La Journée Mondiale de l'Environnement est doublement célébrée cette année par l'Association de Protection de l'Environnement à Sfax qui fête par la même occasion son 30ème anniversaire, un événement marqué par des festivités toutes dédiées à la protection du milieu naturel, tant il est vrai que cette ONG militante a du pain sur la planche et pour longtemps encore. Même si la tentation des bilans à pareilles occasions est compréhensible et que sur ce chapitre les comptes sont pour le moins élogieux, il apparaît clairement, à travers les différents discours et autres débats lors des différentes manifestations organisées par l'APNES, que l'intérêt porte plus sur le futur et sur le plan d'action de l'association. En effet, tout en se félicitant de la mesure de démantèlement de la NPK, prise, il y a déjà plusieurs années, et du transfert de la SIAPE, ordonné par le Chef de l'Etat,en avril 2008, l'on prend conscience de la nécessité de réfléchir à la destination future de la zone d'implantation actuelle de la SIAPE, qu'on dit réservée à des industries amies de l'environnement, et de s'attaquer à d'autres questions qui préoccupent les citoyens à Sfax. Sachant le rôle capital de la municipalité dans la préservation de l'environnement, l'accent est mis sur la nécessité d'un partenariat actif et fécond entre l'APNES et la municipalité de Sfax. A ce propos, le nouveau conseil municipal jouit de préjugés des plus favorables, contrairement à son prédécesseur , accusé d'avoir privé l'association de la subvention municipale durant six ans aggravant ainsi ses difficultés financières . Et ce n'est là, assure-t-on, qu'une forme de contrariété parmi tant d'autres auxquelles l'ONG a dû faire face, alors que son action est en parfaite harmonie avec la politique nationale en matière d'écologie comme en témoignent les trois prix présidentiels qui lui ont été décernés. Sur le plan écologique, plusieurs dossiers sont censés interpeller vivement le nouveau conseil municipal dont la protection de la Médina, la propreté, le transport et le désormais fameux « Lot 23 A », sur lequel la SASEJ a obtenu un permis, contesté par la société civile,de construire un immeuble à plusieurs étages. Sont également au centre des préoccupations de la société civile, l'aménagement des côtes Sud de Sfax et l'accélération du démarrage de la deuxième étape d'aménagement du projet Taparura. Il faut signaler à propos de ce projet présidentiel grandiose, le sentiment de frustration général qui provient du maintien de l'interdiction de nager dans la zone dépolluée, alors que la phase de dépollution, achevée voilà bientôt deux ans, a nécessité un budget colossal dépassant les 140 millions de dinars. Les urbanistes et les chercheurs universitaires pointent, pour leur part, le doigt sur un autre phénomène préoccupant, à savoir celui de la remontée de la nappe phréatique. A ce propos, le professeur Mohamed Choura précise : « Deux facteurs sont à l'origine de ce phénomène : les rejets liquides, en l'occurrence, les eaux usées recueillies dans les fosses sceptiques des habitations et des usines non raccordées au réseau d'assainissement, ainsi que le rechargement de la nappe par les eaux marines. Les mesures effectuées ont permis d'établir une cartographie des zones les plus concernées par la remontée de la nappe phréatique. D'ailleurs, cette remontée est visible à l'œil nu au fond du canal Bourguiba, où l'on voit des eaux stagnantes, même hors de la saison des pluies. Ce sont les eaux qui remontent de la nappe car le béton n'est pas totalement étanche. Le niveau des eaux se situe à 1,20 mètre voire à 40 ou 50 cm par rapport à celui du sol. Outre l'effet corrosif de l'eau sur les bâtiments et plus particulièrement sur les fondations, c'est la capacité portante du sol qui en pâtit. Actuellement, le phénomène concerne la zone située entre le canal Bourguiba et le centre-ville. Bien entendu, les solutions techniques existent mais elles sont coûteuses. » Pour terminer il y a lieu de mentionner les nombreuses activités programmées à l'occasion du trentième anniversaire de l'APNES dont l'exposition d'ouvrages publiés par l'association, le colloque intitulé : « Aménagement de l'espace urbain et qualité de vie » avec la participation des professeurs Asma Baklouti, et Mohamed Choura ainsi que M. Chérif, représentant de la Société d'étude et d'aménagement du littoral nord de Sfax . Par ailleurs, MM Zakaria Ben Mustapha et Ali El Hili, ont été honorés « en hommage à leurs éminentes contributions dans l'action environnementale en Tunisie », comme l'a affirmé M. Ahmed Zghal, président de l'APNES.