Il est connu chez nous sous le nom arabe de « Hendi » et personne ne sait pourquoi on lui colle ce surnom de « fruit indou ». Les occidentaux, eux, l'ont surnommé « figue de Barbarie » car ils l'ont découvert chez nous. Une bizarrerie linguistique qui a trouvé un compromis flatteur dans le surnom que le bon peuple a donné à ce fruit sauvage : « Soltan El Ghalla » (le sultan des fruits). On évoque ce fruit, connu pour ses épines acérées, lorsque l'on parle de quelqu'un qui aime bénéficier de quelques avantages sans trop se fatiguer. Or « El hendi El M'qacher » est devenu aujourd'hui un commerce florissant dont profitent de nombreux petits malins qui jouent sur la fibre rurale de bon nombre d'habitants de la capitale. Mais revenons à notre couffin et à nos ménagères : en ce mois de Ramadan qui a vu flamber les prix des fruits, bon nombre de familles n'achètent plus (ou ne peuvent plus acheter) que ces figues de Barbarie. D'ailleurs vous aurez certainement remarqué le nombre croissant de brouettes chargées de Hendi, poussées par des jeunes qui ont trouvé là un filon inespéré, une solution provisoire au chômage… Le prix de la « Hara » (quatre pièces) tourne en effet autour de quatre cents Millimes, épluchées bien sûr... C'est tout à fait à la portée des familles nombreuses et ça rapporte gros à ces jeunes vendeurs. L'un d'eux nous a confié que lui et ses jeunes frères et sœurs se lèvent tôt chaque matin pour cueillir à l'aide d'une « Kammacha » (bâton se terminant par trois branches), plusieurs centaines de fruits mûrs… Vendus dans la journée à cent Millimes la pièce, c'est un commerce qui rapporte des sommes confortables durant tout l'été et une partie de l'automne, pour un investissement nul, puisque ce fruit sauvage n'a pas besoin de soins, ni d'engrais. Une aubaine que les supermarchés n'ont pas encore détectée, mais gageons que cela ne tardera pas !