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Le problème « grossit » à vue d'œil
Naissances hors mariage et grossesses non désirées
Publié dans Le Temps le 12 - 03 - 2007

La marginalisation sociale, la démission de la famille et de l'école ne sont pas pour arranger les choses. Les sociologues parlent de « conduite à risque »
En Tunisie on compte chaque année plus de mille naissances hors mariage. Les données affichées officiellement démontrent que les deux tiers des jeunes célibataires sont âgées de 15 à 25 ans. 25 % d'entre elles sont mineures comme elles sont, très souvent, faiblement scolarisées. En fait, 85 % des jeunes filles n'ont pas dépassé le niveau primaire, elles sont même analphabètes, issues d'un milieu rural et pauvre selon les mêmes sources.
Avoir un enfant hors mariage ou être enceinte involontairement n'est pas un problème propre aux jeunes filles issues de milieu défavorable qui sont analphabètes ou qui ont un niveau de scolarité faible. Les jeunes universitaires tombent de plus en plus dans ce piège par inconscience ou à cause de comportements sexuels irresponsables.
Le changement des mœurs et des valeurs ont fait de sorte que des nouveaux comportements apparaissent dans la société tunisienne. Le rapport sexuel est un acte très répandu dans les milieux universitaires et même scolaires. « La Tunisie ne dispose pas des statistiques mais un tiers même un quart de nos jeunes étudiants ont des rapports sexuels », a déclaré le Dr Farouk Ben Mansour lors d'une journée de sensibilisation qui s'est déroulée lors de la semaine écoulée à l'Institut Supérieur des Sciences Humaines.
Epaté par la relation sentimentale le jeune couple ne se rend pas compte des grands risques qui se posent en ayant un rapport sexuel non protégé. Maladies sexuellement transmissibles, grossesse non désirée...La plupart d'entre eux ignorent les dangers qui risquent de peser lourd sur leur avenir sans parler des chocs psychologiques qui en résultent.
Dans ce cadre, les spécialistes parlent d'un déséquilibre entre les pratiques et les connaissances des étudiants. Ces derniers se jettent la plupart de temps dans une relation tout en ignorant les mesures à prendre pour se protéger contre la grossesse non désirée où les maladies. 2 % seulement de cette population utilisent des moyens de contraception et connaissent qu'un rapport sexuel superficiel peut résulter à une grossesse. D'ailleurs, « la moitié des filles qui ont consulté la clinique du Centre de la Santé de la Reproduction au Bardo lors des mois de janvier et février 2007 étaient enceintes sans le savoir », d'après le Dr Ben Mansour. En comparant le nombre des consultantes du centre, le Dr Ben Mansour déclare avec désolation que l'effectif ne cesse d'augmenter au fil des années. « Il y a sept ans, date d'ouverture du centre, 436 filles l'ont consulté pour des problèmes alors qu'en deux mois, 932 dossiers ont été traités », toujours d'après la même source. « D'ailleurs, 373 filles sont venues pour la première fois », ajoute-t-il.

Etudiants mal informés
En dépit de leur formation universitaire, les étudiants sont incultes en matière de sexe. Le rythme de leur comportement ne va pas en parallèle avec leurs connaissances et leur formation dans la santé de la reproduction. « Cela est dû à la démission de trois institutions à savoir ; la famille, l'école et les médias », déplore Dr Ben Mansour. La santé de la reproduction est encore un sujet tabou rarement communiqué dans la famille, alors que les parents doivent sensibiliser leurs enfants et les informer sur la question. La mère doit, notamment, communiquer avec sa fille les signes de la grossesse », appelle le spécialiste. Pour ce qui est de l'institution éducative, « l'école doit réviser son programme pédagogique pour mieux encadrer les élèves en la matière ». « Les médias sont appelés à parler davantage de la question pour sensibiliser les jeunes », ajoute Dr Ben Mansour.

En fait, « nos jeunes sont victimes de la tentation et de la méconnaissance, d'où l'importance de prévoir des campagnes de sensibilisation bien ficelées. Car, celles qui sont organisées jusqu'à maintenant n'ont pas abouti à des résultats bénéfiques », toujours d'après la même source. L'unique solution consiste, ainsi, en l'établissement d'une stratégie bien étudiée car le rythme des problèmes est plus accéléré que les solutions inefficaces arrêtées jusqu'à maintenant. Elle doit impliquer tous les partenaires.
Par ailleurs, Farouk Ben Mansour juge que les législations en vigueur ne sont pas adaptées à la réalité. Elles sont anachroniques par rapport à l'évolution de la société tunisienne. Aucun texte législatif ne permet l'avortement des filles âgées de moins de 16 ans.
Réviser la stratégie de communication reste l'unique solution à ce problème social qui ne cesse de gagner du terrain. Les autorités de tutelle doivent réaliser des études basées sur des normes scientifiques pour pouvoir arrêter les solutions adéquates à cette question. Nos jeunes sont davantage influencés par les chaînes satellitaires et l'Internet qui est reste jusqu'à présent leur unique source d'information, mais erronée et même empoisonnée. »
Sana FARHAT

Maher Trimech, sociologue, chef de département de sociologie à l'Institut Supérieur des Sciences Humaines, Ibn Charaf
« La conduite à risque est le catalyseur des rapports sexuels non protégés »
La famille tunisienne est-elle responsable du changement du comportement sexuel de nos jeunes ? « C'est une question sensible même pour les sociologues », d'après Maher Trimech, sociologue, chef de département de sociologie à l'Institut Supérieur des Sciences Humaines, Ibn Charaf. Le sociologue considère qu'il est essentiel de se baser sur une approche scientifique pour mieux comprendre ce phénomène. « Il ne faut pas moraliser le problème qui est lié à la mutation de la société » d'après M. Trimech. Il explique dans ce cadre que la conduite à risque est le catalyseur de l'augmentation des rapports sexuels non protégés. Les jeunes sont souvent inconscients et ne prévoient pas les conséquences de ce comportement.
Le sociologue démontre également que la conduite à risque est due à trois sphères. La sphère de l'intimité, la sphère de l'autre et la sphère juridique.
Expliquant la sphère de l'intimité, M. Trimech précise que le jeune a tendance à vivre des moments d'intimité pour se reconnaître. Il est en fait en quête de son identité, du soi. Mais le problème qui se pose est l'absence des normes et des règles à cause de la libéralisation. Les jeunes filles justifient souvent cette expérience par la quête du sentiment.
La sphère de l'autre est étroitement liée a la premier sphère. A cet égard, le sociologue explique que toutes les filles reproduisent la non-reconnaissance de soi au sein de la société. Celles qui vivent cette expérience sont généralement issues d'un milieu social défavorisé là où l'on enregistre des problèmes de violence, de divorce...La question n'est pas ainsi liée à la conscience et aux valeurs. Il s'agit en fait de la reproduction de la situation sociale. « La marginalisation sociale justifie le problème de manière dramatique », explique-t-il.
C'est ne pas tout. La sphère publique qui signifie les règles sociales en est responsable. A cet effet, le sociologue précise que chaque fois que les normes sociales sont faibles auprès cette frange, les comportements à risque augmentent.
Il est important d'agir à ces trois niveaux (le soi, l'autre et le public) et accentuer les programmes d'intervention pour résoudre le problème.


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