Le Temps-Agences - Les ravisseurs du coopérant humanitaire français enlevé la semaine dernière au Darfour ont réclamé une rançon d'un million de dollars que Khartoum s'est refusé à payer, ont déclaré hier un haut responsable de la sécurité et la Croix-Rouge. Gauthier Lefèvre, employé de la Croix-Rouge, a été enlevé jeudi dernier par des hommes armés au nord d'El Geneina, dans l'ouest du Soudan, non loin de la frontière tchadienne. "Les ravisseurs ont appelé les autorités gouvernementales la nuit dernière et ont demandé une rançon", a dit à Reuters un haut responsable du renseignement soudanais, précisant que le montant réclamé équivalait à un million de dollars. "Le gouvernement ne paiera aucune rançon", a-t-il ajouté sous le sceau de l'anonymat. La porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Tamara al Rifaï, a confirmé la demande de rançon. "Notre politique est de ne pas payer de rançon. Nous passons par nos voies normales de dialogue, de persuasion et de résolution pacifique d'une telle crise", a-t-elle dit. Dimanche, la Croix-Rouge a dit avoir pu lui parler et déclaré qu'il semblait en bonne santé. Il a été enlevé quelques jours après la libération de deux employées de l'ONG irlandaise Goal, retenues en otages pendant plus de trois mois. Un chef tribal a affirmé que leurs ravisseurs avaient reçu de l'argent, mais les autorités de Khartoum ont démenti. Les organisations humanitaires s'inquiètent des rumeurs de versement de rançons, d'autant que le Soudan ne parvient pas à arrêter les ravisseurs de ressortissants étrangers. Les enlèvements tendent à se multiplier dans l'ouest soudanais, où deux membres de la Minuad (Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour) sont toujours en captivité, deux mois après avoir été enlevés. "Si nous ne réussissons pas à les sortir de là par des moyens pacifiques, nous les en sortirons par la force", a dit le responsable soudanais du renseignement, évoquant le coopérant français et les deux employés de la Minuad. Il a souligné que les autorités connaissaient l'identité des ravisseurs et savaient où les trouver, ajoutant: "La priorité du gouvernement est, bien sûr, la sécurité des otages." L'année dernière, trois otages chinois avaient péri lors d'une tentative de les libérer par les armes.