La Banque mondiale vient de mettre à la disposition du secteur privé en Tunisie une ligne de crédit d'un montant de 55 millions de dollars pour le financement des projets de maîtrise de l'énergie. Le lancement officiel de cette ligne de crédit a eu lieu, hier, à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, au cours d'un séminaire organisé par l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (ANME), sous l'égide du ministère de l'industrie et de la technologie, avec la participation de nombreux industriels porteurs de projets, et des représentants des administrations concernées, des centres techniques, des établissements de services énergétiques et des banques tunisiennes. Les travaux ont été ouverts par Mr Abderrazek Rassâa, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'industrie et de la technologie, chargé de l'énergie renouvelable et des industries alimentaires, en présence de Mme Silvia Pariente-David, responsable des projets énergétiques de la Banque mondiale pour la région du Maghreb et du Moyen Orient et Benaîssa Ayadi, directeur général de l'ANME. Satisfaction générale Cette nouvelle ligne de crédit de la Banque mondiale accordée à titre de soutien financier aux projets de maîtrise d'énergie en Tunisie, réalisés par le secteur privé, s'élève à 55 millions de dollars (42,3 millions d'euros) et intéresse plus particulièrement les projets tendant à l'amélioration de l'efficacité énergétique industrielle et au développement de la cogénération. Une riche documentation relative aux divers aspects de la maîtrise d'énergie en Tunisie a été remise à cette occasion aux participants, s'agissant notamment de la nouvelle loi tunisienne sur la maîtrise de l'énergie, adoptée en février 2009 et d'un guide technique pour la cogénération en Tunisie. Les projets relatifs à l'amélioration de l'efficacité énergétique en Tunisie portent sur les diverses actions de maîtrise et d'économie d'énergie énumérées en détail dans la loi de février 2009, sur la maîtrise de l'énergie. Ces actions couvrent principalement l'utilisation des énergies renouvelables pour la production de l'électricité, la cogénération et la substitution d'énergie, c'est-à-dire la substitution d'une énergie utilisée par une autre forme d'énergie. L'article 15 de la loi signalée rend obligatoire cette substitution lorsque les considérations techniques, économiques et environnementales l'exigent. Mais la loi de février relative à la maîtrise de l'énergie a fourni aux entreprises et établissements du secteur privé en Tunisie de vastes horizons de participation dans le domaine énergétique en privatisant la production d'électricité et en mettant en place d'importantes incitations au profit des projets d'amélioration de l'efficacité énergétique et de l'utilisation de l'énergie renouvelable. Aussi, l'ouverture de cette ligne de crédit a été accueillie avec une grande satisfaction par tous les intéressés, car, comme l'a relevé Mr Abderrazek Rassâa, les promoteurs et les porteurs de projets, dans ce domaine, butent essentiellement au problème du financement. L'accès au financement est la grande contrainte rencontrée par le secteur privé et le secteur public également pour la réalisation des projets et des programmes de maîtrise d'énergie. Il y a près de deux mois, la Tunisie a lancé un plan solaire étalé sur la période 2010// 2016 dont le coût est estimé à 3600 millions dinars et il porte sur la réalisation d'une quarantaine de projets utilisant l'énergie solaire thermique et photovoltaîque. Or la coopération internationale participe seulement à hauteur de 40 MD dans ce gigantesque effort tunisien visant la promotion de l'énergie solaire. Goutte d'eau dans un océan Aussi, la question du financement des programmes de maîtrise de l'énergie et de l'efficacité énergétique a été au centre des débats du sommet mondial de Copenhague, au Danemark, sur le changement climatique, en novembre et décembre derniers, sous l'impulsion des pays en voie de développement insatisfaits du faible engagement des pays riches et développés concernant cette question du financement des projets de maîtrise d'énergie. En définitive, le Sommet a décidé de mobiliser le financement nécessaire, et il faut attendre la réalisation. Mr Abderrazak Rassâa a remercié la Banque mondiale pour l'appui financier qu'elle ne cesse d'apporter à la Tunisie dans ce domaine, car la Tunisie a commencé à mettre en œuvre des politiques et des programmes de maîtrise de l'énergie depuis 1980, et elle a lancé en 2008 un programme quadriennal de maîtrise de l'énergie couvrant la période 2008 // 2011 et qui doit permettre de réaliser des économies d'énergie de 3,2 millions de tonnes équivalents pétrole ( 3,2 Mtep), pour un volume d'investissement de l'ordre de 1100 millions dinars. A en juger par tous ces programmes et ces investissements engagés par la Tunisie, entre autres, le soutien mondial et international paraît, pour le moment du moins, comme une goutte d'eau dans un océan, en attendant la mise en œuvre des financements mondiaux prévus par le Sommet de Copenhague. Du point de vue technique, l'ANME a été chargée de gérer cette ligne de crédit de la Banque mondiale avec la participation de trois banques tunisiennes, comme intermédiaires chargées de la distribution des crédits, Amen Bank, Banque de l'Habitat et la Banque de financement des PME. Les conditions d'éligibilité et les procédures d'octroi ont été exposées aux participants, au cours du séminaire.