Nous avons fait de la surenchère à Malraux qui prédisait que le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas, en déclarant qu'il sera religieux et footbalistique autrement il ne sera pas. Avions-nous raison ? Vu les derniers éléments qui ont ponctué, l'année 2009, et le début de celle en cours, nous n'avions pas à craindre pour la suprématie de notre prophétie en la matière, nous pourrons même mettre la barre plus haut. En clamant que le 21e siècle est viscéralement footbalistique et, peut-être un peu, religieux aussi.
Car un ami issu d'un pays frère et vivait en Angleterre me déclara :
Chez nous au bled, nous n'avons plus de problème avec la religion mais avec le football et de m'expliquer que si son équipe nationale n'avait pas gagné sa dernière rencontre au CAN, le pays aurait été mis à feu et à sac.
Engels et Marx devaient s'en retourner dans leur tombe. Ce n'est donc plus la religion qui est l'opium du peuple mais le football. De là à mettre les diverses divinités et rites qui accompagnent leurs actions (ou supposées comme telles) au service de cette activité sportive, il n'y avait qu'un petit pas, rapidement et sans complexe, exécuté... du Brésil où un jeune homme a semé les cendres de son copain incinéré dans le stade de Rio de Juneiro, en passant par ces sorciers qui pratiquent l'art de jeter des sorts aux équipes rivales sous les yeux des caméras jusqu'à cet animateur qui - censé commenter le match Tunisie - Gabon, s'avéra n'avoir pratiquement presqu'aucun don pour ce faire par contre, il n'arrêtait pas d'invoquer Dieu pour chaque attaque contre notre camp, et de le remercier quand l'attaque a échoué et le patriotisme de nos joueurs chaque fois qu'ils montaient avec la balle vers le camp adverse.
Est-ce les joueurs d'une équipe qui gagne sont plus patriotes que ceux qui perdent ou bien s'agit-il seulement de jeu et de puissance de jeu ?
Quand j'ai demandé à un ami qui suivait le match avec moi, pourquoi a-t-on choisi un tel commentateur dépourvu de toute connaissance artistique en football, il me répondit les Tunisiens l'aiment parce qu'il les a fait gagner le match contre telle équipe africaine.
Donc c'est un footballeur, c'est lui qui a marqué, dis-je ?
Non pas du tout mais il commentait le match à la télé.
Drôle de raisonnement où c'est le patriotisme fait la force ou la faiblesse d'une équipe et ou ce ne sont pas les joueurs qui marquent mais les commentateurs sportifs et ou c'est Dieu qui joue en faveur de telle équipe au détriment d'une autre.
Je vous parlais d'opium mais c'est pire.
C'est, tout simplement, la consolidation définitive de la bêtise et sa suprématie sur les forces vives des peuples !