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Publié dans L'expert le 06 - 11 - 2009

Après trois mois d'activité intense, de va-et-vient incessants fondant les nuits dans les jours, l'archipel de Kerkennah retrouve un calme précaire qui ne durera que quelques mois. Un retour à l'ordinaire. Cet archipel qui abrite en été près de deux cent mille âmes, n'en compte aujourd'hui que quelques quatorze mille.

Le mouvement des Loud en donne un avant-goût. De seize navettes transportant une moyenne de dix mille personnes et six cents voitures par jour, en période estivale, seules sept navettes transportant mille personnes et soixante voitures par jour relient l'archipel à la terre ferme en cette période.
Kerkennah la belle, la majestueuse vient de faire ses adieux à un été brouillant, tumultueux mais heureux et festif. Les deux cent mille estivants, en grande majorité originaires de l'archipel, abandonnent ainsi villas superbes et demeures coquettes construites en témoignage d'un attachement indéfectible à des origines, à des traditions ancestrales et à une solidarité avec les siens, restés sur l'archipel. Ingénieurs, médecins, avocats, universitaires, experts comptables, bref tout ce que compte l'archipel comme fils travaillant ailleurs, ont pris l'engagement de ne pas oublier Kerkennah. Comment l'oublier alors que tous réunis dans le cadre de deux associations «Kyranis» de développement de Kerkennah et l'Association de Protection de l'Environnement de Kerkennah (APEK) œuvrent pour le bien de l'archipel et pour le bien-être de ceux qui ont pris l'engagement d'y rester..
L'archipel qui s'est contenté jusqu'aux années 90 de vivre des activités agricoles et de la pêche essentiellement, s'ouvre depuis et de plus en plus à d'autres activités de services notamment. Les deux associations n'ont raté aucune occasion pour sortir Kerkennah d'un oubli imposé par la géographie. Sortir Kerkennah de cette situation passe par sa réhabilitation, lui fournir ce dont elle a le plus besoins: visites répétées, séjours prolongés, modernisation et équipement. Les vétérans ont fait les premiers pas et ouvert la voie à d'autres. Si Kerkennah compte six cents hectares de terrains bâtis, trois cents ont été construits depuis les années 90. Chaque année de nouvelles demeures secondaires voient le jour et accueillent leurs propriétaires en été. Ces constructions s'achèvent malgré les coûts élevés du transport des matériaux de construction. Les sacrifices sont importants et dénotent la détermination et l'attachement à cette terre. Cette terre qui bénéficie d'une attention particulière de la «Diaspora» vivant en Tunisie ou à l'Etranger. Cette dernière a contribué à la réalisation d'une dizaine de projets dans l'archipel pour près d'un million de dinars. En plus, les opérations de transfert qu'ils effectuent, s'élèvent à une centaine de millions de dinars.
Comment ne pas s'attacher à ce morceau de terre de 15 316 ha flanqué à une centaine d'encablures du littoral, qui a vécu une histoire tumultueuse, survécu à des conquérants et qui constitue de ce fait un creuset dans lequel se sont fondues les civilisations phénicienne, carthaginoise, romaine, musulmane, espagnole, Ottomane et française. Chacune y a laissé ses empreintes.
Les quatorze villages de l'archipel l'illustrent si bien. Vestiges, coutumes et caractères se contrastent. Les insulaires sont cependant tous unis, malgré leurs diversités, dans leur attachement à leur terre natale, dans leur courage et leur connaissance approfondie de leur milieu.
Hospitaliers et accueillants, ils sont réputés pour être rebelles. Leur environnement inhospitalier les a ainsi façonné. D'ailleurs l'archipel n'a-t-il pas fourni au pays ses syndicalistes les plus indomptables et les plus irréductibles. Lieu de brassage des civilisations, ouvert sur le monde bien que confiné, l'archipel de Kerkennah a forgé le caractère de ses enfants. Leur ouverture au monde, à la science, au savoir et à la connaissance dans son sens le plus large, a fait d'eux ce qu'ils sont aujourd'hui en Tunisie et dans le monde.
L'archipel vit son renouveau. Que ce soit au niveau de l'agriculture, de la pêche ou du tourisme et des secteurs annexes.
Pour le tourisme le complexe touristique écologique «Foun Ennkhall» qui verra le jour sur une superficie de 90 ha, ne manquera pas de donner une forte impulsion à l'artisanat et à d'autres activités annexes et à renforcer l'activité touristique dans un archipel qui bénéficie d'une nature sauvage et vierge, d'un paysage paradisiaque et d'un lieu de dépaysement.
Tourisme : Richesse historique et environnementale
Mais Kerkennah a aussi sa petite histoire et son expérience réussie du tourisme. Le « Grand hôtel » et « Cercina » sont là pour nous donner la preuve d'une activité qui a ses spécificités attirantes et attrayantes. L'incontournable Si Omrane, pionnier du tourisme dans l'archipel en constitue une source et une riche référence. De formation Zeitounienne qui lui a valu le poste d'enseignant, il a troqué l'école contre l'hôtel. Dans un site splendide et magique, Si Omrane trône dans un hôtel où il gave ses visiteurs de délices traditionnels dont il est l'un des rares à connaître les recettes et détenir les secrets. Qu'il s'agisse de «Techiche» aux poulpes, de pain «Tabouna» complet à la pulpe d'olives pressées, de la «laklouka» ou du « Rob » de dattes, il est le seul à en servir et à garantir à ses hôtes un petit déjeuner copieux où le millésime jaune étincelant de l'huile vierge 2009-2010 occupe la place privilégiée dans le menu matinal. Ecrasées à l'ancienne, à l'aide d'une meule en pierre, les olives sortent sous forme de pate qui est pétrie par la suite avec les jambes. Une fois décantée, on en récupère cette huile miraculeuse prisée pour ses vertus sanitaires.
De taille moyenne, vif et alerte Si Omrane connait les coins et les recoins de l'archipel, son histoire, ses anecdotes et ses mythes. Il parle avec beaucoup d'émotion de sa jeunesse et des années 40 à la «Zitouna» années durant lesquelles, il s'est exilé à Tunis pour parfaire ses connaissances. Bref c'est l'une des célébrités de l'île. Il parle du tourisme écologique à Kerkennah avec beaucoup de conviction mettant en avant les spécificités de l'archipel et le caractère de ses concitoyens. Il est convaincu, par ailleurs, que l'avenir du tourisme peut être aussi perçu à travers des actions de formation de cuisiniers, de pâtissiers, de mécaniciens automobile et d'artisans spécialisés essentiellement dans la valorisation de sous-produits du palmier-dattier, de l'olivier, du grenadier et de la vigne. C'est pourquoi, il ne cesse de travailler au sein des associations de l'île pour aider à ouvrir de nouveaux horizons aux jeunes.
Quoi de plus éloquent que cette sixième foire des dattes de Kerkennah a été exposés, entre autres, des productions artisanales ainsi que des dérivés des dattes et des grenades dont des gâteaux variés fabriqués à partir de produits biologiques et « Light ». Ce qui est important, c'est qu'on est en présence de femmes et de filles modestes qui ont trouvé une activité honnête et rentable à même d'améliorer de leurs niveaux de vie.
Le réforme agraire: Pour une agriculture viable
Partant des caractéristiques de son assiette foncière, l'urgence d'une réforme agraire s'est imposée. Démarrée en 2004, elle avait pour objectif d'intégrer les terres dans le circuit économique et freiner un commerce illicite qui a touché plusieurs lots et qui n'a profité qu'à des indélicats.
En collaboration avec les associations «Kyranis» et l'«APEK», l'association des juristes de Sfax vient d'organiser un important atelier de travail qui a été consacré à la situation de l'assiette foncière de l'Archipel. D'éminents juristes et chercheurs y ont participé et rappelé dans leurs exposés les spécificités de cette situation. Ils ont fait remarquer que l'absence des véritables ayants droit a crée une situation qui est sur le point d'être apurée. Cet apurement est d'autant plus important qu'il doit mettre fin à une spéculation galopante et jeter les fondements d'un développement durable et cohérent.
L'Agriculture : Production Bio et produits du terroir
L'agriculture et la pêche ont depuis la nuit des temps été les piliers de la vie économique. Avec l'exode engendré par la faible rentabilité des parcelles agricoles, l'agriculture s'est de plus en plus dégradée. Les deux associations de l'archipel se déploient depuis le début des années 2000 à réhabiliter ce secteur.
Mais, voilà que les décisions présidentielles viennent devancer toutes les attentes et les prévisions. Alors que le programme élaboré par l'Association de la protection de l'Environnement de Kerkennah concerne la «Réhabilitation de 1000 ha de la palmeraie soit les 25%, de la superficie de toute la palmeraie de l'archipel et de 100 ha de vergers, les décisions présidentielles concernent la réhabilitation de 3000 ha de la palmeraie, la création d'une périmètre irrigué de 80 ha et l'extension du périmètre irrigué de Mellita sur 50 ha. Il faut rappeler à ce sujet que le projet a démarré en 2006 avec la réhabilitation de 100 ha. Cette phase d'expérimentation, de démonstration et de vulgarisation a confirmé la possibilité et la nécessité de poursuivre l'opération.
La réhabilitation des palmeraies et des vergers constitue une nécessité impérieuse afin de freiner la dégradation du couvert végétal de l'archipel d'une part et de récupérer les surfaces occupées par les mauvaises herbes dont l'alfa et le dis et par les rejets de palmiers qui ont proliféré en l'absence de tout entretien des parcelles, suite à l'exode et à l'abandon d'une activité qui a cessé d'être rentable.
Le nouveau projet a le mérite d'être beaucoup plus important et de toucher 3000 ha soit près de 20000 pieds de palmiers dattiers dispersés. Cette superficie représente d'autre part prés de la moitié des terres agricoles de l'archipel.
L'enveloppe annoncée de treize millions de dinars concerne toute l'action de développement qui s'articule autour de trois axes, à savoir, la reforme agraire, le nettoyage de la palmeraie et la valorisation des zones aménagées et nettoyées.
Alors que la reforme agraire vise essentiellement l'apurement de l'assiette foncière, le nettoyage vise à enlever les rejets, le désherbage et opérer le labour profond du sol. Enfin, le troisième axe concerne la valorisation des parcelles. Il s'agit à ce niveau de planter des palmiers dattiers dans les espaces vierges et de replanter un second étage d'espèces spécifiques à ces sols, à savoir, le figuier, l'olivier ou la vigne, qui sont traditionnellement cultivées sur l'archipel.
L'effort devra porter sur l'introduction de variétés plus performantes génétiquement. Les expérimentations entreprises ont permis de conclure à un bon comportement, à la pépinière de Mellita, d'une vingtaine variétés d'oliviers. Kerkennah a d'autre part cinq variétés de figuiers et cinq autres de vigne de table, toutes insulaires qui ont un rendement satisfaisant.
Concernant les cultures appelées de «premier étage », il s'agit essentiellement d'orge qui ouvre des horizons devant l'élevage à un moment où l'archipel entre dans l'ère du tourisme.
Le second volet des décisions présidentielles pour l'agriculture touche la pêche et vient lui apporter un soutien de nature à faire redonner aux insulaires une grande confiance à ce secteur qui s'essouffle suite aux chalutages illicites qui ont lourdement affecté le golfe de Gabès en général et Kerkennah en particulier.
Kerkennah a été choisie, il y a six ans, parmi les quatre zones les plus menacées directement par le chalutage, à savoir, Kerkennah, Zarate (Gabès), Mahrès (Sfax) et Ajim (Jerba). Ces zones ont fait l'objet d'un programme «des récifs artificiels» qui consiste à y faire immerger des blocs en béton afin d'éliminer tout risque de chalutage. L'expérience a prouvé qu'avec la première opération d'immersion de cinq cents blocs, la posidonie a proliféré et le poisson a réapparu. Dans le but de renforcer cette action, l'une des mesures présidentielles vise à donner de plus grands atouts pour renforcer cette approche en allouant au programme trois millions de dinars. Le programme présidentiel préconise l'immersion de dix mille blocs de béton sur une période de dix ans dans les fonds variant de 8 à 20 mètres. Pour l'année en cours, il est prévu l'immersion de mille blocs.


Quelle variété de palmier dattier adopter
Quand on sait que l'archipel compte un nombre illimité de variétés de palmiers-dattiers générées par le rejet des noyaux alors que quarante sont couramment exploitées, une importante question s'impose à savoir le choix des variétés à adopter. Celles-ci doivent répondre à des critères de qualité, de performance, de production, de commercialisation, de transformation et de conservation. D'autant que cet arbre a constitué tout au long des siècles un élément essentiel dans la vie des insulaires. Il fournit l'aliment pour l'homme et pour le bétail. Il fournit le bois de chauffe, mais aussi pour la fabrication des charpentes de maison. Avec l'évolution socio-économique enregistrée au cours des trois dernières décennies, la vie sociale, économique et foncière de l'archipel a changé. Les changements intervenus dans le régime alimentaire, dans la démographie, ont crée une nouvelle situation et imposé de nouveaux problèmes et exigent, ainsi, des solutions innovantes.
La question a fait l'objet d'études et de recherches sur les quarante variétés connues et exploitées dans l'archipel, huit ont été sélectionnées.
La recherche scientifique agricole qui se penche depuis six ans sur le problème confirme que quatre de ces variétés se sont prêtées à la multiplication. Il s'agit de variétés appréciées, productives et de grande valeur commerciale. D'ailleurs, il a été importé d'autres variétés de bonne qualité gustative et de grande valeur commerciale qui font l'objet d'expérimentations. Deux variétés importées d'Irak se sont avérées particulièrement intéressantes. L'une parmi elles, le «Bahri» a donné un produit dont le prix dépasse de loin celui de la deglett Nour sur le marché international.
La pépinière installée sur les lieux commencera, bientôt, à fournir aux agriculteurs un grand choix de plants.
Mais on ne peut passer sous silence un autre projet encouragé par les deux associations kerkeniennes, à savoir le broyeur conçu et fabriqué par un ingénieur agronome tunisien Ahmed ben Younès. Ce consultant auprès de ces deux associations, a été le premier à faire le diagnostic approprié et à élaborer un projet de réhabilitation de 1000 ha de la palmeraie soit les 25% de la superficie totale de la palmeraie.
Le broyeur qui a été fabriqué permettra le traitement des divers sous-produits du palmier dattier pour le transformer en compost qui sera utilisé comme engrais organique pour l'amendement des parcelles agricoles et comme filtre pour les stations d'épuration.


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