Chaque année à la même période, la ville de Douz, dans le gouvernorat de Kébili, profite de son appellation de «Porte du Sahara» pour se parer et être la reine des sables. Son festival international célèbre sa 43e édition entre le 23 et le 26 décembre, mais sa tradition, elle, remonte à 1910. Nombreux sont les Tunisiens et les touristes qui viennent pendant ces quelques jours se ressourcer entre la beauté des paysages de Douz et le programme que propose son festival. Les palmiers ne sont pas, en effet, les seuls témoins de la vie et de la culture sahariennes. Douz devient, pendant le festival international du Sahara, une grande attraction. Plus même. C'est, comme l'a souligné M. Slim Tlatli, le ministre du Tourisme, qui a inauguré le festival jeudi dernier, «une manifestation qui contribue non seulement à diminuer la saisonnalité aiguë de notre tourisme, mais aussi à mettre la culture à son service. Etant basé sur l'animation, le festival répond aux attentes d'une catégorie de touristes de plus en plus avide de découverte et d'exploration». Comme son nom l'indique, le festival de Douz se veut le reflet authentique de tout ce qui concerne la vie dans le Sahara. Cette étendue de sable n'admet pas de frontières matérielles, d'où la vocation internationale de la manifestation. On vient du Maghreb comme du Machreq représenter les couleurs de son Sahara et connaître d'autres types de folklore, qu'ils soient sahariens ou non. Ce sont, d'ailleurs, les troupes d'arts populaires qui ont lancé les festivités en plein centre-ville de Douz, sous forme d'une parade où l'on a pu voir les danseurs tunisiens se mêler à d'autres venant de Libye, d'Egypte et même de Russie. Au même moment, il était possible de découvrir l'activité commerciale du marché hebdomadaire. Un peu plus loin, l'exposition annuelle d'artisanat présente des œuvres qui viennent de tout le pays. Des spécialités entre autres de cuir, de bijouterie et de tissage. Passage obligé, le musée du Sahara de Douz, pour visiter, en premier lieu, l'exposition photographique «La mémoire du festival». Elle consiste en des clichés rares, en noir et blanc, datant des débuts du festival, jusque la transition aux couleurs et aux dernières éditions. A côté de cette exposition, les visiteurs peuvent découvrir la foire du livre de la maison d'édition Sahar pour les connaissances. Ils sont surtout les invités du «Douar saharien», un campement de tentes installé sur place, qui incarne le quotidien de la vie bédouine. A la maison de la culture de la ville, qui porte le nom de M'hamed Marzougui, des artistes tunisiens et étrangers exposent leurs peintures. Il y a même un atelier de calligraphie pour les enfants, animé par l'artiste marocain Karim Jaâfar. En fait, la maison de la culture accueille un volet important de l'activité du festival, dont la compétition de poésie populaire. Le thème en est cette année «Les jeunes et l'enracinement des valeurs nationales». Les participants sont au nombre de 22, sélectionnés parmi 46 poètes venus chanter les louanges de leurs pays et de la Tunisie. Qu'ils soient de Jordanie, du Bahreïn, de Libye, d'Algérie, du Koweït ou d'Arabie Saoudite, ils seront appréciés par un jury tunisien composé de Hsan Mbarek, Jamel Sliî et Ibrahim Berrahal. Et que le meilleur gagne ! La grande attraction L'ouverture du Festival international du Sahara de Douz ne se fait jamais sans la grande animation de la place Hnich, à laquelle prennent part toutes les troupes locales et étrangères. La nouveauté est que, cette année, le spectacle a été conçu et exécuté selon une mise en scène imaginée par l'artiste Slah Souiï. «Les caravanes de la mémoire» a, pour une fois, permis aux parades des cavaliers et des troupes folkloriques, aux courses de méharis, aux tableaux de chasse au lévrier, de combat de dromadaire et de mariage traditionnel d'avoir lieu comme une suite scénarisée, dont les textes, des poèmes, sont signés Jamel Sliî. Ils retracent avec beaucoup d'émotion et de beauté les spécificités de la vie des habitants du Sahara, dans leurs joies comme dans leurs peines. On y évoque l'eau, source principale de vie, faisant des bédouins des nomades parcourant le désert à sa recherche. On y aborde également des valeurs comme l'amour et le sacrifice pour la mère patrie, mais aussi l'espoir, porté par des enfants tenant entre leurs mains l'arme de la connaissance. Avec leurs tableaux et leurs habits typiques, les 1.500 participants à ce spectacle ont offert au public un moment haut en couleur. Cette ouverture s'est terminée par une soirée musicale intitulée «L'étoile», animée par Ridha Abdelatif et sa troupe et mise en scène par Faïçal Bettaher. Une sorte de veillée sous tente où la musique et la poésie populaires on fait bon ménage. Le programme de la première journée a été, en fait, un concentré de celui des journées qui allaient suivre, avec expositions, compétitions et animation de rue, relevant le Sahara comme principal mot d'ordre.