Jusqu'à preuve du contraire, l'atmosphère la mieux recommandée pour préparer ses devoirs et ses examens est celle qui joint calme et sérénité autour des candidats à ces épreuves. Les études scientifiques les plus fiables soulignent les bienfaits du silence en matière de concentration intellectuelle et dans l'assimilation des connaissances révisées. En cette période de bilans scolaires, nous constatons pourtant qu'un grand nombre d'élèves et d'étudiants ne sont nullement gênés par le travail au milieu du bruit. La plupart du temps, c'est dans les cafés que les groupes se forment autour d'une modeste consommation. Ces jeunes y passent entre deux et trois heures le matin et presque autant en fin d'après-midi. Il va sans dire que la durée évoquée n'est consacrée qu'en partie à la préparation de l'examen. En effet, le groupe observe des pauses à répétition pendant lesquelles on parle de tout autre chose que les cours : blagues, commentaires oiseux, évocation d'aventures et de mésaventures sentimentales, etc. On s'arrête même pour jouer une ou deux parties de cartes. Dans les foyers universitaires, les conditions sont rarement propices à une révision silencieuse : non seulement, les chambres y sont déjà surchargées depuis le début de l'année, mais en période d'examens, elles accueillent un surplus de pensionnaires provisoires dont la visite est plutôt tolérée par les responsables des cités. S'ils révisent chez eux, ces adolescents ne supportent pas que la radio-cassette ou la chaîne stéréo restent débranchées ; il n'est pas rare non plus qu'ils allument la télévision sans en baisser le son. Leurs portables ne sont jamais éteints et les écouteurs ne quittent pas leurs oreilles même lorsqu'ils prennent un somme au beau milieu de la révision. D'ailleurs, il leur arrive fréquemment de s'assoupir ou de s'endormir complètement sans débrancher le moindre engin bruyant. Parfois, ce sont d'autres membres de la famille qui provoquent du boucan autour du candidat à l'examen. N'ayant pas le choix, celui-ci se voit obligé de composer avec le vacarme ambiant ; sacrifice pas évident pour tout le monde ! Les bibliothèques désertées Cette semaine, nous avons fait en ville et à l'université le tour de quelques bibliothèques : le public qui les fréquente est relativement rare par rapport au nombre attendu à la veille du baccalauréat et des examens de contrôle du Supérieur. Dans l'une des bibliothèques du centre-ville, il n'y avait à chacun de nos passages qu'une dizaine de lycéens et pas le moindre étudiant. Interrogées à leur sortie, trois jeunes filles nous répondirent qu'elles refusaient par pudeur et par crainte de la réaction de leurs parents d'accompagner leurs autres camarades au café mais ajoutèrent qu'elles n'avaient rien contre la révision en groupe à condition de savoir en tirer le meilleur profit. Nous avons rencontré également un professeur du secondaire, deux lycéens et quelques étudiants avec qui nous nous sommes entretenus au sujet du silence et du bruit pendant les révisions scolaires, voici ce qu'ils nous ont répondu : Jalel (professeur de mathématiques) : «Le bruit pour atténuer l'angoisse des candidats» « Je voudrais tout d'abord préciser que les aires de silence ont maintenant tendance à se raréfier autour des jeunes et des moins jeunes. Notamment en milieu citadin ; même, entre quatre murs chez vous, vous êtes agressés par le boucan de l'extérieur. D'autre part, il ne faut pas oublier que les adolescents, de part leur âge et leur vivacité, aiment vivre dans le bruit et en font à toute occasion. Quelque part, c'est pour eux une manière de s'affirmer. En ce qui concerne la période des révisions, le fait de préparer l'examen en groupe et dans des espaces bruyants rassure les candidats et atténue leur angoisse. Mais c'est souvent désordonné et l'atmosphère est trop décontractée pour une préparation sérieuse. L'environnement de l'élève doit au contraire aider à maintenir la concentration à un niveau élevé pendant au moins chaque heure de révision. Or, ce n'est pas avec un surplus de décibels autour de soi qu'on reste attentif à ses leçons. Il n'empêche que les psychopédagogues recommandent certaines musiques de fond qui ne perturbent pas vraiment l'attention du candidat. » Mahdi (étudiant ajourné) : « Les excitants plus dangereux que le bruit ! » « Je sais parfaitement que les meilleures révisions se déroulent dans un environnement relativement calme ; mais pas au point de s'imposer un silence de monastère ! Le candidat à un examen important doit s'accommoder des diverses conditions dans lesquelles il se trouve avant et durant les épreuves. Il ne faut pas fléchir au moindre changement d'atmosphère sonore. A mon avis, ce qu'il faut déconseiller aux élèves et aux étudiants, c'est l'abus d'excitants. Personnellement, je fume double à l'approche des examens et je bois trop de café. C'est ce qui accroît mon stress et réduit mon efficacité. » Hichem et Mortadha : (étudiants admis à l'examen) : «Un environnement calme pour réussir» « Nous avons préparé l'examen ensemble; nous sommes de la même famille. La plupart du temps, on se voit chez Hichem, parce que c'est plus calme. A plus de deux personnes, la révision n'est jamais sérieuse. Lorsque nous travaillons, nous éteignons nos portables et n'écoutons ni musique ni émission de radio ou de télé. Pour nous détendre, nous jouons sur l'ordinateur ou bien nous faisons un tour en ville. La nuit, chacun travaille de son côté, mais jamais trop longtemps pour ne pas troubler notre sommeil par la suite. » Houda (candidate au bac) : «Les conditions familiales favorables» « Je le reconnais, en matière de révision, j'ai pris de mauvaises habitudes. Mais je suis convaincue qu'un maximum de silence favorise la bonne préparation des grands concours. Toutefois, les candidats ne sont pas tous logés à la même enseigne. Chez moi, on vit à l'étroit. Je n'ai pas de chambre personnelle, et tout le monde regarde la télé le soir. Donc le bruit m'est imposé quoi que je fasse. C'est pourquoi je travaille davantage le jour, au lycée bien sûr mais aussi chez des camarades du lycée qui vivent dans un meilleur environnement que moi. » Alâa (candidat au bac) : «L'indispensable cure de silence» « L'année dernière, j'ai préparé l'examen seul chez moi. Ça n'a pas marché. Cette année, je travaille avec de bons élèves qui m'ont beaucoup aidé à assimiler plusieurs notions philosophiques et littéraires. Nous faisons du bruit en travaillant, c'est certain, mais le groupe est sérieux quand il faut l'être. La cure de silence, je me l'accorde en rentrant à la maison. Il m'arrive de passer plus d'une heure sans émettre ni entendre un seul son. Cela me relaxe et en même temps me donne des forces pour réviser encore un peu avant de me coucher! »