S est un ressortissant tunisien résidant en Italie depuis l'année 2001 Ayant atteint l'adolescence et après avoir échoué dans ses études, il a passé une période de vaches maigres en Tunisie. Sans travail et errant dans les rues, il s'est fait de mauvaises fréquentations. Il a été jugé et condamné en 1999 à une année de prison pour consommation de produits stupéfiants. Dès qu'il a quitté la prison, il a pu, grâce à des moyens illégaux, partir en Italie. Des gens de sa région l'ont accueilli et lui ont permis de trouver un travail. Depuis il s'est conduit d'une manière irréprochable. Il gagnait sa vie honnêtement. Il s'est marié avec une italienne et il est actuellement père d'un enfant. Il est resté en contact permanent avec les membres de sa famille résidents en Tunisie. Un jour on l'informa qu'il fait l'objet de poursuites et de recherches de la part des autorités tunisiennes. Il doit s'expliquer devant le tribunal sur une implication dans une affaire de drogue. Etant convaincu qu'il n'avait rien à se reprocher, il a décidé de venir en Tunisie et de se présenter devant un tribunal. Au moment où il passait les formalités il a été arrêté. Les auxiliaires de la justice lui ont fait savoir qu'il a été dénoncé par un certain M actuellement détenu. Il purge une peine de cinq ans de prison pour consommation et trafic. Ce dernier a déclaré qu'à l'époque soit en 1999 il se ravitaillait auprès de lui en matière de drogue. M habitait à l'époque dans le même quartier et les deux amis avaient des rapports de voisinage. Interrogé S a répondu qu'il connaissait effectivement M. Il s'était entendu avec ce dernier de programmer ensemble un passage illicite des frontières en direction de l'Italie. Pour ce faire il avait reçu à l'époque la somme de 700 dinars comme avance sur les frais du voyage. Seulement et à la première occasion S est parti tout seul en laissant son ami. C'est la raison pour laquelle M a voulu l'impliquer dans cette affaire. Il a nié avoir vendu de la drogue. Depuis qu'il est parti en Italie il s'est fait une bonne situation, s'est marié et a coupé court avec le milieu de la drogue. Il a été traduit en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis accusé d'avoir détenu un produit stupéfiant dans le but de le commercialiser. Devant le juge qui l'interrogeait, il a donné un aperçu sur la période difficile qu'il a passé en Tunisie et a déclaré que depuis son installation définitive en Italie il se conduit comme un honorable citoyen. Il a présenté par l'intermédiaire de ses avocats un dossier contenant des attestations de bonne conduite. Au sujet de cette affaire, il a déclaré avoir connu M pendant une période difficile. Il a reconnu qu'il lui devait la somme de 700 Dinars mais a nié lui avoir vendu un jour des produits stupéfiants. Trois avocats se sont relayés pour défendre S. Ils ont essayé de convaincre le juge qu'il s'agit d'une accusation calomnieuse de la part de M. Ce dernier ne pouvait accepter le fait d'avoir été dupé par S en partant tout seul en Italie. Il n'y a aucun élément dans le dossier pouvant confirmer cette accusation. D'une part un témoignage de ce genre ne pourrait en aucun cas être pris en considération, car il s'agit d'un témoignage d'inculpé à inculpé. Pour cela il faut qu'il soit confirmé par des éléments matériels à savoir d'autres personnes qui avouent avoir acheté ce produit auprès de l'inculpé. Une somme considérable d'argent pouvant être interprétée comme émanant de la vente illicite des produits stupéfiants. Tout cela n'existe pas dans le dossier. Pour cela les avocats ont demandé l'acquittement pur et simple. Ils ont déclaré que leur client était convaincu que la justice allait lui donner raison et c'est pour cette raison qu'il a quitté sa famille et la situation assez aisée dans laquelle il vivait pour venir affronter cette accusation. Malheureusement les juges, convaincus de la culpabilité de S, l'ont condamné à une peine de 13 ans de prison ferme.