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Les bonnes notes et le classement d'abord ; la formation ? On s'en fout !
La fièvre de la semaine « post-bloquée »
Publié dans Le Temps le 15 - 03 - 2007

On les voit partout dans la cour, dans les salles de classe, dans le train, dans le bus et à la maison, faisant et refaisant leurs comptes et l'on peut remarquer leur joie ou leur malaise selon que le résultat affiché par la calculatrice est bon ou mauvais.
Les uns sont satisfaits, les autres sont déçus, d'autres encore vont jusqu'à discuter leur note avec le professeur dans l'espoir de grignoter encore quelques quarts de points. C'est alors qu'à cette occasion certains professeurs sont taxés de sévères et d'incompréhensifs, d'autres sont plutôt qualifiés de tolérants et de paternels. Mais à quoi est due cette effervescence qui gagne nos établissements scolaires chaque fin de trimestre ? L'évaluation chiffrée est-elle à l'origine de cette atmosphère nerveuse qui règne sur les rapports parents/élèves/professeurs ? Peut-on voir naître un jour une école où les notes obtenues par l'élève ne seront plus basées uniquement sur l'évaluation des connaissances ?
C'est que l'importance qu'on accorde, à tort ou à raison, aux notes dans notre société, prend des proportions alarmantes, chez l'élève comme chez ses parents ; si bien que la note obtenue, qu'elle soit bonne, moyenne ou mauvaise, pourrait déterminer la nature des futures relations entre parents et enfants. Souvent, une mauvaise moyenne trimestrielle risque de bouleverser des projets de vacances tant attendus. Les notes scolaires, ainsi conçues, sont une source de bonheur ou de malheur pour l'élève qui, s'il est bon, travaille d'arrache-pied pour exceller et faire de plus en plus plaisir à ses parents et, si au contraire, il est médiocre, il fait de son mieux, usant de tous les moyens, même illicites, (les délits de fraude et de tentative de fraude sont très courants dans nos écoles) pour arracher la moyenne et ainsi échapper aux reproches des parents. De même, la plupart de nos élèves semblent malheureusement se préoccuper des notes plus que de la formation, de telle sorte que l'intérêt matériel le remporte souvent sur l'intérêt intellectuel. Les bonnes notes et le classement d'abord, le reste importe peu, tant que, dans notre système, tout dépend des notes et des moyennes : passage de classe, concours, accès aux écoles pilotes, orientation...
Si l'élève aspire à améliorer ses notes, c'est surtout par crainte de ne pas satisfaire un désir parental et de ne pas être à la hauteur. En d'autres termes, la note n'est plus considérée aux yeux de certains élèves comme étant l'évaluation de l'effort fourni, mais plutôt un indicateur du degré d'entente entre parents et enfants.
Il n'est pas donc surprenant de remarquer l'affluence de certains parents au cours de cette semaine devant l'Administration et la salle des professeurs pour faire part de leurs doléances sur les résultats de leurs enfants. On voit surtout la présence massive des parents d'élèves du baccalauréat (surtout ceux qui ont raté le premier trimestre), venus pour « discuter » les notes avec tel ou tel enseignant afin de mieux profiter de la fameuse intégration des 25% de la moyenne annuelle. Il va sans dire que ces mauvais agissements qui semblent satisfaire certains parents ne pourraient que nuire au rendement pédagogique de leurs enfants. De même, les parents dont les enfants sont en 7è année de base ou en 1ère année secondaire ne manquent pas au rendez-vous ; ceux-ci s'inquiètent en remarquant une chute importante dans les notes de leurs enfants comparées à celles obtenues précédemment. Cette baisse est due essentiellement à la transition école/collège et collège/lycée qui ne s'effectue pas sans difficulté pour les élèves de ces classes. En effet, ces élèves sont affrontés à un nouveau contexte scolaire, à de nouvelles matières véhiculées en français (au lycée) alors qu'elles étaient enseignées en arabe (à l'école de base) ; ajoutons à cela les méthodes de travail qui diffèrent d'un enseignant à l'autre. Tous ces changements influent forcément, d'une manière ou d'une autre, sur le résultat scolaire des élèves qui trouvent souvent des difficultés énormes pour s'adapter aux nouvelles conditions d'études. Alors, certains parents, mécontents de la note obtenue par leur enfant, viennent protester auprès des enseignants, prétextant que leur enfant a rendu une bonne copie et, par conséquent, ils en réclament une justification. D'autres prétendent que la note attribuée au devoir de synthèse à leur enfant ne correspond pas à celle obtenue au premier trimestre ou même l'année précédente. D'autres encore vont jusqu'à comparer le devoir de leur enfant à celui d'un camarade de la même classe et viennent, preuve à l'appui, exiger une explication de la part de l'enseignant concerné ; ces mêmes parents osent demander parfois une double correction, ne sachant pas qu'il n'existe pas chez nous de procédures autorisant une nouvelle correction des copies d'examen. Il faut signaler ici que bon nombre de parents ignorent encore que la note attribuée à l'élève est soumise à des critères d'évaluation et à un barème de notation dûment établis d'avance et scrupuleusement appliqués et que l'octroi de la note relève essentiellement de la compétence autonome du professeur.
Toutefois, une telle attitude de la part de certains parents, soucieux de l'avenir de leurs enfants, est excusable et compréhensible car il faut imaginer l'incidence de la baisse des notes sur la motivation des élèves et sur leur sentiment et surtout sur leur propre image au sein de l'école et aux yeux de leur entourage. Imaginez aussi la déception des parents qui ont dû investir un budget important dans les cours particuliers.
C'est dire que l'évaluation chiffrée (invention du XXe siècle) est déjà ancrée dans notre société et qu'il est très difficile de s'en passer malgré qu'elle présente certains aspects négatifs. Cette méthode vise, en effet, qu'on le veuille ou non, à hiérarchiser et à différencier entre les élèves dont la majorité sont victimes de cette sélection scolaire. Mais qui dit que cette méthode sélective n'est pas à l'origine de la fameuse évaluation chiffrée ? C'est en fait une relation de cause à effet. Cette corrélation nous rappelle la fameuse histoire de la poule et l'œuf : qui est venu le premier, la poule ou l'œuf ? Je vous renvoie à l'histoire de la note scolaire pour trouver la réponse à cette question !
De nos jours, il s'est avéré que ce jaugeage de l'élève n'est pas toujours précis car plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu lors de la correction des copies d'examen : il y a toujours le côté subjectif et humain (donc irrationnel) qui pourrait peser sur les appréciations et la décision finale du correcteur. C'est pourquoi dans certains pays on se lance sérieusement dans la recherche d'autres moyens plus efficaces et moins traumatisants pour les élèves. En France, pour ne citer qu'un seul exemple, le ministère de l'Education a récemment proposé d'introduire une nouvelle note baptisée « note de vie scolaire » qui doit prendre en considération, non seulement le niveau scientifique de l'élève, mais aussi tout ce qui le relie au milieu scolaire : le respect du règlement interne, l'assiduité, le degré d'intégration dans le groupe, la civilité, la participation aux différentes activités culturelles et sportives de l'école, et j'en passe.... C'est donc une tentative visant à faire de l'élève l'homme de demain capable d'affronter les obstacles et de relever les défis du siècle nouveau où l'on vit chaque jour des mutations tous azimuts. Sans doute, la formation académique demeure essentielle pour l'élève d'aujourd'hui, mais l'école se doit également de le doter d'autres moyens susceptibles de le prémunir contre les risques que la vie moderne pourrait entraîner ...En d'autres termes, en éducation, le savoir tout court ne suffit plus, il faut aussi le savoir-faire et le savoir-vivre, deux atouts essentiels dont un élève diplômé aura besoin pour garantir une bonne place dans ce monde en perpétuel changement. L'élève sera ainsi évalué non seulement sur ses performances en mathématiques ou en langues mais aussi sur ses capacités humaines et civiques, voire même sur ses valeurs universelles.
Va-t-on, un jour, voir une révision de l'évaluation chiffrée dans nos écoles ? Mais par quoi doit-on la remplacer ? That's the question ! De toute façon, un grand débat relatif à sa suppression ou du moins à son remaniement est d'ores et déjà lancé un peu partout dans le monde (au Canada, en France...). Peut-être le verrons-nous bientôt, ce débat, en Tunisie, pays ouvert à toutes les bonnes initiatives.


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