D'un côté elle lance une fusée " spatiale " capable de frapper ses " ennemis " partout dans le monde, entendez les intérêts américains et le Moyen-Orient ! De l'autre elle annonce son acceptation d'échanger l'uranium enrichi aux conditions " aménagées " de l'Occident. L'Iran maintient habilement la pression sans renoncer à la technologie de pointe en matière d'armement lourd. Mais l'assouplissement de ses positions sur le nucléaire est dû essentiellement aux défis internes. L'élection très contestée du président Ahmadi Nijed tourne mal et risque de pénaliser l'Iran aux yeux des citoyens du monde beaucoup plus que sa volonté de puissance. Un retour à la révolution iranienne est nécessaire pour essayer de pénétrer la réalité iranienne d'aujourd'hui. Au lendemain de la destitution du dernier Châh Muhammad Rîza Pahlavi et l'avènement de l'ayatollah Khomeini à la tête de l'Etat perse, un immense espoir a été vécu par la majorité des musulmans mais accompagné d'une sorte d'attente fébrile pour voir un peu le modèle que la révolution allait décréter. La fin d'une dictature est toujours fêtée par les rues de la terre, mais les experts ne cachent pas leur scepticisme. Depuis Aristote qui n'aimait pas la foule à Alexis de Tocqueville aux politistes contemporains les plus en vue, on redoute les " révolutions " qui aboutissent presque toujours et universellement au despotisme ! La révolution bolchevique, les déportations de millions de personnes ordonnées par Staline et les goulaks glacés de Sibérie n'ont abouti qu'au totalitarisme. Toutes les révolutions à leur début ont eu leurs tribunaux d'exception, les exécutions sanguinaires et l'exil forcé, pas seulement des notables des anciens régimes, mais de milliers d'intellectuels, de créateurs et de promoteurs économiques. La révolution iranienne n'a pas échappé à la règle et ce qui est encore plus dramatique c'est la déception vécue par tous les musulmans qui attendaient enfin un modèle de société islamique libéral moderne et démocratique. L'Occident buvait du petit lait : " La voilà votre révolution islamique ! Un système politique archaïque, unanimiste et foncièrement opposé à la liberté d'opinion ", s'écriait la presse occidentale. Mais les adeptes de la révolution iranienne ne baissent pas la garde. Tout changement radical engendre des dérapages et autant de " dommages collatéraux ". Le mûrissement du système politique iranien était souhaité... On attendait avec impatience les réformes et l'institution d'un système pluraliste, on guettait les moindres mesures libérales qui accompagnaient les élections. Mais elles tardent à venir pire encore la dernière élection a tourné à l'émeute et à des condamnations à mort de manifestants ! Hélas, beaucoup vont perdre leurs dernières illusions quant à la possibilité de concilier l'Islam avec la liberté politique et la démocratie. Aristote avait bien raison de redouter la rue ! Seule la réforme, patiente et méthodique, peut aboutir à la démocratie libérale.