* Pour les élèves de la terminale, une occasion de défoulement et de délivrance...Mais attention aux excès ! Les candidats au baccalauréat subissent du 20 avril jusqu'au 4 mai 2009 les épreuves sportives. Aucun changement au programme qui consiste en deux épreuves: une épreuve athlétique où le candidat a le choix entre le saut en hauteur, le lancement de poids et la course (60 mètres ou 1.000 mètres pour les garçons et 60 ou 600 mètres pour les filles) et une épreuve de gymnastique où le candidat doit choisir un enchaînement parmi les six programmés. La moyenne du bac sport se calcule comme suit : moyenne du test final + moyenne de l'année, le total est divisé sur deux. Pour les écoles privées, seul le test final du bac compte. A part les cas légaux de dispenses (handicapés physiques, les élèves victimes d'un accident ou d'une maladie dont les séquelles interdisent toute pratique sportive. Le bac sport, c'est l'épreuve à laquelle le candidat se prépare plusieurs semaines avant : filles et garçons se ruent sur les magasins d'articles de sport pour se doter de survêtements, de justaucorps, de cyclistes, de maillots de sport, de shorts et de chaussures et non des moins chères, histoire de se vanter devant ses camarades ! Mais l'on se prépare aussi pour cette occasion qui donne lieu à une manifestation devenue rituelle, à savoir la « dakhla » du bac sport. Le test du bac sport est toujours accompagné de rituels suivis depuis déjà des années : les préparatifs sont déjà faits et tout le monde attend le jour J avec impatience. C'est l'allégresse générale qui s'étend sur deux semaines, à raison de deux ou trois lycées par jour selon les régions ou en fonction des branches (lettres, économie-gestion, sciences, maths...). « Nous avons tout préparé, nous a lancé un candidat au bac, les drapeaux, les banderoles, les feux d'artifice, les discours à prononcer, rien n'est laissé au hasard, tout est préparé d'avance. Nous avons même dessiné l'itinéraire qu'on va suivre pour faire notre balade en ville. Tout est déjà fixé grâce à un comité d'organisation qui a ramassé les cotisations et a arrêté le programme qu'on va exécuter à la lettre ! » C'est dire que le bac sport est devenu depuis quelques années le rendez-vous incontournable pour les élèves de terminales, une occasion de défoulement, de délivrance à ne pas manquer. C'est un spectacle annuel qui commence à la sortie du centre d'examens, juste après la fin des tests sportifs pour finir devant et au sein de l'établissement scolaire en passant par la grande parade à travers les artères de la ville. Les habitants se sont accoutumés à voir chaque année les rues bloquées par des voitures pleines à craquer, d'entendre des coups de klaxons et les cris et les chants des jeunes en liesse qui allument des flammes et lancent des projectiles et des feux d'artifice. « Pour cette année, nous avons préparé un programme impeccable, nous allons surprendre toutes les autres sections. » nous a confirmé un élève de 4é année lettres qui a refusé d'annoncer les différents points de ce programme.
Excès En effet, tout semble se préparer dans la discrétion totale, histoire de surprendre les autres sections avec les nouveautés et l'originalité des spectacles. « La dakhla » est ainsi devenue la source d'imagination et de création pour les élèves qui essayent d'apporter chaque année quelques changements pour améliorer leurs spectacles. Une grande concurrence s'installe entre les différentes branches d'un même lycée ou encore entre deux ou trois lycées. Mais ce qui est déplorable, c'est que cette euphorie se dégénère en débandade et chaos (disputes, violences, irrespect des passants, manque de civisme, impolitesse et effronterie, prolifération d'injures et de gros mots envers certains agents administratifs ou cadres enseignants...), ce qui rend cette « dakhla » nuisible et indésirable aux yeux de certains, comme cet enseignant qui nous a déclaré : « Je ne suis pas contre cette manifestation, mais je ne tolère pas certaines conduites de la part de certains élèves qui causent des dégâts matériels à leur établissement, sous prétexte qu'ils font la fête ! En effet, ils peuvent se marrer sans brûler les feux, sans casser les vitres, sans peindre des caricatures ou des dessins indécents sur les murs de l'école. Ces choses abominables sont à éviter ! » Le pire est que d'autres élèves, n'ayant aucun rapport avec le bac sport, trouve le moyen de s'immiscer dans la foule des élèves de terminale. Ce sont ces élèves des collèges avoisinants, nous a-t-on dit, qui s'infiltrent au sein même du lycée et, emportés par la hystérie collective, ils commettent parfois des actes irresponsables.
Actes de vandalisme Cette « dakhla » qui s'est installée il y a quelques années essentiellement à Tunis et banlieues s'est propagée comme le feu dans la paille et elle a vite gagné les autres villes qui célèbrent chaque année, à leur façon, le bac sport pompeusement.(Nabeul, Sousse, Sfax...) Dans certains lycées de la banlieue, les murs gardent encore les traces qui indiquent les actes de « vandalisme » perpétrés par ces foules de candidats en déchaînement, telles que des caricatures et des inscriptions indécentes marquées sur les murs. De tels agissements qui surviennent chaque année, sous le couvert du bac sport, auraient pourtant pu être évités si les épreuves se déroulaient dans les lycées, en désignant des examinateurs formés de professeurs d'éducation physiques autres que ceux du lycée d'origine ; et c'est l'avis de pas mal de professeurs et d'agents administratifs qui ont d'ailleurs exprimé à plusieurs reprises leur vœu de voir un jour un changement dans les modalités du passage du bac sport. Mais en vain. Leurs suggestions sont restées lettre morte et c'est ainsi que la pagaille va encore continuer cette année-ci. On verra le même tohu-bohu, les mêmes dépassements, les mêmes dérapages sur la voie publique et les mêmes dégâts matériels au sein des établissements ! L'on se demande si le ministère de tutelle va réviser les modalités de ce bac sport, synonyme de chaos et de désordre.