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Un calvaire endémique
DOSSIER : Présidents des clubs et finances
Publié dans Le Temps le 29 - 03 - 2010

Avec l'approche de l'épilogue de chaque exercice, l'attention de tous les observateurs et analystes s'intéressant de près ou de loin, à la scène sportive du pays est braquée sur les deux antipodes de la hiérarchie. En d'autres termes, tout le monde est focalisé sur le sprint final pour l'octroi du titre de champion et des places d'honneur qualificatives aux joutes africaines et arabes.
La queue du peloton n'est pas en reste avec la lutte féroce des mal classés pour sauver leur peau du purgatoire, de la relégation.
Mais à l'ombre de ces batailles sans merci où tous les coups, pas souvent beaux à voir, sont permis, une autre campagne est menée en douce et dans les coulisses pour les clubs devant tenir leur AG élective. Et là, la chanson est la même pour tous les présidents en exercice : La volonté inébranlable de passer le témoin aux plus jeunes, de ne plus pouvoir tenir les rênes du club, d'être lessivé moralement et surtout physiquement d'un cavalier seul sans la moindre assistance ou aide de ceux qui gravitent dans le giron du club.
Chemin faisant et durant leur mandat, les présidents des clubs y sont allés par leurs propres moyens de leurs contributions. Ils ont mis lourdement la main dans la poche pour subvenir et veiller à la bonne marche du club. Chaque début du mois est un véritable cauchemar pour la plupart d'entre eux, avec une ardoise très conséquente à honorer entre salaires des joueurs, des entraîneurs, des staffs médical et paramédical, des administratifs, la logistique, les moyens de transport, l'hôtellerie, les équipements, la maintenance, sans tenir compte des primes de matches gagnés et des primes de rendement.
Une nouvelle source se spoliation gratuite ces derniers temps est à souligner avec force : les pénalités versées à la ligue pour jet de fumigènes qui grèvent lourdement les caisses. Un huis clos lors d'un derby à titre d'exemple est une perte sèche d'un demi million de dinars au moins parti en l'air par l'égarement de quelques écervelés ou…manipulés ?
Exception faite de l'Espérance Sportive de Tunis et de très rares autres clubs ne souffrant guère de problèmes financiers et honorant leurs engagements à leurs échéances prévues, le plus clair de nos clubs pataugent et accusent des dettes faramineuses vis-à-vis de leurs employés et autres créanciers. Les présidents en dépit de toute leur bonne volonté, de toutes les acrobaties qu'ils effectuent, de tous les sacrifices qu'ils consentent finissent par se trouver acculés dos au mur, dans une impasse avec tous les horizons obstrués, toutes les issues bloquées. Le plus curieux dans l'affaire, c'est que les mécènes locaux, ceux qui prétendent appartenir au club, ne manquent guère et foisonnent dans la région. Mais s'ils ne viennent pas en aide aux caisses, c'est uniquement dans le dessein de faire couler le président en exercice oubliant au passage que ce sont leurs propres couleurs « adorées » ( ?) qui en paient les frais en premier lieu.
Devant cet imbroglio inextricable, certains présidents ont fatalement recours à la vente et à l'hypothèque de leurs biens. Finalement, et pour prévenir la grève de leurs joueurs non payés à la veille de matches importants, ils délivrent des chèques de garantie, en bois. Et c'est le début réel de la drame. Une épée de Damoclès suspendue en permanence sur leur tête à la merci d'un coup de tête d'un ou de plusieurs créanciers se présentant à la banque pour encaisser son du. Le plus souvent la justice se saisit de l'affaire et les jugements sont implacables, effarants : La prison ! Drôle de récompense pour un président qui a fait la monumentale erreur, la naïveté voire la niaiserie serions nous tentés de dire, de sacrifier ses enfants, son foyer, sa famille, sa santé, son argent, ses biens, ses affaires, par amour à ses couleurs, à son club qui le lui rendent si bien !
Une particularité à mettre en exergue cependant, à la fin de leur mandat, certains présidents perdent l'appui et le parapluie du club et se retrouvent seuls à affronter les dures réalités des retombées de leurs engagements antérieures. Il arrive que le nouveau président, par civisme et amour au club couvre le déficit et comble le « trou », mais souvent, il s'en lave les mains.
Comment les choses en sont-elles arrivées jusque là ? Par quels exercices d'équilibristes, de funambules certains parviennent-ils à garder la barque à flots en dépit des aléas et des conjonctures extrêmement précaires et ingérables ? Les BD ayant pris la relève sont-ils tenus légalement d'éponger l'ardoise et les dettes contractées par le bureau sortant ? Nous avons posé ces questions aux présidents des clubs ainsi qu'à Mr Omar Farouk Gharbi membre fédéral et juriste. Dossier :
Ahmed Karoui (ex-président du CAB) : « J'ai tout perdu »
Je vous remercie infiniment de me permettre d'exprimer le désarroi, l'incertitude, la peur qui font désormais partie prenante de notre quotidien, ma famille et moi, et rongent inexorablement ma santé. Je suis abasourdi et ulcéré par les allégations qui fleurissent çà et là à mon endroit me qualifiant d'imposteur, de fabuler. Depuis 2005, j'ai subi des attaques cardiaques à répétition avec quatre coronarographies attestant de la précarité et de la fragilité du lit vasculaire de mon cœur. Durant mon mandat, j'ai été de ma poche de la somme de 327 mille dinars. Pour l'heure je suis redevable aux alentours de 180 mille dinars sans oublier les pénalités de retard de l'ordre de 20% de cette dette.
A ceux qui estiment que je ne dis pas la vérité et qui se complaisent ostensiblement de mon malheur, je leur réponds que je suis prêt dès à présent à prêter sermon dans la mosquée pour leur prouver ma bonne foi.
Je lance un appel solennel aux autorités, aux responsables, aux Bizertins pour me venir en aide et me soutenir dans la résolution de cette crise étouffante qui me tue. Je suis très malade et mon cœur n'est plus en mesure de supporter le calvaire que j'endure. Une autre attaque risque de m'être fatale.
Riadh Bhouri (président USMO) : « Je suis prêt à aider mon prédécesseur «
La gestion financière du club est très bonne pour le moment. Nous avons certes quelques dettes mais qui ne portent pas tellement à conséquence facile à honorer. Quelques fournisseurs restent à régler d'ici la fin de l'exercice sans faute.
Pour répondre à votre question concernant mon prédécesseur qui aurait vendu ou hypothéqué ses biens, je vous dis que les déclarations dans les journaux ne sont guère un critère pour moi. Lors de l'AG, le rapport financier dûment accrédité par un commissaire au compte est le seul à prendre en considération.
Toutefois, j'ai assuré personnellement l'ex président si Fradj que dès que les moyens du club me le permettraient, je lui viendrai en aide sans tambour battant ni trompette dans la discrétion la plus absolue. Ma parole est donnée et je la tiendrai sans faute.
Hédi Lahouar (Président de l'ESHS) : « J'ai tout hypothéqué »
Le problème est général et ne concerne pas seulement mon club spécialement. Tous mes collègues même appartenant aux ligues inférieures sont appelés à trouver les liquidités pour honorer leurs engagements. Nous avons accepté de nous embarquer dans cette galère et à nous de trouver les moyens idoines pour nous en sortir. Chacun d'entre nous doit donc avancer de son propre argent pour permettre aux rouages du club de fonctionner normalement. Si par chance, on arrive à la fin du mandat à vendre un ou plusieurs joueurs, on peut alors récupérer une partie ou la totalité de l'argent avancé, sinon, c'est la perte sèche, et la catastrophe.
Pour ma part, j'ai hypothéqué mes biens et je suis redevable aux banques de la somme de 1,2 millions de dinars. Sur ces mêmes colonnes, l'année dernière j'estimais mon déficit à 400 millions, mais depuis la somme a grimpé considérablement et de façon vertigineuse. Parfois je me demande si je n'aurais pas mieux fait de rester un simple supporter avec une contribution annuelle de 30 mille dinars et de préserver ainsi ma santé et surtout le respect des gens. Car les propos orduriers et injurieux que j'endure le dimanche sont inqualifiables.
Mongi Bhar (président du CSHL) : « Je n'ai aucun problème »
Ma fibre djerbienne m'aide beaucoup dans la gestion de mon club. Avant chaque début d'exercice, je calcule exactement les rentrées et les dépenses d'argent que j'aurai à effectuer. De la sorte, je ne fais aucun dépassement et tous mes joueurs et mes employés sont payés rubis sur l'ongle sans toucher à l'argent de mes enfants ni contracter de dettes auprès des banques.
Mes collègues recrutent des joueurs au rendement très discutable à des prix faramineux. Ma politique à moi a toujours consisté à dénicher les très bons éléments mais à des pris dérisoires. Voilà cinq (5) ans que l'affaire tourne à merveille et sans le moindre souci.
Je dois cependant rendre hommage et grâce à mon allié de toujours l'Espérance Sportive de Tunis que des liens très solides lient à mon club depuis bien longtemps. Quand les horizons s'obscurcissent, je trouve toujours refuge chez mes amis espérantistes qui me permettent de piocher dans leur riche vivier et me prêtent les éléments de mon choix sans payer la moindre contre partie.
Mohamed Dérouiche (président du ST) : « Gérer ,c'est prévoir ».
Comme vous dites, le ST a innové cette saison en permettant à ses supporters d'assister à ses matches gratuitement en ne payant qu'une modique somme pour l'achat du maillot du club. Au début, d'aucuns avaient pensé que c'était hasardeux de notre part. Mais je puis vous assurer que tout est panifié, codifié et que nous n'avançons guère à l'aveuglette. Oui, nous avons encore innové récemment en impliquant nos supporters dans l'opération des emprunts. Pour l'heure, les deux (200) employés qui sont affiliés au ST sont tous payés et nous ne déplorons Dieu merci aucune dette. Tout réside dans la bonne gestion de mes collaborateurs et de moi-même. Nous prévoyons nos dépenses et n'outrepassons jamais nos possibilités. Un suivi régulier et draconien de nos finances nous permet d'éviter de tomber en crise. Toutes les dépenses de nos diverses sections sont étudiées à la loupe. Nous sommes fiers au ST de déclarer que nous avons atteint finalement l'autonomie financière.
Mokhtar Nefzi (Président de l'OB) : « Nous composons avec nos moyens »
Grâce aux bailleurs de fonds, aux mécènes locaux, aux supporters, je peux jusque là gérer les affaires tant bien que mal sans gros problèmes à déplorer. Bien sûr comme nous passons par des moments de crise avec les vannes qui tarissent parfois, mais rapidement, les choses reprennent leur cours normal et tout rentre dans l'ordre. La réussite a toujours résidé selon moi dans la bonne gestion en se limitant à ses réelles possibilités.
Pour mes ex collègues en difficultés, j'espère que leurs BD actuels, les autorités les aident à dépasser ces caps difficiles en échelonnant leurs déficits ou en les épongeant carrément car ils ont donné de leur soi à leurs clubs respectif et il est logique qu'on ne les laisse pas moisir dans le besoin.
Fateh Alouini (président de la JSK ) : « Pas de problèmes majeurs. »
Nous n'avons pas de problèmes majeurs à Kairouan à maîtriser volet ressources financières. Bien sûr je dois cravacher dur pour sensibiliser les nantis à renflouer nos caisses. Les kairouanais de la ville, ceux de la capitale sont souvent à l'écoute qu'ils en soient remerciés.
Quelques dettes sont dues à des engagements antérieurs que je me fais un devoir d'éponger. Nous ne délivrons jamais de chèques si les caisses ne sont pas suffisamment garnies. Des fois les agents des joueurs nous mettent la pression soit directement soit en poussant les joueurs à se rebiffer, mais nous parvenons toujours à trouver la parade et à déjouer ces manœuvres. D'ici la fin de l'exercice, j'aurai besoin tout au plus de 150 mille dinars pour boucler ma saison en toute quiétude. Je pense que c'est réalisable et je n'ai pas à m'en faire outre mesure de ce côté-là.


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