Savez-vous que, avant qu'il ne soit officiellement instauré en 1967, avec ceux de Carthage et de Hammamet, le Festival International du Sahara de Douz, s'appelait tout simplement " Aïd Ejjmel " (la fête du dromadaire) et que de mémoire de vieux bédouin, la première " session " eut lieu en 1970, faisant de cette manifestation culturelle l'une des plus anciennes du pays. La date et l'ossature des spectacles sont demeurées les mêmes parce que liées à des données immuables : le retour des Nomades à Douz, vers le mois de décembre, pour la récolte des dattes et - drôle de hasard naturel - cette période correspond à la saison des amours, chez les dromadaires d'où les combats entre les mâles en rût qui est la scène- clef du Festival (Place Hennich). Ce qui est à signaler pour la session 2009 inaugurée par le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, c'est le ras-de-marée imparable des visiteurs tunisiens. D'où encombrement des hôtels et quelques scènes de désordre vite oubliées, emportées qu'elles furent par l'engouement des dizaines de milliers de spectateurs, pour la reine des arènes, celle de Hennich, qui est la colonne vertébrale de cette manifestation et qui - même si elle présente toujours les mêmes scènes de la vie des Nomades (mariage traditionnel, combat de dromadaires mâles, marathon des méharis, scènes de cavalerie, chasse au sloughi etc...) - n'en demeure pas moins l'un de ses panages obligés et divertissants. Les spectacles de la place Hennich, sont organisés et présentés par l'Association de Douz pour le Théâtre et celle de Bezma pour le Patrimoine et la Culture, coordonnés par l'homme de théâtre, Mansour Sghaïer. Il y eut quelque 100.000 spectateurs, quotidiennement dans cet espace de 11 hectares, lors de cette 42ème session, clôturée par le ministre du Tourisme.
" Le palmier et la tente dans le dialogue des civilisations " L'autre station-clef, c'est le colloque organisé par " La Chaire Ben Ali pour le dialogue entre les civilisations et les religions ", en collaboration avec le soutien de l'ALESCO. " Le palmier et la tente dans le dialogue des civilisations, le développement du tourisme et de l'artisanat ; tels furent les principaux thèmes de cette rencontre, dirigée par Mohamed H'sine Fantar. Les autres spectacles qui méritent d'être signalés, les soirées de Belgacem Bouguinna et du chaut bédouin auxquelles ont participé des artistes (hommes et femmes) venus des zones rurales de Sfax, Tataouine, du Sahel etc... Signalons aussi la présence de six troupes d'art populaire de la Haute Egypte, de l'Algérie, de la Libye, et de... Grenoble. La Foire de l'Artisanat, organisée en collaboration de l'Office National, avec la participation de tous les gouvernorats de la Tunisie, ont remporté un grand succès auprès de visiteurs solitaires mais surtout en famille. Signalons aussi, la maigre présence, cette année, des visiteurs étrangers.
" La femme dans la vie des Nomades " La poésie fut, bien sûr, de la fête avec la compétition des aînés autour du thème " La femme dans la vie des Nomades ". 50 parmi les meilleurs poètes populaires rassemblés dans cette ville qui est considérée comme le passage " hautement " obligé en la matière. Les jeunes poètes (moins de 30 ans) ont traité du thème de la " Fouroussia ". Session réussie ? Comme toujours, disons-nous ! Mais encore ? Reste à savoir que - même en gardant ce côté " originel " qui fait son charme - Le Festival International du Sahara de Douz, ne gagnerait-il pas à innover dans d'autres secteurs, comme il l'a fait auparavant, avec les Arts plastiques ? Il faudrait aussi que la région se préparent plus sérieusement à accueillir le flot humain qui ira en augmentant de puissance, les prochaines années. Du moins, on l'espère. Cela, en adaptant (par exemple) des tentes comme " hôtels et restaurants " traditionnels, plantées au sein d'une sorte de camping. Chose qui atténuera les problèmes du surbooking et qui attirera sûrement plus de visiteurs puisque cela ne sera pas sans charme. 2010, verra le centenaire " supposé " de cette manifestation dont les fondements sont solidement et définitivement fixés. Nous sommes en droit de nous attendre à un grand " boom " d'excellence. Commençons par croiser les doigts !