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Cancer du côlon : tableau plutôt sombre
Dites-nous docteur
Publié dans Le Temps le 08 - 11 - 2009

Le professeur Ramzi Nouira décrit la pathologie, son environnement, le processus, la thérapie mais parle surtout de prévention c'est-à-dire de dépistage à temps.
L'augmentation de l'incidence du cancer colique pourrait être liée au vieillissement de la population, à un meilleur dépistage des sujets à haut risque, à une meilleure connaissance des symptômes par le public,
à une amélioration des moyens diagnostic ou encore à la modification de quelques facteurs environnementaux tels que l'alimentation.
Cette pathologie, demeure anormalement ignorée par le grand public. Pour nous parler de ce fléau en recrudescence soutenue, nous avons invité, pour vous dans notre rubrique hebdomadaire, le professeur agrégé Ramzi Nouira, du service de chirurgie B, de l'hôpital Charles Nicolle, dont les propos sont, on ne peut plus intéressants !

Le Temps : Quelle est, professeur, la population à risque ?
Pr, Ramzi Nouira : Dans environ 5 % des cas, le cancer colique survient dans un contexte de maladies héréditaires prédisposant au cancer colique. Les sujets de plus de 50 ans des deux sexes constituent la population à risque moyen. Le risque élevé concerne les parents au premier degré de sujets atteints d'un cancer colique, les sujets ayant un antécédent personnel ou familial de polype du côlon ou personnel de cancer colique, et les malades ayant des antécédents de maladie inflammatoire du côlon. Le risque est considéré très élevé dans les familles atteintes de cancers à transmission héréditaire. L'âge moyen de survenue d'un cancer colique en Tunisie est de 61,5 ans pour les hommes et de 59,2 ans chez les femmes. Mais le cancer colique n'atteint pas que des sujets âgés puisque plus de 10 % des patients ont un âge de moins de 40 ans. Cette incidence est moins importante en occident où les sujets de moins de 40 ans ne représentent que moins de 6 % de l'ensemble de la population des cancers coliques. L'incidence augmente ensuite rapidement avec l'âge. On note une légère prédominance masculine.

L'alimentation à l'occidentale mise en cause
D'après quelques études, certains spécialistes mettent en cause l'alimentation à l'occidentale. Qu'est-ce que vous en pensez?
-Le cancer du côlon est plus fréquent dans les gouvernorats de l'est tunisien donc les plus urbanisés. La variabilité d'incidence du cancer colique dans le temps et l'espace suggère une influence de facteurs environnementaux. La consommation de protéines apparaît liée à une augmentation du risque de cancer colique. Le rôle protecteur des fibres alimentaires a été soupçonné devant les différences géographiques observées dans l'épidémiologie du cancer colique. Toutes les études épidémiologiques ont montré des résultats en faveur d'un effet protecteur de la consommation de légumes. Ce rôle protecteur serait lié à leur teneur en vitamines et en fibres alimentaires. Les agrumes, les pommes, les melons, les crucifères (choux, brocolis), les légumes verts, consommés crus et les oignons sont les plus fréquemment cités. Une étude tunisienne à propos de l'évolution des apports alimentaires a révélé une augmentation des lipides polyinsaturés et des viandes avec une nette diminution de la proportion des fibres et des légumes frais dans notre alimentation. Ces particularités font rapprocher notre alimentation du modèle occidental. Cette variation dans notre modèle alimentaire explique en partie l'augmentation de l'incidence du cancer du côlon dans notre pays avec une incidence devenant de plus en plus proche de l'incidence observée dans les pays occidentaux et en particulier la France. Ceci est parfaitement illustré par la projection des incidences des cancers pour 2024, analysée dans le registre des cancers du Nord. Il ressort de cette projection que l'incidence standardisée des cancers du côlon en Tunisie serait de 30,58 nouveaux cas sur 100 000 habitants par an, alors qu'elle n'était que de 5 nouveaux cas sur 100 000 habitants par an en 2003. Cette augmentation de l'incidence ferait alors passer la Tunisie d'une zone de risque faible à une zone à haut risque de cancer colique à l'instar de l'Amérique du nord ou des pays de l'Europe de l'ouest comme la France.

Comment peut-on suspecter ou reconnaitre un cancer du colon ?
-Les symptômes du cancer du colon sont très banaux le plus souvent et ne poussent pas les patients à consulter dès leur apparition. Il peut s'agir de constipation ou de diarrhée évoluant depuis plus de quelques semaines voire quelques mois. Un amaigrissement associé à l'un de ces symptômes doit attirer l'attention. Le cancer du colon peut se manifester aussi par un signe qui, généralement, inquiète les patients, à savoir l'émission de sang noir ou rouge par l'anus. Malheureusement, ce saignement est le plus souvent mis sur le compte d'une maladie hémorroïdaire ou d'une fissure anale. Ces signes rassurent faussement le patient qui devrait consulter de façon impérative. Le médecin lui fera pratiquer une colonoscopie qui est un examen endoscopique réalisé par l'anus et qui permette d'explorer tout le côlon. C'est le seul examen qui permet d'éliminer de façon formelle l'existence d'un cancer du côlon. Dans le cas où une tumeur colique est découverte, il va falloir confirmer sa malignité en pratiquant des biopsies au cours de la colonoscopie. Une fois le diagnostic de cancer du côlon établi, un bilan sera fait pour évaluer le stade d'évolution ce qui permettra de planifier la stratégie thérapeutique vis-à-vis du cancer colique.

Comment traiter un cancer du côlon ?
-Ces dernières années ont marqué beaucoup de progrès, notamment avec l'avènement de nouvelles molécules de chimiothérapie très efficaces. Cependant, le traitement chirurgical reste la base du traitement du cancer colique. La chimiothérapie est un traitement d'appoint indispensable pour éradiquer les cellules cancéreuses inaccessibles au traitement chirurgical. Ce qui est important à savoir, est que l'association de ces deux traitements a permis de transformer une maladie connue comme étant mortelle en une maladie chronique. Dans les formes de cancer colique diagnostiquées à un stade avancé, la chimiothérapie peut donner quelques espoirs en réintégrant un certain nombre de patients dans le pool de patients candidats à un traitement chirurgical curatif notamment en cas de lésions tumorales à distance. La surveillance des patients traités pour un cancer colique est primordiale. La détection d'une récidive de la maladie ne constitue pas une fatalité puisque le patient peut encore bénéficier d'une intervention chirurgicale et ou d'une chimiothérapie dans une option curative

Comment s'opère le dépister ?
-Le meilleur traitement du cancer du côlon reste la prévention. Le cancer du côlon se développe habituellement sur une lésion préexistante évoluant souvent depuis plusieurs années, ce qui le rend théoriquement accessible à une stratégie de prévention efficace. La prévention s'adresse essentiellement aux populations à risque plus haut citées. Les méthodes de dépistage sont nombreuses. La moins coûteuse est la recherche de sang dans les selles ou encore appelée l'hémocult. Elle est destinée pour un dépistage de masse. Le meilleur moyen de dépistage est la réalisation d'une colonoscopie. Mais c'est un examen invasif et plus coûteux. Pour les populations à haut risque, la réalisation de la colonoscopie est impérative.

Quel pronostic pour le cancer du côlon ?
-En dépit des progrès réalisés dans son dépistage et dans sa prise en charge thérapeutique, le pronostic du cancer du côlon reste sombre en Tunisie avec une survie à 5 ans proche de 40 %. Ce pronostic sombre est dû en grande partie à un diagnostic tardif. En effet le cancer colique est diagnostiqué en Tunisie dans 30% des cas au stade de complications et dans 30% des cas au stade de localisations à distance c'est à dire des métastases. L'amélioration de ce pronostic passe par un diagnostic plus précoce. Pour cela, une sensibilisation de la population est nécessaire pour l'inciter à consulter devant tout saignement par l'anus ou encore devant tout trouble de transit qui se prolonge. Il est recommandé de pratiquer une colonoscopie à partir de 50 ans et surtout lorsque les symptômes persistants.
Interview réalisée par Mohamed Ali Ezzine


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