Ce n'est ni un opposant, ni un pourfendeur, mais un dignitaire du régime qui clame haut et fort que l'Iran est en crise. Hechmi Rafsandjani, ancien président et aujourd'hui à la tête d'un Conseil de l'Assemblée des Experts et d'un conseil chargé d'arbitrer des litiges entre le Parlement et le conseil des gardiens de la Révolution sort de son mutisme pour désigner le mal par son nom. Car l'Iran est bel et bien en crise, sinon la plus grave depuis l'instauration de la République islamique en 1979. Même si les autorités imputent les derniers évènements à une conspiration étrangère, l'ampleur de la contestation révèle la fissure entre le peuple et ses dirigeants et présage de hautes turbulences durant le deuxième mandat du président Ahmadinejad. Avides de changement, les Iraniens réclament une ouverture politique et une justice sociale plus équitable. Mais le Président réélu peut-il se le permettre dans un pays où le pouvoir est concentré entre les mains du guide suprême et où la crise économique frappe de plein fouet? En période de vaches maigres, les déficits budgétaires s'aggravent, l'inflation et le chômage montent. La récession se fait ressentir par une population qui n'accepterait plus de mesures impopulaires au risque de descendre dans la rue pour de nouvelles émeutes aux conséquences incontrôlables.