Fin janvier 2010 - Un discours présidentiel demandait aux responsables d'être à l'écoute des citoyens et des gens de la plume et de décider, de ce qu'il faut faire, eux-mêmes... chacun à son niveau et à sa manière. S'agissant de culture, voici les points qui nous semblent être appelés à être éclairés pour que les choses puissent sortir de l'inertie et aller de l'avant. ARTS PLASTIQUES : -Les questions brûlantes se rapportent à ce qui suit : la création du Musée d'Arts Modernes, de sa définition, de sa conception et du rôle qu'il doit jouer pour le développement, la promotion et l'essor de ces arts. • La commission d'achat : Quel rôle a-t-elle joué jusque-là ? Les raisons de sa création, son fonctionnement. Doit-elle continuer à jouer le même rôle ou est-elle appelée à évoluer pour suivre la réalité en mouvement de la création artistique. Quelles sont ses failles et ses atouts ? • L'exportation des œuvres : Beaucoup de problèmes se posent quant à l'exportation des œuvres d'art : Méconnaissance de la loi qui régit cette action, amalgame entre œuvres relevant du patrimoine national et œuvres récentes. Comment encourager et faciliter l'exportation de notre art et de notre culture ? • Galeries et expositions : Définir le nombre des galeries et la courbe de leur évolution. De quelle aide jouissaient-elles et à quoi doivent-elles répondre en fonction de cette aide et de leur raison d'être ? Dans quelle mesure, ces institutions sont-elles fiables ? Qui a le droit de créer une telle entreprise ? Cela pourrait-il intéresser le capital privé ? Sur quoi devraient être fondées les principales expositions réalisées pendant une ou plusieurs saisons ? On doit sûrement avoir une approche politique claire de la thématique et du mouvement culturel général ou circonstanciel qui doit faire évoluer le secteur. Il faut trouver une sorte de consensus national dans le choix de notre démarche quant au genre des œuvres et des artistes exposés par saison tout en laissant leur liberté de choix aux galeristes. Comme nous avons le chic de fêter les centenaires, il serait heureux de baser nos saisons sur un thème, un mouvement, un pan de notre histoire, un artiste ou un groupe d'artistes. C'est très important pour la promotion de nos Arts plastiques... D'autres points que nous avons omis de signaler ici subsistent mais nous croyons que ceux suscités présentent déjà une " feuille de route " lourdement chargée. Théâtre : Le Quatrième Art qui fût pendant le début de l'Indépendance le fleuron de notre culture et le secteur le plus promoteur, souffre aujourd'hui de mille maux qui risquent de le faire pousser définitivement vers l'agonie... si ce n'est déjà fait. LES INFRASTRUCTURES Et n'ayons pas honte de le dire : nous devrions vraiment avoir.... honte ! Pratiquement aucun théâtre n'a été construit depuis l'Indépendance alors que les stades et les salles de sport ont fleuri partout dans les moindres recoins du pays. Va-t-on, enfin, se décider à traiter ce grave problème ? • Les subventions Sur quels critères sont-elles allouées. Les critères sont-ils respectés ? La politique suivie, jusque-là a-t-elle donné des fruits ? Comparer avec la politique en la matière dans les années 70 et 80 où tout était pris en charge par l'administration (programmation, transport, etc...) et la réalité de la politique suivie depuis la mise sous terre des Troupes régionales et la création des Centres d'Arts Dramatiques.Cela concernant le secteur publique. Quant au secteur privé, il demande à être redéfini pour éviter la politique de deux poids deux mesures - (Favoritisme, privilèges, réprimande, voire mépris, etc...) • La langue Il ne faut ni pencher aveuglement du côté de ceux qui clament que la langue tunisienne est bien perçue, aujourd'hui, partout dans le Monde arabe, ni de ceux qui appellent à opter pour un arabe littéraire unificateur ? Il faut tenir compte de deux avis et poser la problématique de la langue que doit utiliser notre théâtre pour élargir ses champs d'action et ouvrir plus facilement d'autres marchés surtout dans les pays arabes. • Liberté Histoire de toutes les commissions qui ont jalonné le parcours du quatrième Art tunisien. Celles qui sont parties et celles qui demeurent. A quoi servent-elles ? Doivent-elles continuer à être fonctionnelles. Poser clairement la question des libertés dans le discours et l'acte par ce qu'il y a déviance et parce que c'est là une des plaies les plus virulentes de cet art qui plus que tous les autres, touche directement à " L'Ici et Maintenant ". 3- Cinéma • Les salles La réalité de leur existence ; le dépérissement de leurs nombres, leur adaptation aux normes nouvelles, leur implantation dans le tissu urbain, leur destinée. Comment les sortir de l'impasse où elles se trouvent ? Quelle aide leur a été accordée ? A-t-elle été utilisé à bon escient ? • Avances sur recette et subvention : Après la période de grâce des années 80, notre cinéma semble avoir regagné les oubliettes où il se terre depuis des longues années, de l'avis même des gens de la profession. La responsabilité devrait incomber à tous les actants du secteur. La commission chargée des subventions et les avances sur recettes en fait, évidemment, partie. Redéfinir sa politique, les nouvelles normes qui doivent être appliquées pour sortir la production de cet état végétatif. Comment recréer le lien tenu avec le public et comment doit-on agir pour assurer la relève en tenant compte que des dizaines, sinon des centaines de jeunes qui rejoignent annuellement le flot des prétendants au 7ème Art. 4-Musique : L'identité C'est là un problème de la plus haute gravité : définir ce qu'est exactement la musique tunisienne. Entre ceux qui défendent les produits sauvés du " néant " grâce à l'invention du gramophone et du vinyle et qui ne jurent que par les vedettes de variété, de la période allant du début du 19ème siècle aux années 60-70 et ceux qui clament que les caractéristiques les plus déterminantes dans l'identification de la musique tunisienne est qu'elle soit créée par des artistes tunisiens, il nous faudrait arriver à ériger une base de fondements qui tienne compte de son histoire, de ses particularités et de son adaptation à la scène nationale et internationale. Il faudrait arrêter d'imposer le diktat d'une seule vision qui défendrait tel ou tel genre comme étant le seul digne d'être représentatif de la musique tunisienne. Médias et Nouvelles Technologies : • Création d'un Conseil supérieur de l'Audiovisuel : Cela ne saurait attendre car il faudrait placer des gardes fous aux radios et télévisions tant publiques que privées, qui sont en train de défigurer le champs d'écoute en faisant déferler les vagues des créations des variétés bas de gamme venant d'Orient ou d'Occident au détriment de la musique et de la chanson tunisienne. Fixer des quotas et définir ce qui mérite ou ne mérite pas de jouir des apports incommensurables des médias.Piratage : Trouver une solution légale et positive à ce fléau dont la musique est la plus souffrante des victimes. Poser, par ailleurs, le problème de la langue comme pour le 4ème Art, d'un côté, pour ne pas être prisonnier d'une langue figée, et de l'autre, pour ne pas tomber dans la ridicule imitation des accents orientaux. Demeurent les autres disciplines artistiques telles que le roman, la poésie, la danse, la bande dessinée etc... Il serait évidement bénéfique de s'y pencher, mais l'urgence nous semble toucher les secteurs sus-mentionnés, du moins dans l'immédiat. Nous n'avons ni la prétention, ni encore moins, l'ambition de nous substituer au pouvoir décisionnel. Au contraire, nous nous attendons à ce qu'il essaye de nous éclairer sur les questions que nous nous posons et ce faisant impliquer les Hommes, des médias et les autres actants de la scène culturelle et artistique dans cette action.