L'inculpée CH, aide ménagère de métier, travaille auprès d'une dame d'un certain âge depuis 17 ans. Elle est connue par son abnégation et sa bonne conduite d'autant plus qu'elle est mariée et mère de deux enfants. A la fin du mois de Ramadan de l'année dernière, CH a été priée par sa maîtresse de venir en aide à une de ses nièces pour quelques jours. CH a accepté. Elle s'est rendue au domicile indiqué et s'est entendue avec la maîtresse de maison de rester près d'elle les trois derniers jours du mois de Ramadan et les deux jours de l'Aïd, moyennant un salaire convenu à l'avance. Passé les 5 jours et au moment de quitter les lieux, CH a demandé à être payée. Cette demande a été jugée inopportune par l'époux de la dame qui a opposé un refus net. A quelques mètres du domicile de la dame, se situait une boutique d'un bijoutier. Un Monsieur connu par tous les habitants du quartier. Il connaît même l'aide ménagère qui s'est présentée auparavant chez lui et à trois reprises pour vendre quelques bijoux dont la valeur totale ne dépasse pas les 150 Dinars. Cette fois elle s'est présentée pour lui vendre un collier. Apparemment il connaissait la propriétaire de ce collier puisqu'elle est venue le réparer une fois. Il a refusé de l'acheter. N'empêche qu'après le départ de l'aide ménagère, et dès qu'il a vu sa voisine la maîtresse de maison, il est allé lui faire part de ce qui s'est passé. Sans attendre, cette dernière est allée vérifier ses bijoux et effectivement elle n'a pas trouvé le collier en question. Elle a tout de suite prévenu son mari qui sans perdre de temps est allé au commissariat de police où il a déposé une plainte contre l'aide ménagère. Venue aider la dame pour un court séjour, elle se trouve accusée de vol. Elle a été arrêtée par les auxiliaires de la justice qui se sont basés sur la déclaration du plaignant et son épouse et le témoignage du bijoutier. Durant toutes les péripéties de l'enquête elle n'a fait que nier les faits qui lui étaient reprochés. Elle a déclaré que c'est une accusation calomnieuse perpétrée avec l'aide de leur voisin le bijoutier. Tout ceci parce qu'elle a demandé à ses employeurs de lui payer les cinq jours de travail. Elle a été traduite en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour répondre de cette accusation. Interrogée par le juge, elle a réitéré ses déclarations données lors de l'enquête préliminaire. Elle a clamé son innocence précisant qu'elle travaille chez la personne âgée depuis dix-sept ans et elle n'a jamais volé quoi que ce soit. Deux avocats se sont succédés pour défendre l'accusée. Le premier est revenu sur les différentes étapes de cette affaire. Il s'est étonné de témoignage du bijoutier qui aurait du aller au bout de ses intentions. Qu'est ce qui l'a empêché au moment où l'aide ménagère s'est présentée chez lui pour lui vendre le supposé collier volé, de le prendre, et de faire appel à sa propriétaire ? L'appartement du plaignant est exigu. Trois jeunes étudiantes y habitent. Indépendamment de cela l'aide ménagère n'a jamais mis les pieds dans la chambre à coucher. Son travail se limitait à la cuisine et le salon. L'aide ménagère a eu trois enfants. Lors des naissances les gens lui ont offert des petits bracelets et des colliers pour bébés, qu'elle a vendus ultérieurement au bijoutier qui la connaissait donc parfaitement bien. Les avocats ont été unanimes à demander l'acquittement sur cette base. Après les délibérations, l'accusée, a été déclarée coupable et condamnée une peine de deux ans de prison ferme. CBD