Il y avait la fête, et surtout, une communion retrouvée. L'ironie du sort a voulu que la sélection tunisienne se réconcilie avec son public au moment où les dés sont jetés, après une cruelle élimination dans la course au Mondial et une Coupe d'Afrique mal négociée et " bien " ratée. Certes, on pourra invoquer les traditionnelles propensions de l'équipe de Tunisie à réussir tous ses matches de... gala, et ses matches amicaux contre les grosses pointures européennes. Mais, c'est tout de même curieux : cela survient rituellement à des périodes de transition qui risquent d'alimenter des illusions. Rappelons-nous : la Tunisie réalisait un très beau nul, il y a bien plus d'une décennie, contre l'Angleterre de Gascoigne (1-1) et avec, à la clé, un but d'anthologie de Hergal, immense talent comme l'étaient ceux de Maâloul et de Ben Yahia mais qui n'ont jamais disputé de Mondial. Sur le banc, ce jour-là, un intérimaire : Ridha Akacha. En 2002, le choix était déjà fait : Lemerre entraînerait l'Equipe nationale. Son successeur Santini amenait ses troupes tricolores à Radès : (1-1) et, au banc, pour diriger l'équipe, un intérimaire Youssef Zouaoui. Quelques semaines après, la Tunisie se rendait au Portugal : encore un bon résultat avec toujours, Youssef Zouaoui sur le banc et... Roger Lemerre dans la tribune d'honneur. Avant-hier, l'histoire se répète : La France à Radès, un nul, disons méritoire et sur le banc, un intérimaire : Sami Trabelsi... Ce même Sami Trabelsi qui, légitimement - ou alors inopportunément, cela dépend... - ne manquait pas de soulever des interrogations quant à son avenir dans le giron national. Or, ce nul contre la France doit être relativisé. Parler de schémas tactiques, de technique, de physique, n'a aucun sens. La France prépare un Mondial, et ses responsables, ainsi que les autorités à Paris (oui Madame Bachelot), auront constaté que la Marseillaise n'a pas été sifflée... Sur TF1, les commentateurs français du match ont été élogieux quant à l'accueil et l'organisation qui siéent à la venue de nos amis français. Pour le reste, limitons-nous à souhaiter bonne chance à la France. Mais, en ce qui nous concerne, il s'agit de remettre cette rencontre dans son contexte socio-politique. La sélection s'est, enfin, réconciliée avec son public ; Chikhaoui, Ben Achour reviennent... Autochtones et pros à l'étranger ont tout l'air d'avoir transcendé les clivages de ces derniers mois : quelque chose prend forme. Quelque chose renaît, quelque chose naît carrément... Laissons, donc, les choses se faire calmement. Protégeons cette communion retrouvée et faisons gaffe aux choix du sélectionneur : s'il est incapable de préserver ce cordon ombilical, malheur à nous. Fût-ce avec Mourinho.