Deux amis avaient passé un après-midi ensemble autour de quelques bouteilles de vin. A la fin de la beuverie, ils ont pris le chemin du retour. Jusque-là rien de grave. Mais voilà qu'à un certain moment, l'alcool aidant, ils ont commencé à échanger entre eux quelques tapes, puis ramassant quelques pierres de petite taille ils échangèrent de coups. Trois jeunes filles passaient par là et l'une d'elles reçut sur la tête une pierre. Un certain M suivait les filles quand il y a eu ce petit incident. Un incident banal puisque l'agresseur est venu présenter des excuses aux trois filles. M. est un commerçant habitant et travaillant dans le quartier de Halfaouine. Il demeure tous les soirs dans sa boutique jusqu'à une heure tardive pendant la saison estivale. Ce jour-là, il rodait dans le quartier. Vers 20H30, il croisa de nouveau les deux amis qui continuaient à s'amuser. S'ensuit une altercation. M fit sortir un couteau et asséna des coups à B, celui qui a importuné les filles. Il l'a laissé par terre gisant dans une mare de sang. Un habitant du quartier, qui connaissait la victime s'est empressé de conduire le blessé à l'hôpital où il reçut les soins nécessaires et y resta interné sous observation pendant cinq jours. Le témoin qui a acheminé la victime à l'hôpital a affirmé n'avoir pas vu l'agresseur. C'est par oui dire qu'il a su qu'il s'appelait M. M a été arrêté et inculpé de tentative de meurtre. Il a été traduit devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis à l'effet d'y être jugé pour le délit commis. Interrogé par le juge, il a confirmé ses déclarations faites auprès du juge d'instruction. Il a déclaré n'avoir jamais agressé B et qu'il y a erreur sur sa personne. L'avocat de la défense s'est posé beaucoup de questions au sujet de l'inculpation de son client. A part la déclaration de S, compagnon de la victime, il n'y a aucun autre témoignage accablant son client. Comment prouver que l'inculpé était présent sur les lieux au moment de l'agression ? Au départ de l'enquête les doutes ont pesé sur le compagnon de la victime. Qu'est ce qui pourrait prouver que ce n'est pas lui qui a porté les coups de couteau. Pour conclure, l'avocat s'est basé sur le contenu du certificat médical délivré par les médecins de l'hôpital ayant traité la victime. Aucune indication sur les coups assénés, la profondeur des blessures, le nombre. La conclusion que l'avocat après lecture du certificat médical est qu'il s'agit de simples égratignures pouvant provoquer des blessures superficielles et dans ce cas, il n'y a pas matière à inculpation de tentative de meurtre. Pour toutes les raisons indiquées, l'avocat a demandé le classement de l'affaire et l'acquittement de son client Après les délibérations l'accusé a été déclaré coupable et condamné à 12 ans de prison ferme.