Le Premier ministre François Fillon et les dirigeants de l'UMP ont renvoyé hier toute autocritique sur leur stratégie et celle du gouvernement à l'après-second tour des élections régionales, dimanche. Le mauvais score de l'UMP et de ses alliés (26,2%) au premier tour a été suivi par une pluie de critiques d'élus de la majorité, dont le ton tranche avec les "éléments de langage" adoptés au sommet du parti et de l'Etat. François Fillon a réuni hier matin au siège de l'UMP le Comité de la majorité, qui rassemble les dirigeants du parti majoritaire et des formations satellites - Nouveau Centre, Parti radical, Parti chrétien démocrate, Les Progressistes, Gauche moderne, Mouvement pour la France, CNPT (chasseurs et pêcheurs). La réunion, qui a duré trois quarts d'heure, avait surtout pour objet d'afficher l'unité des partis de la majorité. "Le Parti socialiste et les Verts sont en train de se partager les vice-présidences, les présidences de commission et les voitures de fonction (...) Le changement, c'est nous qui l'incarnons", a dit François Fillon, qui a réitéré son espoir de reprendre à la gauche certaines des 24 régions qu'elle contrôle. Il a mis en doute l'"éthique" et la "morale" des dirigeants socialistes, notamment en Languedoc-Roussillon, où ils appellent à faire barrage à la droite après avoir improvisé au premier tour une liste face à Georges Frêche, le président sortant exclu du PS pour dérapages verbaux à répétition. Mais le Premier ministre, interrogé par la presse sur la grogne croissante de militants, de cadres et d'élus de l'UMP, a aussi demandé le silence dans les rangs de son parti : "Ceux qui choisissent l'entre-deux-tours pour formuler des critiques sur l'action du gouvernement de leur formation politique, ce ne sont pas des caractères bien trempés." La presse était encore pleine hier des aigreurs d'élus UMP reprochant pêle-mêle au président Nicolas Sarkozy sa stratégie d'union des partis de la majorité dès le premier tour, des réformes comme la taxe carbone, sa politique d'ouverture à gauche, voire son style - un cocktail responsable à leurs yeux de la désaffection des électeurs de droite. Beaucoup lui reprochent de nier la dimension nationale de ce scrutin, l'invitent à retrouver les "fondamentaux de la droite" ou, comme le député Jacques Myard dans Le Parisien, à donner une "plus grande visibilité à son action, avec plus de classicisme". Avant même le second tour, la chasse au bouc émissaire semble ouverte, alors que Nicolas Sarkozy a averti par avance qu'il ne procéderait pas à un remaniement de grande ampleur.