Décidément le régime d'études appelé LMD ne fait pas toujours l'unanimité chez nous et dans plusieurs autres pays maghrébins et européens. Lors du séminaire organisé hier par la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS), les invités venant d'Algérie, du Maroc et de France ont tenté d'évaluer l'expérience du système LMD dans leurs pays respectifs. D'après les exposés présentés, l'application du nouveau régime pose également problème chez eux. La rencontre débuta par l'allocution du doyen de la faculté de droit où s'est déroulé le séminaire. Cette première intervention mit l'accent sur la nécessité de composer avec le nouveau système, déjà mis en place, tout en veillant à remédier aux lacunes qu'il trahit sans que cela ne porte préjudice à la formation de nos étudiants ni à leur avenir. Ensuite et après la présentation des trois invités du séminaire, Ahmed Dhouibi (membre de la FGESRS) présenta et commenta les résultats d'une enquête menée auprès de 400 universitaires sur la réforme de l'enseignement supérieur et plus particulièrement sur le régime LMD.
Un grand déficit d'information La première constatation que l'on pouvait faire à la lumière des statistiques établies par cette enquête, c'est qu'à travers leurs réponses aux questionnaires, la plupart des professeurs interrogés paraissaient très mal informés, sinon pas informés du tout, sur les modalités pratiques de l'application de la réforme et sur bien d'autres aspects du nouveau régime d'études. Même parmi les enseignants qui appartiennent à une structure universitaire représentative (conseil scientifique, syndicat, direction de département etc.), la connaissance des détails de la réforme est très insuffisante. Il ressort aussi de l'enquête que les enseignants qui accordent un préjugé favorable à cette réforme représentent une minorité. D'ailleurs à la question « Quels sont les points de fragilité du LMD ? », beaucoup ont répondu que c'est « la faible adhésion du corps enseignant ». D'autres ont mis en avant « la déformation de l'esprit original du système », ou « la faible articulation avec l'environnement économique », ou encore la constitution très discutable des commissions chargées de l'étude et de la mise en place de la réforme. On considère par ailleurs que les nouveaux programmes ne sont pas tellement innovants par rapport aux anciens. Au sujet du système d'évaluation tel que le préconise la réforme, les enseignants trouvent qu'il ne profite qu'aux étudiants.
Implications scientifiques et financières Sur ce point précis, le syndicat de l'enseignement supérieur souligne les charges supplémentaires contraignantes que la réforme induit et en appelle au ministère pour rétribuer conséquemment les efforts qu'imposent ces nouvelles tâches. On déplore aussi que le souci de l'employabilité et de la professionnalisation tende désormais à primer au détriment d'une bonne formation fondamentale des diplômés. D'autres inquiétudes furent exprimées lors de ce séminaire. Elles ont trait principalement à la bonne gouvernance du nouveau système et à ses implications sur les programmes d'enseignement ainsi que sur le statut des enseignants universitaires. En ce qui concerne les interventions des invités étrangers, elles devaient, en plus de l'éclairage qu'elles étaient censées apporter sur l'application du LMD sous d'autres cieux, permettre d'approfondir la réflexion sur les alternatives possibles en vue d'un réajustement rationnel et efficace de la démarche consacrée dans notre pays. Badreddine BEN HENDA ------------------------------------------- Les « à-côté » du séminaire *La séance matinale a commencé plus tard que prévu (à 10 heures au lieu de 9 heures). On distribua à toute l'assistance le programme de la journée, une copie des résultats de l'enquête menée auprès des professeurs et le numéro de juin 2009 du bulletin interne de la FGESRS « L'universitaire ». *Le séminaire s'est tenu dans la grande salle des conférences de la Faculté de droit qui accueillit hier près d'une centaine de personnes pour la plupart des enseignants du supérieur. L'enseignement secondaire et l'enseignement de base étaient représentés par des membres de leurs syndicats respectifs. D'autres représentants syndicaux ont assisté aux travaux ainsi que quelques représentants de partis politiques et d'associations. *Les invités étrangers sont Mme Nabila Manib du SNESUP marocain, Abdelmalek Rahmani, secrétaire général du syndicat de l'enseignement supérieur (CNES) d'Algérie et Jacques Degouys du SNESUP français. Sami Aouadi représentait pour sa part la partie tunisienne et l'UGTT. Remarquons au passage qu'aucun membre du bureau exécutif de la Centrale syndicale n'assista à ce séminaire. C'est donc M.Aouadi qui prit la parole le premier pour présenter ses invités et c'est encore lui qui lut la dernière communication. Son intervention devait tirer les principales conclusions de l'enquête préliminaire sur le LMD et proposer des solutions pour une meilleure application de ce régime d'études.