie tunisienne Tuninter qui a effectué un amerrissage forcé au large des côtes siciliennes le 6 août 2005 à 14h38. Le commandant Basly a expliqué que, de l'avis de la majorité des professionnels du monde de la navigation aérienne, l'équipage a bien géré la situation dans ses moments critiques pour essayer de limiter au maximum les dégâts, en expliquant que les enregistreurs ont bien confirmé ce constat.
Unanimité Le commandant Basly a précisé que l'accident du vol UG1153 a été inclus dans l'ordre du jour de la commission chargée du suivi des enquêtes sur les accidents d'avion au sein de la Fédération Internationale des Pilotes de Ligne « IFALPA » dans sa session de Hong Kong de novembre 2005. La présentation a mis en évidence la part de responsabilité du constructeur franco-italien ATR dans cette affaire. Le représentant de ce dernier, présent sur place, a signifié qu'une action corrective pour éviter le renouvellement d'une telle tragédie, était en cours d'élaboration. L'IFALPA a alors salué la réaction du constructeur , compatible avec les principes de la priorité absolue accordée à la promotion de la sécurité aérienne. Le commandant Basly a rappelé que « la criminalisation dans le transport aérien est à bannir sauf dans le cas des fautes intentionnelles ». Les différents pilotes et commandants de bord, ayant répondu aux interrogations des journalistes, ont attiré l'attention sur le fait que la justice italienne a ignoré la teneur de l'annexe 13 de l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale qui interdit à qui que soit de se baser sur un rapport d'enquête technique d'accident d'avion pour condamner les équipages de conduite des aéronefs. Les intervenants ont été unanimes pour dire que le tribunal a ménagé les intérêts du constructeur franco-italien qui a procédé à des modifications au niveau du circuit carburant sur les avions de typa ATR 72/500 suite à cet accident et en rapport avec les recommandations de l'enquête. Les interventions ont insisté sur le fait que c'est la première fois qu'une pareille condamnation soit prononcée.
Le pilote s'explique Le pilote Chafik Gharbi, commandant de bord du vol UG1153, a affirmé que les conditions climatiques étaient très difficiles au moment de l'accident : « La mer était très agitée « Force 4 » et le vent était violent. La configuration possible pour l'amerrissage ne permettait pas une vitesse inférieure lors du contact avec l'eau. Toutes les simulations entreprises ultérieurement ont montré qu'il était impossible d'atteindre l'aéroport de Palerme dans de telles conditions de relâchement complet des deux moteurs. L'écrasante majorité des experts ont conclu que l'amerrissage était la solution la plus plausible en pareil cas. D'ailleurs, même l'apport de la tour de contrôle a été approximatif en raison de l'ignorance de la langue anglaise par l'aiguilleur aérien de l'aéroport de Sicile. Il avait fallu l'intervention d'un autre équipage pour que la tour de contrôle assimile la situation ».
Il est à noter que l'IFALPA, l'EGALPA (Association des pilotes européens), l'Association des pilotes américains, la SNPL (le Syndicat National des Pilotes de Ligne de France), les associations de pilotes du Maroc, d'Algérie, du Liban, d'Egypte et bien d'autres pays ont exprimé leur soutien au pilote Chafik Gharbi et au copilote, Ali Kebaïer, et ont appelé à œuvrer pour leur réhabilitation inconditionnelle.