Hamdi Meddeb ne sort pas de sa réserve. Il ne se prononce pas. Mais il est furibond... et plutôt inquiet : et maintenant, que fera-t-il ? Doit-on, au préalable s'étonner de l'élimination de l'Espérance ou, plutôt, de la qualification du Club Sfaxien ? Tel que se présentaient les choses ces derniers temps, non. Car l'Espérance aura vécu trois semaines de démobilisation sans entraîneur et sans le gratin de ses meilleurs joueurs " appelés sous les drapeaux ". C'est le devoir national et cela ne se discute pas. Mais ce à quoi le président espérantiste s'attendait le moins, c'est d'abord, l'empressement d'un bureau fédéral, normalement démissionnaire, à annoncer un bail de quatre ans avec Benzarti. Celui-ci n'a pas démenti et puis un accord cela se fait à deux : Benzarti, c'est évident, c'est légitime même - et il y a fait allusion sur le plateau de Moez Ben Gharbia ! - préfèrerait l'option nationale. Après avoir dirigé tous les grands clubs du pays (et remporté des titres avec la plupart d'entre eux), il voit sonner la réparation de l'histoire, une revanche sur ceux qui l'ont toujours tenu éloigné de la sélection et - pourquoi pas ! - la consécration d'une carrière ! Il y a mis le pathétique à la télé depuis l'Angola lorsqu'il a dénoncé dans une furie trop furieuse pour être spontanée, le négativisme des médias. L'équipe nationale est éliminée, sans victoire ni défaite, et Benzarti s'en sort avec des lauriers. Le coup de l'hystérie a été bien deviné, en somme... En revanche, Hamdi Meddeb s'en retrouve déstabilisé. Non seulement l'équipe est décimée, que deux joueurs de premier plan se sont blessés à la CAN, mais il voit son entraîneur sortir, et cela avant même le début de la CAN, des " espaces du temps espérantiste "... Les chiffres sont clairs : samedi c'était le onzième match consécutif sans victoire pour Benzarti, Espérance et Equipe nationale confondues... Cela arrive aussi dans la carrière d'un grand entraîneur parce que Benzarti est incontestablement un grand. Or, autant il est mentalement fort, autant il paraît psychologiquement vulnérable. Il aime vivre et ne s'accomplit que dans la pression. La pression de tous les joueurs, seconde nature chez les gagneurs. Mais quand cette pression lui est imposée, il pastiche. Aujourd'hui, l'Equipe nationale est à la croisée des chemins. L'Espérance n'en est pas mieux lotie. Et curieusement, leur avenir immédiat dépend de la disponibilité du même homme. N'est-ce pas trop lui donner ?