Le Temps-Agences - Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a accueilli hier "à bras ouverts" la première délégation de haut niveau de l'Union européenne à se rendre dans le pays depuis sept ans, mais la question de l'abandon des sanctions visant le pays n'a pas été abordée. "Je pense que nous pouvons reconnaître que des progrès ont été accomplis, mais il y a toujours un certain nombre de problèmes en suspens et nous en avons discuté avec le président dans une ambiance très ouverte", a expliqué après la rencontre le commissaire européen au développement, Karel de Gucht, qui dirige la délégation. La réunion entre les deux parties "s'est bien déroulée", a déclaré le président zimbabwéen, selon lequel nombre de questions ont été posées sur l'accord sur le gouvernement d'union entre le parti de M. Mugabe et notamment celui de son Premier ministre Morgan Tsvangirai. "Nous avons établi un bon rapport, sans animosité. C'était une réunion très amicale", a-t-il ajouté. Pour autant, la question sensible des sanctions contre le Zimbabwe n'a pas été abordée, selon la ministre suédoise à la Coopération, Gunilla Carlsson, membre de la délégation, pour laquelle "l'heure n'est pas à la négociation". "Nous vous accueillons à bras ouverts. Nous espérons que nos discussions seront fructueuses et auront une conclusion positive", avait auparavant déclaré sur un ton jovial le président du Zimbabwe. Une déclaration qui tranche après la violente sortie de vendredi. Mugabe, 85 ans, avait alors dénoncé devant des militants les ingérences des "sales blancs" -Britanniques et Américains- dans les affaires du Zimbabwe. A l'issue de la rencontre, M. Mugabe s'en est encore pris à l'ancienne puissance coloniale britannique, coupable pour lui, des maux de son pays. "Ce sont ceux qui sont à l'origine de la détérioration de ces conditions qui doivent être tenus pour responsables. Je pense aux Britanniques d'abord et surtout", a-t-il clamé. L'Union européenne a envoyé une délégation de haut niveau dans ce pays d'Afrique Australe pour la première fois depuis l'imposition de ces sanctions en 2002, pour étudier l'éventuel déblocage de son aide au développement. Ces sanctions incluent un gel de l'aide européenne, hormis humanitaire et sociale directes à la population, et l'interdiction de présence sur le sol européen de Mugabe, son épouse Grace et leur entourage. Les dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC - 15 pays) réunis au sommet à Kinshasa avaient réclamé mardi la fin des sanctions, adoptées après nombre d'abus des droits de l'Homme, pour promouvoir les investissements. Mais le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a affirmé jeudi que l'Union n'y était "pas prête".