Le 15 janvier 1991, à minuit pile plutôt timoré et manichéen à travers les dernières images ayant précédé l'heure fatidique, Georges Bush lançait ses premiers missiles sur Bagdad. Têtu, obstiné, en transe même, Saddam Hussein attendait son heure historique. Mais personne n'osait affirmer que l'invasion du Koweït par l'Irak était un prétexte tout autant que celui de sa libération par les forces de la coalition, au nom de la légalité internationale. Nouveau porte-drapeau du panarabisme ? Saddam Hussein le revendiquait. Maître absolu d'une planète unijambiste ? Bush père finit par s'en délecter… Pour autant, le premier mène son peuple et son pays vers la destruction. Lui-même court à sa fin, une fin immortalisée par des images dégradantes d'un ex-homme d'Etat ayant toujours vanté les vertus de la fierté arabe, mais qu'on capture la barbe hirsute et les cheveux crépus de poussière, dans un trou à rats. Le deuxième laisse frustration à son fils. Legs démentiel. Car, si son père est manichéen, Georges Walter Bush est un intégriste pur et dur ; un illuminé rédempteur. Après la tragédie déplorable des Tours jumelles, il confond Saddam et Ben Laden. Et il croyait pouvoir exorciser le monde des maléfices de Ben Laden, en pendant Saddam, un jour de fête musulmane. Aujourd'hui, 2010 vit encore sur un feu de braise et dans la peur qu'un pays exsangue comme l'Irak, qu'un peuple divisé par la résurgence des conflits ethniques, par la montée en puissance du chiïsme, ne s'érige en berceau des guerres des religions, après avoir été des milliers d'années en arrière le berceau de la civilisation universelle. Après y avoir installé ses multinationales, détourné le pétrole – exactement comme ce fut le cas du désengagement de l'Empire britannique de l'Arabie – procédé aux pires outrances (Abou Gharib !) et rétabli un lien chiïte solide entre Qom et Karbala, la « Sainte » Amérique, le pays des justes, redonne l'Irak aux Irakiens. Le plus tragiquement amusant c'est le triomphalisme d'Al Maliki. Il parle d'Irak souverain et indépendant. Et il ne manquera pas de remercier l'Amérique d'Obama, cette Amérique qui a fait exactement comme ce chirurgien qui se trompe de diagnostic, éventre son patient, ne trouve rien, puis le restitue saignant et comateux aux siens !