Lorsque vers la fin de mois de Novembre dernier, Gernot Rohr débarquait à Sousse pour succéder à l'intérimaire Hervé Gauthier, tout un chacun espérait que le déclic soit réalisé aussitôt tant il est vrai que l'Etoile ne pouvait se contenter d'un rendement en dents de scie et de sortir de la voie tracée à travers l'histoire, celle d'une équipe performante jouant constamment pour remporter des titres aussi bien au niveau local que celui continental. Rohr est donc là. Sa mission est simple à deviner : reconstruire l'équipe sur des bases solides tant en chassant le doute qui s'est emparé du groupe du temps de Michel Decastel et de la « parenthèse Gauthier ». Et d'emblée le Franco-Allemand commence à apporter une touche qui aurait pu valoir à l'Etoile le renouveau recherché si les résultats avaient suivi. Mais d'une journée à l'autre Rohr et son équipe ( qui était à 4 points du leader espérantiste) commencent à perdre des points pourtant paraissant à portée de main. Le déficit s'accumule et atteint les 8 points de retard quand miraculeusement, le leader et son dauphin accusent le pas chacun à sa manière pour permettre à l'Etoile de raccourcir l'écart à un point puis à quatre points. Mais comment en est-on arrivé là ? C'est la plus grande des interrogations que se posent les supporters de l'Etoile. La réponse attendue ne parvient pas. Ni les dirigeants et encore moins le staff technique n'affichent en cette période critique la disponibilité nécessaire pour éclairer la lanterne des supporters et de l'entourage du club. On se contente de cultiver le flou dans l'espoir de revoir l'équipe revenir à son meilleur niveau pour que l'arbre cache la forêt.
Désillusion à Sfax L'étape de Sfax revêtait pour l'Etoile une importance particulière. S'imposer dans la capitale du sud devant un CSS fortement remanié aurait permis aux Etoilés de continuer de croire en leurs chances dans la course au titre d'autant qu'il ne restait que deux matchs à jouer : CSHL à Sousse et la grande explication avec le leader chez lui. Mais voilà que l'équipe de Rohr tombe à Sfax les armes à la main et ceci paraissait quelque peu prévisible par référence à quelques indices qui ne trompent pas.
Une défense fébrile Depuis quelques temps, la défense de l'Etoile ne présente plus la solidarité qu'on lui connaît. La méforme de Radhouane Felhi a intrigué plus d'un, l'étoilé ne paraît plus sûr comme il l'était et ne se montre plus autoritaire sur l'adversaire tel dans un passé récent. Au cours du dernier CSS - ESS, le capitaine de l'Etoile a paniqué à la moindre accélération de l'attaque sfaxienne et a souffert le martyre devant Dominique Da Silva qui lui a montré de toutes les couleurs. Son compère de l'axe, le revenant, Mejdi Tenniche n'a pas été plus heureux. Pis, il a été l'auteur de maladresses d'un novice ayant coûté en fin de compte la défaite à son équipe. Sinon comment expliquer que Tenniche soit lobé à la remise de touche car mal positionné action qui a permis au CSS d'ouvrir la marque ou sur une phase de jeu des plus faciles à réussir, il rate le dégagement pour faire profiter l'attaquant clubiste de l'aubaine l'étoilé, en effet, ne pouvait donner que ce qu'il pouvait du fait d'une absence très longue et d'un manque de compétition évident. A pareille situation se pose avec acuité la présence de la nouvelle recrue, Bassem Boulaâbi, sur le banc des remplaçants. Devait-il être aligné d'entrée ? Seul Rohr peut apporter une réponse à la question sans pouvoir par ailleurs convaincre les plus avertis de son choix. La défense en l'absence de Ammar Jmel, suspendu, devait-elle être autrement composée ? En intégrant Abdennour dans l'axe de la défense et en confiant le poste de latéral gauche à Mériah, le problème aurait pu être résolu. Mais Rohr possède une autre idée « fixe » de Mériah. Pour le technicien Franco-allemand, Mériah est un joueur du milieu devant opérer dans le couloir gauche. Surprenant ! Surtout lorsqu'on sait que Mériah a depuis son jeune âge, évolué au poste de latéral gauche et de surcroît utile en phase offensive. Il est en quelque sorte un excentré gauche dans un schéma de 3,5,2
Un milieu léger L'arrivée d'Everson dans ce compartiment du jeu a équilibré en partie le rendement de l'équipe à ce niveau. Mais elle n'a pas tout résolu. La méforme intrigante de Nafkha a certainement affecté le jeu de l'équipe notamment lorsqu'il s'agit de reconvertir le jeu d'une manière efficace et rapide. Hamdi Mabrouk de par son tempérament « frivole » et le plus souvent mal positionné n'est pas parvenu à remplacer correctement Mohamed Ali Nafkha. Que faire ? Rohr ne trouve que la solution à portée de main. A son avènement à la tête de l'équipe, il y avait un Wajdi Ben Haj Frej, un jeune milieu pétri de qualités et Slim B. Belgacem capable de mieux produire que l'une des deux transfuges du ST. Et puis qu'a-t-on fait du jeune international Tembo Fayo ? Parfois relégué chez les « Espoirs » ( donc champion de Tunisie 2008-2009) et en d'autres occasions placé sur le banc des remplaçants et ceci lui arrive même lorsque la contrainte du nombre de joueurs étrangers ne se posait pas, Opara étant en période d'indisponibilité.
Une attaque improvisée au gré du jour Jadis et dans un passé récent, qui dit Etoile dit équipe offensive. Autres temps, autres performances. L'attaque de l'équipe de Rohr et de son prédécesseur Michel Decastel ne rassure pas. Il lui arrive souvent très souvent de se contenter d'un but œuvre d'un défenseur ( Jmel en l'occurrence, meilleur buteur de l'équipe) ou d'une balle arrêtée que transforme en but un joueur du milieu ou un défenseur ( Everson, Nafkha et Abdennour). Très peu pour une équipe dont la pointe de l'attaque est essentiellement composée de joueurs étrangers (Opara, Bukari). On ne reparlera pas du départ de Chermiti mais on devra plutôt évoquer l'arrivée parmi les seniors de jeune du cru Slim Jedaïed sur lequel Rohr ne mise pas beaucoup pour ne pas dire du tout. L'Etoile, à la faveur d'une vélocité et d'une percussion très utiles peut se frayer un chemin parmi cette équipe si on lui accorde plus de cas même en la faisant participer en cours du jeu surtout lorsque la situation se bloque pour Rohr et son équipe.
Coaching approximatif On s'en est rendu compte et à maintes fois. Gernot Rohr, par conformisme, méconnaissance des qualités des joueurs et par une lecture du jeu sommaire, a souvent joué avec le feu. Pour ne citer que les deux derniers matchs ( Chlef et CSS), l'entraîneur de l'Etoile devra relire sa copie au lieu de chercher à tourner la page avant`qu'elle soit relue ! Avec lui, l'Etoile se retrouve à deux journées de la fin du championnat à la case de départ ( -4 points au classement). Inutile de spéculer pour dire que le recrutement de Rohr s'est avéré inopportun.