Les autorités de tutelle espèrent porter durant les cinq prochaines années le taux des quantités exportées d'huile d'olive conditionnée de 1% actuellement à 10 % de la production totale du secteur (avec une progression de deux points par an) et augmenter le nombre des exportateurs à 20 (contre 8 à 10 exportateurs actuellement). Il suffit, alors, de recourir aux rêves ou bien de chercher une baguette magique car tel résultat n'est pas réalisable d'un jour à l'autre.
D'abord, il faut se pencher et travailler sur les préalables qui doivent être réuni pour assurer à l'huile tunisienne conditionnée un meilleur positionnement sur les marchés à l'export. Ce travail de longue haleine aurait dû être accompli auparavant, disons à compter de l'an 2000, pour pouvoir atteindre les objectifs escomptés dans le quinquennat 2007- 2011. A commencer par améliorer la qualité du produit, notamment la conformité aux normes internationales à l'export, conquérir des marchés, réaliser des contrats-production-exportation, respecter des délais de livraison, développer les méthodes de conditionnement et d'emballage, nouer des partenariats basés sur la crédibilité avec des investisseurs étrangers, et ce en vue de se positionner sur ce marché caractérisé, de plus en plus par l'émergence de consortiums d'exportation et par une concurrence rude.
Les solutions proposées par les professionnels M. Aref Belkhiria, président de la chambre syndicale des exportateurs de l'huile d'olive, a identifié, lors d'un séminaire organisé, à cet effet, par le Centre technique de l'emballage et du conditionnement (PACKTEC) et le ministère de l'industrie, quelques pistes pour explorer des marchés à l'exportation et promouvoir l'huile d'olive sous des labels tunisiens. Il s'agit de la réalisation d'un programme de marketing à l'export auquel tous les intervenants seront associés, la création d'une commission pour assurer le suivi des idées et recommandations issues des manifestations organisées sur l'huile d'olive, l'amélioration des résultats dits «classiques» réalisés sur les marchés de l'Europe, les Etats Unis et le Japon, réputés pour être de grands consommateurs d'huile d'olive. M. Belkhiria a recommandé, également, l'exploration de nouveaux marchés tels que la Chine , l'Inde, le Canada et la Russie , la promotion de la Tunisie en tant que pays traditionnellement producteur de l'huile d'olive de qualité (salons et manifestations internationales) et la diversification des designs et des produits d'emballage (verre, métal, céramique, plastique) outre l'adaptation des designs aux exigences des marchés ciblés. En témoigne, l'exemple du consommateur américain qui préfère l'originalité et la richesse du décor et le japonais qui lui privilégie la transparence, le goût et la couleur. Autres recommandations : l'institution au profit des exportateurs d'une aide directe calculée en fonction des quantités conditionnées exportées, le réexamen de l'utilisation du plastique dans l'emballage d'huile d'olive, l'intensification des participations aux concours internationaux pour le choix des meilleures huiles et la création d'un groupement interprofessionnel pour faciliter la promotion et le marketing d'huile d'olive. Il s'agit, par ailleurs, de créer des marques et des labels tunisiens et à faire associer le secteur du tourisme à la promotion de ce produit dans les hôtels et au sein des espaces touristiques.
Quel rôle pour l'histoire Depuis 1994, en effet, et malgré la libéralisation de l'exportation de l'huile d'olive, la part du conditionné dans les opérations d'exportation n'a pas évolué d'une façon significative. Ce produit biologique, lié à l'histoire de la Tunisie et écoulé sur les marchés extérieurs comme un breuvage anonyme, souffre encore d'un déficit d'image. « L'histoire a aussi son rôle dans le marketing », a relevé M. Hassine Fantar, professeur d'histoire et titulaire de la chaire Ben Ali pour le dialogue des cultures, des civilisations et des religions, au cours de ce même séminaire. L'historien estime que la culture de l'olivier qui remonte aux époques punique, romaine, vandale et byzantine peut inspirer les exportateurs tunisiens d'huile d'olive pour la création de marque typiquement tunisienne. M. Fantar a fait remarquer que l'authenticité peut jouer un grand rôle dans l'attraction de la clientèle étrangère. Il a recommandé ainsi l'utilisation des textes historiques pour le marketing, la création d'un musée de l'olivier et d'une encyclopédie (un ouvrage de luxe) sur l'huile d'olive et l'olivier et l'organisation d'un colloque international en Tunisie sur l'olivier en tant qu'arbre fédérateur des peuples méditerranéens et l'huile d'olive comme un produit d'intégration sociale et de stabilité politique. L'huile d'olive tunisienne, qui fait de la Tunisie le 4ème exportateur mondial de ce produit, a tous les atouts pour être consommée, exportée et connue sur le plan international sous un label tunisien.