Selon des sources officieuses mais concordantes, le nombre d'habitants des Iles kerkennah, serait à un ou deux milliers près, le même, à la fin du 19ème siècle qu'en 2006, c'est-à-dire, plus d'un siècle après. L'exode de la population en serait la cause. Le nombre annuel des nouveaux migrants insulaires est estimé à environ 500 ou 600 personnes. Mais le problème, c'est que le phénomène chronique de dépopulation est appelé à gagner en acuité et en conséquences de toutes sortes, une fois l'œuvre de revalorisation menée à terme. Même si le mouvement d'exode n'est pas une caractéristique kerkenienne, il n'en demeure pas moins, que c'est un phénomène qui a ses traits particuliers dans la mesure où il se dédouble en migration ordinaire, motivée par la recherche d'opportunités d'emploi ou d'amélioration des conditions de vie, et en migration particulière des familles des nouveaux bacheliers. Rappelons en effet, qu'avant 1968, les élèves admis au concours de 6ème devaient poursuivre leur scolarité dans les établissements secondaires de Mahrès, Jébéniana ou Sfax. L'ouverture du Lycée Farhat Hached a donc été accueillie avec un grand soulagement et beaucoup de joie. Mais sept ans après, c'est-à-dire avec la première promotion de bacheliers, de nouveaux tracas ont ressurgi pour les parents. La plupart des familles, déjà plus ou moins tentées pour ne pas dire hantées par l'émigration vers le continent, trouvent le prétexte opportun pour quitter l'archipel et s'installer ailleurs, c'est-à-dire là où se trouve l'institution d'enseignement secondaire dans laquelle est inscrit leur enfant. C'est ainsi qu'à la lumière des effectifs moyens de 150 de nouveaux élèves admis chaque année au baccalauréat, l'on pourrait estimer le nombre annuel des nouveaux migrants insulaires à environ 500 ou 600 personnes y compris bien sûr les enfants inscrits dans les écoles primaires, les collèges et les établissements secondaires. Conséquences : abandon des domiciles et surtout du patrimoine agricole, mais en même temps, accentuation du phénomène de dépeuplement des Iles, à telle enseigne que la réduction des effectifs a amené à la fermeture de deux écoles primaires, à Kellabine et à Charki. Les élèves de la localité d'El Abassia qui fréquentaient l'école sise à Kellabine, se trouvent par la force des choses contraints de changer de cap vers l'école de Ramla, distante, nous dit-on, de quatre kilomètres qu'ils parcourent quotidiennement à pied. C'est la raison pour laquelle les Kerkenniens sollicitent la création d'un noyau d'enseignement supérieur avec des filières spécialisées dans des domaines spécifiques à l'archipel : les sciences de la mer, la pêche, l'agriculture et le tourisme, d'autant plus que le projet de création à Sidi Founkhal, d'une zone dédiée à l'écotourisme, est à un état d'avancement notable, et que la zone touristique de Sidi Frej est déjà forte de cinq unités hôtelières. Le noyau d'institutions d'études supérieures aura certainement le triple effet de débarrasser les kerkenniens du souci d'accompagner leurs enfants, de réduire leur exode vers le continent et par là-même de stabiliser la population. Il est important de savoir à ce propos, que le phénomène chronique de dépeuplement risquerait d'engendrer de nouveaux problèmes de main-d'œuvre, voire même de personnels et de professionnels qualifiés, à l'issue de l'achèvement des trente projets de mise en valeur décidés au profit de l'archipel.