Le Temps-Agences - Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a entamé hier sa première tournée au Proche-Orient par une visite surprise à Bagdad, où il a été accueilli par un tir de mortier qui a brièvement interrompu sa conférence de presse. Ban Ki-moon et le Premier ministre Nouri Al-Maliki répondaient aux questions des journalistes, quand une forte explosion a retenti. Ban Ki-moon a tremblé, tandis que M. Maliki est resté de marbre, répondant à une ultime question après un flottement de plusieurs minutes, avant de clore la conférence de presse. Une importante colonne de fumée était visible au-dessus de la Zone verte, le secteur ultrafortifié de Bagdad qui abrite les institutions irakiennes et l'ambassade américaine, et où se tenait la conférence de presse. Les services de sécurité n'étaient pas en mesure de préciser s'il y avait des victimes. Cette attaque symbolique constitue un vibrant rappel de la situation en Irak, confrontée à une insurrection et à des violences confessionnelles sanglantes, quatre ans après l'invasion du pays. Ban Ki-moon est arrivé hier à Bagdad pour une visite surprise, dans le cadre de la tournée de 10 jours au Proche-Orient, où il doit notamment rencontrer au Caire aujourd'hui et demain le président égyptien Hosni Moubarak et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa. Il doit ensuite se rendre dans les territoires occupés, en Israël, en Jordanie, en Arabie saoudite et au Liban. Il s'agit de la première visite de Ban Ki-moon au Proche-Orient depuis sa prise de fonctions en janvier. La dernière visite d'un secrétaire général des Nations Unies en Irak remonte à novembre 2005, lorsque le prédécesseur de Ban Ki-moon, Kofi Annan, s'était rendu à Bagdad. Par ailleurs, l'armée américaine a annoncé hier l'arrestation de plusieurs personnes soupçonnées d'avoir participé à l'enlèvement et à l'assassinat de cinq soldats américains, en janvier à Kerbala, au sud de Bagdad, dont un ancien porte-parole de Moqtada Sadr. "Ces derniers jours, les forces de la Coalition ont capturé à Bassorah et Hilla Qais Khazali, son frère Laith Khazali et plusieurs membres de leur organisation, directement liée à l'enlèvement et au meurtre de cinq soldats américains à Kerbala en janvier", a annoncé l'armée. Les frères Khazali sont deux anciens cadres du courant du chef radical chiite Moqtada Sadr, vivement opposé à l'occupation américaine. Qais Khazali était l'un des porte-parole de Moqtada Sadr en août 2004, lorsque de violents combats ont opposé les miliciens sadristes de l'armée du Mahdi aux soldats américains. "Qais Khazali a quitté l'armée du Mahdi et dirige son propre groupe", ont assuré hier des responsables du courant Sadr qui ont requis l'anonymat, tout en ajoutant que selon des rumeurs, Qais Khazali aurait reçu le soutien de l'Iran. Le 20 janvier, un commando particulièrement bien renseigné et muni d'uniformes et de papiers d'identité américains avait mené un raid audacieux contre le centre de sécurité de la province de Kerbala, tuant un soldat américain et en enlevant quatre. Ils avaient été retrouvés assassinés dans la voiture de leurs ravisseurs qui avaient disparu. La précision de l'opération avait conduit de nombreux observateurs à évoquer l'implication des services secrets iraniens dans l'opération. Les violences se sont poursuivies en Irak où trois soldats américains ont été tués mercredi à Bagdad et dans la province d'al-Anbar, le foyer de l'insurrection sunnite en Irak.