Le volcan islandais vient de rappeler aux humains du 21e siècle leur fragilité devant les forces impénétrables du Cosmos. Malgré les effets multiplicateurs de la recherche scientifique et les progrès immenses accomplis par les études cosmologiques la raison de l'homme et sa volonté ne peuvent rien face à " l'ordre-désordre " de la nature ! L'arrogance de l'humain qui a tendance à se prendre pour Dieu depuis Pharaon, semble prendre un sérieux coup de grisou pour revenir à l'origine de l'essentiel : la condition humaine si fragile et si insignifiante par rapport aux univers galactiques. Mais tel Sisyphe roi de Corinthe et de la mythologie grecque l'homme n'abdique pas. Du bas de la montagne il aspire au sommet malgré le poids de sa lourde pierre qui symbolise finalement sa détresse et sa tragédie. Mahmoud Messaadi notre plus grand dramaturge et philosophe contemporain a su le décrire, dans une langue unique presque biblique dans " Assod " (Le Barrage) où Ghaylen dit Maymouna " Innama Al Mawtou Al Kamela ya Maymouna, laken " Attachwicha fil hay wa al hayet (la mort c'est l'absolu oh ! Maymouna, mais le bavardage est le fait de l'homme et de la vie). Messaadi veut traduire le bavardage ou l'indiscipline par l'éphémère d'où la précarité du destin humain et son impuissance tragique face aux catastrophes naturelles et tsunamiques. Mais alors devant les crises majeures de ces derniers mois, l'homme est confronté aussi a une tragédie : celle de sa propre responsabilité ! Face aux volcans ou aux Tsunamis, celle-ci n'est pas engagée car il ne peut rien, les phénomènes le dépassent. Mais pour le reste : si, car c'est bien lui qui est responsable de la grande crise économique et financière qui traîne les pattes un peu partout dans le monde. C'est bien lui aussi qui refuse de rationaliser ses dépenses et continue à faire des guerres absurdes, très coûteuses et totalement contre productrices. Je persiste et signe que l'exemple qui donne quelque peu l'espoir dans ce début de siècle c'est la Chine parce qu'elle acquiert sa puissance de son travail et non de l'hégémonie. Il y a bien sûr le Tibet me diriez-vous, mais quand on voit les progrès énormes accomplis dans cette région controversée grâce aux investissements en masse des Chinois on peut imaginer la prospérité future de cette province. Finalement même quand la Chine prend, elle donne, et c'est toute la différence avec les autres puissances ! Si les stratèges des guerres d'Irak, d'Afghanistan, du Pakistan et j'en passe, avaient des calculatrices pour faire le vrai bilan des milliers de milliards de dollars qui ont été dilapidés dans ces régions pour réduire quelques " Talibans " insignifiants, ils s'apercevraient du véritable désastre " volcanique " qu'ils ont accompli. Cet argent aurait pu d'abord sauvé les économies occidentales elles mêmes et aider les peuples du Moyen Orient à construire " leur monde meilleur ". On oublie souvent que la source de l'extrémisme et du fanatisme c'est la pauvreté, le besoin et les frustrations qu'ils engendrent. Le Calife, Ali Ibn Abi Taleb, disait dans l'une de ses maximes : " Al Fakr kafer " (la pauvreté est athée) c'est-à-dire qu'elle est la source du refus, de la rébellion et de la violence. Le volcan d'Islande sera bientôt apaisé par la nature, mais les hommes démunis et fanatisés ne peuvent être apaisés que par la croissance et la paix... et non les guerres !