Le jour où la jeune fille a rencontré son prince charmant, ce fut indéniablement le plus beau moment de sa vie. Oubliés dès lors tous ses déboires et tout ce qu'elle avait enduré jusque-là ; il n'y avait plus de place que pour la joie et le bonheur. Pour les rêves, également. Il faut dire que la vie n'a pas du tout été tendre avec elle, loin de là. Avec la perte de sa mère, pour commencer, alors qu'elle avait à peine neuf ans. Certes, son père aura été constamment aux petits soins envers elle, ne la laissant manquer pratiquement de rien, mais cette sollicitude constante du paternel, ainsi que de certains autres membres de la famille, ne pouvait aucunement compenser l'absence d'une tendresse maternelle souvent plus nécessaire que tout autre chose au monde, essentiellement pour une fille. Elle a pu malgré tout mener sa barque au gré des vagues, se faire en tout cas une situation et décrocher un quelconque boulot. Seul hic, elle avait toujours l'impression d'être "boudée" par les hommes, d'autant qu'à plus de trente ans elle n'a jamais eu la moindre aventure. Ce qui explique que lorsqu'elle a rencontré ce jeune homme charmant lui portant de l'intérêt, la jeune fille s'est sentie revivre. Les événements vont d'ailleurs se précipiter, dans la mesure où le soupirant aurait montré un sérieux exemplaire, s'empressant en effet de demander sa main, donnant ainsi un caractère officiel à leurs relations. Depuis, leurs sorties sont devenues si fréquentes, à l'instar de tous les fiancés. Il ne manquait d'ailleurs pas de la choyer, de la dorloter même. Bref, ils étaient apparemment en harmonie parfaite, n'attendant plus désormais que l'instant de convoler en justes noces. Ils n'ont pas tardé à débattre de ce sujet à plusieurs reprises, mais le jeune homme se montrait à chaque fois évasif, sinon même gêné, renvoyant l'échéance à plus tard. La pression montait cependant du côté de la fille, elle-même pressée constamment par les siens. Finalement, elle est parvenue à le convaincre de hâter un peu plus les préparatifs, lui annonçant qu'elle était même disposée à lui venir en aide pour apporter les réaménagements nécessaires à la demeure qui allait les accueillir. Sautant sur l'occasion, le Jules lui a soutiré la somme de quinze mille (15.000) dinars, quelques semaines seulement avant la date fixée pour leurs noces. Mais depuis ce jour-là, ses visites sont devenues si rares que la jeune fille eut des doutes et le mauvais pressentiment que son futur conjoint la fuyait désormais délibérément, retombant ainsi dans les travers de cette solitude "sentimentale" cruelle qu'elle vivait il n'y a pas longtemps. Mais il fallait qu'elle sache de quoi il s'en retournait exactement, d'avoir le cœur net. Or, le futur mari était quasiment introuvable. Elle a beau multiplier les appels, il ne répondait pas. Mais tenace, elle a continué à le harceler, jusqu'au jour où elle eut une femme à l'autre bout du fil, celle-ci lui annonçant d'ailleurs sans ambages, ni de gêne qu'elle était sa femme. L'épouse du mari qu'elle attendait pour sceller officiellement leur union ! En désespoir de cause, elle est allée à son bureau lui demander de la rembourser, de lui rendre son argent qu'elle lui a avancé afin d'apporter les correctifs nécessaires...à leur nid d'amour ! Mais contre toute attente, le bonhomme allait tout nier, allant jusqu'à l'agresser en pleine rue, avant de la congédier durement. C'est alors qu'elle s'est empressée de porter plainte à son encontre, l'accusant d'escroquerie...