Hier, les Libanais sont allés aux urnes pour élire leurs députés. Ce scrutin à l'issue indécise sera décisif pour l'avenir du pays du Cèdre. Les Libanais devaient donc élire leurs députés. Un peu plus de 700 candidats se disputent les 128 sièges du Parlement. Ces élections législatives, les deuxièmes depuis le départ des Syriens, en Avril 2005, opposent ferocement la majorité acutelle et l'Opposition, et divisent également la scène politique libanaise marquée par le féodalisme et le clientelisme. L'enjeu de ce scrutin alors de l'avenir de ce pays qui se trouve dans une région sous haute tension. Et c'est peut etre cet emplacement géopolitique de ce pays qui maintient le partage de l'opinion publique toujours mitigée. D'un côté, l'opposition menée par le Hezbollah et le Courant patriotique libre, parti du General Aoun prone le changement radical voire "La 3ème République". De l'autre coté, l'Alliance du 14 Mars, la majorité, avertit les Libanais contre un retour de la tutelle syrienne et du projet avoué de l'Iran dans la region. Les Libanais détiennent leur avenir entre les mains et ce sont les circonscriptions chrétiennes qui détermineneront le résultat de cette rude bataille. Dans les urnes glisseront des bulletins de vote de quelques libanaises d'origine tunisiennes. Elles ont contracté la nationalité libanaise suite à un mariage mixte avec des libanais. Rappelons qu'au Liban, la femme n'a pas le droit de transmettre sa nationalité à son conjoint non libanais et pas plus à leurs enfants. Ce qui élimine le nombre des hommes mariés a des libanaises. Donc, un tunisien marié à une libanaise, il n'aura pas le droit à la nationalité libanaise et par la suite il n'a pas le droit de voter. De plus, la progéniture de ce couple Tuniso-Libanais, dans ce cas de figure ne pourra voter même lorsque l'enfant atteint 21 ans, l'age légal pour voter au Liban. Tout cela laisse penser que parmi les quelques 600 tunisiens séjournant au Liban (recensement actualisé en 2009), par déduction, il existe un nombre miniscule d'électrices. Bien qu'elles soient une minorité et l'impact de leur vote sur ce scrutin irréfutable, la curiosité nous a poussé à demander les velléités qui déterminent leur passage à l'urne ou dans le cas contraire, pourquoi boycottent-elles le vote renoncant ainsi à ce droit en tant que "citoyenne libanaise"?
K.H, 43 ans, mère d'une fille, sunnite mariée à un Libanais chiite "Du sang froid pour ne pas etre mêlée au jeu politique" Mariée à un Libanais chiite depuis plus de 13 ans, le ménage de K.H conserve toujours l'étincelante flamme comme au premier jour. Pourtant, K.H ne nie pas l'existence de quelques sujets facheux qui viennent de temps à autre embrouiller leur entente. En même temps, K.H affirme que si son couple dure c'est grâce à sa sagesse et sa maturité. " J'ai toujours su que notre union sera comme une partie de pocker! Et moi, j'ai misé sur la réussite de cette union. J'ai fait la sourde oreille sur tout ce que ma belle famille émettait à mon égard. Je ne me souviens même pas d'une querelle entre ma belle-mère et moi ou ma belle-soeur et moi ou autre ... ( elle sourit et ajoute : j'ai toujours eu des nerfs de plomb c'est pour cela je n'ai pas cédé et me suis pas effondrée !!) J'ai été convaincue qu'au départ je serai dédaignée de par ma différence confessionnelle : je suis sunnite, mon mari est chiite. Cette différence n'a pas eu de répercussion tout au long de notre mariage. Chacun de nous, mon mari et moi, avait vécu avec le respect mutuel. D'ailleurs, c'est la même religion tout court, c'est l'Islam. Il prie, je prie, il jeûne, je jeûne... Les détails dans l'accomplissement de notre rituel religieux n'ont pas eu d'incidence sur notre quotidien. Il est chiite, je suis sunnite, mais les opinions politiques, on n'en parle pas. En fait nous n'avons pas voté. En politique, mon mari m'a appris à jouer le rôle d'observatrice. J'ai toujours été confuse devant son sang froid envers ce qui se passe sur la scène politique. Il est difficile de vivre au Liban et ne pas s'intéresser à la politique. Même si je ne m'y intéresse vraiment pas, je me retrouve en train d'écouter attentivement les infos d'une radio dans la voiture en conduisant, ou de surprendre une discussion politique chez l'épicier du coin ou je m'approvisionne... on n'y échappe ! Et si je ne vote pas cette année, c'est parce que mon mari n'a jamais voté, et je me suis jurée à ne pas offenser cette régle. Voilà encore une preuve de notre entente. Même si certaines de mes amies pensent que je suis effacée et je n'ai pas le courage de faire part de mes idées. Et mon idée était toujours que la politique n'est pas l'affaire de tous! Elle a ses spécialistes. Avec toute modestie, je n'en fais pas partie !
T.S, 32 ans sans enfants. "Parfois notre vie commune devient un enfer" A mes conflits quotidiens avec ma belle-mère, s'ajoutent mes différents avec elle sur nos opinions politiques divergentes. Lorsqu'une discussion politique est entamée ma belle-mère âgée de plus de 56 ans ne se tait pas, elle prend la parole, analyse et commente, tel un specialiste de la politique au Moyen-Orient. Plusieurs fois nous nous querellons elle et moi sur des sujets épineux concernant le Hezbollah que j'admire et qui représente à mes yeux la résistance face aux collons juifs. Quant a elle, elle dit qu'elle a du sang bleu dans ses veines faisant référence au couleur du parti du "Future" de Saad Hariri, héritier de son pére, l'ex premier ministre, Rafic Hariri, assassiné le 14 février 2005. Sans scrupules, ma belle mére ose répéter souvent et à maintes reprises que c'était une grave erreur de la part des autorités libanaises de m'avoir accordé la nationalité libanaise. Elle affirme que c'est une bagatelle d'être naturalisée libanaise et que je vote contre le clan du Hariri. Elle m'ordonne souvent de ne pas divilguer à ses proches mes idées et non plus les noms des leaders politiques libanais que je soutiens ou que j'apprécies car c'est une trahison et une tare pour sa famille. "Nous sommes des Beyrouthins, donc nous soutenons Saad al-Hariri. Tu es Tunisienne, tu ne connais rien de ce que le Hezb nous a affligés. Que des guerres et du sang. Ras-le bol des guerres, on veut vivre, on veut respirer ! on veut récupérer Le Liban, la "Suisse des Arabes" !!!" Elle va encore plus loin en me traitant de "déloyale" et "surnoise" puisqu'elle voit en moi une alliée à un clan qu'elle a appris à hair, car selon elle, après les événements du 7 Mai 2008, le Hezbollah n'est qu'une milice terroriste supplétive de l'Iran et de la Syrie et qui a saccagé le coeur de Beyrouth l'an dernier et utilisé les armes dans le but de changer les équilibres de force. Sa rage a doublé lorsqu'un jour, je lui ai clairement avoué que je voterai pour les candidats de l'opposition. Pour utiliser ses expressions, elle dit : "je ne comprends pas ton imprégnation politique "aveugle" à la confession chiite. Moi, j'ai toujours répondu : ce qui influe mon vote n'est pas la confession de ce candidat ou la religion de l'autre, mais plutôt des convictions enracinées. Malgré la guerre menée contre lui (des accusations affligées par le journal allemand Der Spiegel au démentalement du réseau d'espionnage du Mossad). Le Hezbollah reste à mes yeux la fierté de ce pays. C'est grâce à ses combattants et à ses martyrs qu'on a pu chasser Israël du Sud du Liban. Israël restera toujours une menace pour l'ensemble de la région. Ce qui justifie l'omniprésence d'une force de résistance. Voilà un aperçu d'un genre de soirées moroses en companie de ma belle-mère qui ne peut pas se retenir de commenter un journal télévisé surtout depuis quelques semaines où le tapage politique bat son plein. Elle a toujours son mot à dire, pour critiquer une déclaration ou un reportage concernant un député de la majorité ou de l'opposition. Notre engouement respectif a souvent eu des répercussions sur mon couple. En effet, mon mari n'a jamais apprécié que je prône comme couleurs d'un parti autre que les siennes. Il devient coléreux quand il m'entend parler avec sa mère. Lui, et sa mère d'ailleurs soutiennent le même discours. Il est pro-Hariri et je le rends fou en lui rappelant qu'il n'a pas le choix puisqu'il se sent redevable envers lui. Hariri puisque c'est ce dernier qui avait financé ses études universitaires comme d'ailleurs pleins de jeunes étudiants grâce à la "Fondation Hariri"