Tous les observateurs s'accordent à dire que pour assainir encore plus le paysage politique, il faut œuvrer le plutôt possible au dénouement des crises qui frappent depuis des années des composantes importantes de la société civile et qui bloquent leurs activités notamment la Ligue Tunisienne de Défense des droits de l'Homme (LTDH), l'Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) et la représentativité syndicale au sein de l'université. Pour ce qui est de la Ligue, la dernière initiative appuyée politiquement, selon des sources proches du comité directeur, fait naître l'espoir d'une solution à cette crise qui dure depuis septembre 2005. En effet, trois personnalités, M. Ismaïl Boulehya, M. Abdelwaheb El Béhi et M. Moncer Rouissi ont entrepris des contacts avec les parties concernées pour aplanir les différends, rapprocher les potins de vues et permettre ainsi à la Ligue de tenir normalement son 6ème congrès et reprendre ses activités. Une première rencontre a eu lieu en décembre entre le président de la Ligue Me Mokhtar Trifi et Me Chedli Ben Younès, président de la section de la Ligue de Montfleury, qui est l'un des sept présidents des sections fusionnées par le comité directeur et qui ont porté l'affaire en justice dénonçant ces fusions. Le tribunal de première instance de Tunis, leur a donné raison, par un jugement en référé annulant les préparatifs et la tenue du 6ème congrès de la Ligue prévu initialement les 9, 10 et 11 septembre 2005. Depuis la crise perdure et les activités de la Ligue sont complètement bloquées. Jugement Plusieurs initiatives ont été entreprises pour en trouver une issue notamment celle des anciens de la Ligue, des personnalités indépendantes et des responsables de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) qui ont constitué en septembre 2006, un comité de soutien à la Ligue. Auparavant, 150 adhérents de la Ligue ont constitué eux aussi une commission pour renouer le dialogue entre les parties concernées. Mais, ces initiatives ont échoué. Même l'appel lancé en octobre 2008 par Me Trifi qui a proposé aux parties en conflit de discuter de toutes les questions en suspens n'a pas trouvé d'échos. Les positions des uns et des autres restent très éloignées, parce qu'en réalité la crise ne date pas de 2005. Ses origines remontent à 2000 tout juste après la tenue du 5ème congrès. Les résultats de ce dernier n'ont pas plu à certains adhérents qui ont saisi la justice. La cour d'appel a chargé le comité directeur issu de ce congrès de préparer un nouveau congrès dans un délai d'un an. Un jugement qui a été confirmé par la cour de cassation en juin dernier. Pour les observateurs, ce jugement pourrait servir de base pour relancer le dialogue entre les différentes parties. En tout cas la première rencontre entre Me Trifi et Me Ben Younès, en présence de Me El Béhi a été, selon des sources proches, fructueuse d'autant plus que toutes les questions épineuses notamment celle de la fusion des sections ont été abordées. Restent les solutions concrètes et consensuelles pour redorer le blason d'une Ligue considérée par tout le monde comme un acquis national à conserver. Imbroglio L'autre composante de la société civile qui vit une véritable crise est l'Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET). L'ingérence de groupuscules politiques n'a cessé d'alimenter les divergences au sein de cette organisation estudiantine qui n'arrive pas à tenir son 25ème congrès reporté à maintes reprises. Pour M. Moncef Chebbi, membre de la commission des anciens de l'organisation constituée l'année dernière pour essayer de trouver une solution, souligne : " J'ose espérer que 2010 connaîtra le dénouement de l'imbroglio dans lequel patauge l'UGET. C'est une organisation qui mérite l'attention et le soutien des instances officielles. Elle a bénéficié à plusieurs reprises de l'aide présidentielle. Mais les embûches continuent de bloquer sa marche vers un congrès réunificateur et ouvert à tous. Sans vouloir gêner quiconque, je considère que les propositions de recours à des corps étrangers à cette organisation pour une pseudo relance du dialogue ne sont que de la poudre aux yeux. Elles ne feront que reporter l'échéance de la tenue d'une table ronde, responsable et patriotique pour remettre le train sur les rails. Tout le reste ne fait qu'envenimer la situation et l'enfoncer davantage dans des impasses politiques dont l'UGET n'a que faire. Il faut faire confiance à nos jeunes et dialoguer avec eux sans exclusive ". A l'université, la crise de la représentativité estudiantine est doublée par celle de la représentativité syndicale des enseignants. Cette dernière dure depuis la tenue en octobre 1999 du congrès du Syndicat de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique (SESRS), dont le bureau exécutif élu a été reconnu dans un premier temps par la centrale syndicale, puis dissous. L'affaire a été portée en justice. Depuis, jugements, appels, dissolutions, création d'autres structures syndicales se sont succédés. A tel point qu'actuellement trois instances syndicales se réclament de la représentativité des enseignants du supérieur. Une situation qui alimente la crise et nuit aux intérêts des enseignants. En un mot trois importantes composantes de la société civile vivent depuis des années une véritable crise. 2010 sera-t-elle enfin l'année du dénouement de ces crises ?