Dans presque tous les domaines de la vie, les couleurs ont une certaine valeur symbolique pour celui qui les utilise. En politique, et dans la majorité des pays du globe, chaque parti, mouvement ou idéologie est symbolisé par un ton qui lui est en général propre. Cela va du blanc le plus éclatant au noir le plus terne en passant bien évidemment par un spectre relativement réduit de couleurs primaires, secondaires et tertiaires. Toutefois, si l'on passe en revue l'ensemble des « coloris » politiques internationaux, on remarque sans peine que le rouge, le bleu, le vert, le noir, le blanc et l'orange reviennent plus souvent que tous les autres. En Tunisie, l'introduction des couleurs en politique a coïncidé avec la reconnaissance du multipartisme au début des années 1980. Les « couleurs locales » Aujourd'hui, on recense une dizaine de couleurs qui représentent les principales formations politiques du pays. Le R.C.D. est ainsi en rouge, le M.D.S. se présente en vert, le P.U.P. en doré, l'U.D.U. en marron, le Mouvement Ettajdid en bleu tandis que le Parti Social Libéral a choisi la couleur orange. Les Verts, quant à eux, ont dû opter pour la couleur du coing, (choix sans doute unique au monde), faute de prendre la couleur dont ils ont baptisé leur parti et qui leur a été « chipée » par les démocrates-socialistes, leurs aînés sur la scène politique nationale! A l'occasion des élections municipales, le scrutin démocratique se traduira donc par une joute de tons dans les isoloirs et face aux urnes. Mais au-delà des couleurs en compétition, il faudra surtout voter pour un programme, pour des idéaux civiques, pour un projet citoyen visant à rendre nos cités plus belles et plus propres. Les candidats de la liste victorieuse ne doivent pas se contenter de nous peindre l'avenir sous de belles couleurs et il ne serait pas de bon ton que le maire élu en fasse voir de toutes les couleurs aux habitants de sa ville. Un tour du monde en couleurs politiques En Europe, le rouge est généralement réservé aux partis de gauche et prioritairement aux Communistes et aux Socialistes. Le bleu est la couleur de la Droite et des partis conservateurs. Les Démocrates optent pour l'orange tandis que le vert est, en toute logique, la couleur des formations écologistes. Traditionnellement, le noir est associé aux Anarchistes ; mais au fil des siècles il finira par renvoyer quasi indifféremment aux fascistes et aux partis cléricaux. Les partis socio-démocrates, eux, utilisent parfois le rose. Le blanc a pour sa part longtemps désigné la monarchie, tout comme le pourpre qui représente également la classe aristocratique. En France, les couleurs dominantes sont le rouge (Parti Communiste Français), le rose (Parti Socialiste), le bleu (l'U.M.P., Union pour un Mouvement Populaire, parti de Sarkozy) et la flamme en bleu- blanc-rouge pour le Front National. En Allemagne, les Chrétiens-Démocrates sont en noir, les Socio-démocrates en rouge, le Parti Libéral Démocrate en jaune, l'Union Chrétienne sociale en bleu. En Grande-Bretagne, le rouge et le bleu différencient respectivement les Travaillistes et les Conservateurs. En Irlande du Nord, l'orange est la couleur des Unionistes et le vert celle des Nationalistes. En Ukraine, la Révolution orange fait référence aux manifestations et aux grèves de 2004 ; cette couleur connote la liberté dans d'autres pays comme le Liban et Israël. Aux Etats-Unis, les Démocrates sont en bleu, tandis que leurs rivaux Républicains sont en rouge. Plus près de nous, chez nos voisins marocains, 4 couleurs égaient l'échiquier politique, à savoir le rose pour le Parti Al Istiqlal, le Vert pour le Parti de la Justice et du Développement, le bleu pour Le Rassemblement National des Indépendants et le rouge pour l'Union Socialiste des Forces Populaires. Race caméléonesque C'est connu ! Dans le monde politique, il est difficile, pour certains au cours d'une carrière de trois à quatre décennies, de s'en tenir à une seule couleur. On peut ainsi, selon les jours et au gré des vents favorables ou défavorables qui soufflent sur telle ou telle formation, virer au noir après des années passées en blanc, jaunir après plusieurs saisons vertes, et parfois même prendre trois couleurs distinctes en une seule année. Cette espèce caméléonesque qui, autrefois, provoquait honte et indignation, se perçoit désormais comme une race supérieure dans les milieux où elle s'illustre. Avec de tels « mutants », l'humanité est depuis quelques siècles déjà entrée dans l'ère de « l'homo-versatilus », de « l'homo-lunaticus » ou si vous voulez varier également les dénominations, dans celle de « l'homochromus » ? !