Au moment où en Tunisie et partout ailleurs, les pouvoirs publics oeuvrent par tous les moyens à limiter les dégâts du tabagisme, en attirant l'attention sur ses effets nocifs pour la santé, les fabricants de cigarettes et produits semblables cherchent ‘'à mieux servir la masse des fumeurs pour mieux les enchainer et les asservir'', selon la formule d'un commentateur. Après les cigarettes colorées et parfumées de toutes sortes de substances, une des autres trouvailles a été de fabriquer et de mettre en vente de nouveaux modèles de narguilé ou chicha, mettant à contribution le progrès technologique. Le plus accrochant de ces modèles industriels de narguilé est une espèce de boîte métallique de la forme d'un parallélépipède, munie d'un four à braise intégré et d'un système de nettoyage propre, ainsi que de filtres destinés soit disant à purifier la fumée du tabac aspiré par l'utilisateur, de ses substances toxiques. Tous les accessoires sont intégrés en vue de permettre au fumeur de goûter au plaisir du tabac, dans la quiétude et la tranquillité. Certains autres modèles, propres à susciter la curiosité, sont fabriqués à base de melons et de pastèques. Actions modestes Tous les moyens sont ainsi exploités pour assurer la diffusion de l'usage du tabac, en dépit ‘'des nombreux obstacles techniques et administratifs'' dressés pour l'arrêter, à l'instar de l'interdiction de la publicité sur le tabac et l'alcool également, qui n'a pas eu vraiment l'effet escompté. D'après un spécialiste, fumer du tabac ou boire de l'alcool doit être perçu comme étant des habitudes sociales transmises d'une génération à l'autre, à l'instar des habitudes alimentaires. D'ailleurs, relève-t-il, l'alimentation ordinaire et tolérée est considérée par les anciens médecins grecs et arabes comme un poison pour l'organisme et le corps, au même titre que les drogues et les poisons convenus. Dès lors, la solution radicale est de changer de comportement et de modes de vie, car on a beau dire et ressasser aux gens que le tabac, l'alcool et les drogues sont des substances nocives, il y a eu, il y a et il y aura toujours des gens prêts à les consommer, tant que leur usage est en vigueur. La diffusion de la chicha en Tunisie au cours de ces dernières années, après une éclipse quasi-totale, montre qu'il s'agit bien de modes et d'habitudes sociales. En attendant, la campagne menée en Tunisie contre le tabagisme depuis 2009 et pour cinq ans, mérite d'être soutenue. Cet été, la chicha a été choisie comme cible, mais apparemment, les actions entreprises sur le terrain, en particulier, sont modestes. Le support des médias, si percutant soit-il, ne suffit pas pour endiguer le fléau. Il suffit d'effectuer une tournée dans les cafés, durant ces nuits de Ramadan, dans la région de Tunis, en particulier, pour constater l'ampleur pris par l'usage du narguilé ou chicha chez les Tunisiens de tout âge. Or, fumer une seule chicha équivaut à fumer 40 cigarettes, selon les médecins. La campagne nationale de lutte contre le tabagisme réussira-t-elle à réaliser ses objectifs, et à réduire sensiblement le nombre des fumeurs en Tunisie, à son terme, comme il est escompté. Tous les espoirs sont permis.