De plus en plus de filles choisissent de poursuivre un cursus universitaire dans les filières scientifiques. Changement de mentalité, perspectives de travail et influence de la famille… obligent. En effet, déjà le taux des filles inscrites dans nos universités dépasse celui des garçons. 59,5 % des étudiants sont du sexe féminin ce qui démontre que les filles tunisiennes ont tendance à aller très loin dans leurs études. Fini en fait le temps où la fille était cantonnée chez ses parents attendant l'apparition du prince charmant. En se contentant du niveau primaire. De nos jours, l'instruction est un acquis. Elle est même obligatoire pour la tranche d'âge 6-16 ans. Les parents accordent également, la plus grande attention à la formation de leurs enfants sans discrimination de sexe. Ils ne lésinent pas sur les moyens pour offrir à leurs progénitures les meilleures conditions de leur formation et à les encourager à aller plus loin dans leur cursus. Cette démarche s'applique aussi bien pour les garçons que les filles. Mieux encore ils ont coupé court avec la mentalité traditionnelle qui privilégie, pour les filles, le mariage aux études. Car il était très courant d'obliger la fille d'écourter ses études pour se marier. Dans certaines régions comme le Sahel, une fille risquait de se trouver obligée d'arrêter ses études et de se marier à l'âge de 17 et 18 ans. Changement des mentalités Heureusement que la donne a changé et la mentalité a évolué. On accorde plus d'importance à la formation de la fille et les parents motivent leurs filles à choisir une filière scientifique même celle qui nécessite plus de quatre ans d'études universitaires. D'ailleurs, les chiffres démontrent que la gent féminine dépasse de loin les garçons dans certaines spécialités. Par exemple, plus de 15 mille filles étudient dans la spécialité « santé » sur un total de 22 141 étudiants. Presque la moitié des inscrits dans la filière sciences de l'informatique, multimédia et télécom, sont des filles sur un total de 50 491étudiants, selon les statistiques de l'année (2008-2009). Toujours dans le même contexte, plus de huit mille étudiants poursuivent un cursus dans les sciences économiques et méthodes quantitatives dont 5257 filles. Un bilan qui démontre que ces dernières occupent une position importante et qu'elles s'intéressent davantage aux études scientifiques. Elles dépassent les garçons dans certaines spécialités pour ne pas dire dans la majorité. Cependant les sciences humaines les attirent toujours, et les filles n'arrivent pas à occuper la même position ou à dépasser les garçons dans d'autres filières, dont l'architecture et le bâtiment. Les statistiques de l'année 2008-2009 indiquent que 6691 étudiants sont inscrits dans la spécialité dont 2576 des filles. Les garçons optent également plus pour les études en ingénierie et techniques apparentées. D'ailleurs, sur plus de 37 mille étudiants, 11960 filles seulement étudient dans le domaine. Et les sciences humaines? Il est clair que si la fille tunisienne a réussi à occuper une position importante dans certaines spécialités en revanche, elle n'arrive pas atteindre la même position dans d'autres à l'instar de l'ingénierie et les techniques apparentées. Ce sont toujours les garçons qui poursuivent le plus leurs études en la matière. A quoi est-dû cela ? Est-ce la mentalité qui pousse les filles à ne pas s'inscrire en ingénierie ? Est-ce la discrimination basée sur le genre ? Car très souvent les gens considèrent que ces filières qui nécessitent une attention intellectuelle constante et une mobilisation même physique sont plus appropriées aux garçons. Il est donc temps de revoir et étudier le sujet pour démontrer les causes de ce décalage. Si le nombre des inscrites dans les spécialités scientifiques augmente d'une année à l'autre, il reste tout de même très important dans les filières des sciences humaines. D'ailleurs, elles dépassent de loin les garçons dans les sciences de l'éducation (1809 étudiants dont 1308 filles), les arts et les métiers (17951 inscrits dont 128874 filles) et les langues et les humanités appliquées. Sur l'ensemble des 33 mille étudiants, 26 mille sont des filles toujours d'après les chiffres affichés en 2008/2009. Idem pour les lettres et les sciences humaines ainsi que les sciences sociales et du comportement. En fait, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique mise de plus en plus sur la formation dans les filières scientifiques. Il s'agit de l'un des ses axes de travail. Il envisage en effet de consolider le nombre des orientés vers les spécialités scientifiques et technologiques pour atteindre les 60 % d'ici 2016 contre 40 % actuellement. Dès lors de nouveaux horizons s'ouvriront pour les jeunes filles qui ont des ambitions scientifiques. Cela leur permettra certes d'avoir plus de chance à décrocher des postes d'emploi d'autant plus que les filières des sciences humaines sont hyper saturées. Sana FARHAT Enseignement Les filles à l'assaut des filières scientifiques