L'ouverture toute récente au cœur de la Médina de Tunis du nouveau circuit culturel et touristique reliant la Mosquée de la Zitouna à la Zaouia de Sidi Brahim Riahi est un projet pilote de restauration et d'embellissement qui vient s'ajouter aux nombreuses autres opérations de revalorisation de la cité séculaire et de ses multiples sites à intérêt architectural et historique. A l'occasion de la 28ème édition du Festival de la Médina, nous avons pu nous-mêmes constater les bienfaits du projet sur l'animation culturelle et touristique de la vieille cité. Indiscutablement, c'est une réalisation urbaine d'avenir qui profite déjà et profitera encore aux résidents ainsi qu'aux différents promoteurs que le projet vise. Seulement voilà, des habitants de la Médina nous ont contactés ces derniers jours pour déplorer quelques problèmes créés par l'ouverture du nouveau parcours. Le souci majeur de ces résidents est dû à la fermeture à la circulation automobile des principales artères que traverse le circuit, à savoir la rue de Sidi Ben Arous, la rue du Pacha, la rue du Tribunal et la rue de la Hafsia. Les plus lésés Pour ces habitants, une telle mesure nuit grandement aux activités des artisans et commerçants de la zone. Par exemple, les deux boulangeries de la cité vont devoir débourser trois fois plus d'argent pour introduire les quantités importantes de farine nécessaires à la préparation quotidienne de leurs pains et de leurs pâtisseries. D'autre part, on évoque la difficulté, en cas d'urgence sanitaire, du transport (nocturne en particulier) des malades vers les urgences, les cliniques et les hôpitaux des alentours. Pour ce qui est du parking de la Kasbah, on nous apprend que jusqu'à présent, on n'a pas encore appliqué la mesure municipale autorisant les résidents à bénéficier du tarif préférentiel, fixé à 17 dinars 500 millimes par mois (pour la journée entière). Jusqu'à samedi dernier, nous disent-ils, l'abonnement mensuel est resté à plus de 50 dinars dans le parking cité. Or nous avons lu un avis municipal qui incite les habitants de la Médina à contacter l'Agence municipale de gestion sise au Palais des congrès à l'avenue Mohamed V pour obtenir leur abonnement, démarche qui ne demande qu'une copie de la carte d'identité nationale, une autre de la carte grise du véhicule et une attestation de résidence. Lorsque nous leur avons demandé s'ils ont suivi les consignes de cet avis, les habitants rencontrés ont reconnu ne pas l'avoir encore fait. Décongestionner la zone Nous nous sommes rendus dimanche matin à la Médina pour constater de visu les problèmes soulevés par nos interlocuteurs et que le nouveau circuit culturel et touristique aurait créés. Les rues évoquées plus haut étaient en effet fermées à la circulation. L'employé municipal chargé de l'application de cette mesure reconnaît néanmoins que les consignes qui lui ont été données l'appellent à faire preuve de souplesse dans les cas d'urgence ou d'impérieuse nécessité. Nous l'avons même vu ouvrir la barricade à deux véhicules dont les conducteurs étaient visiblement pressés par une course à l'intérieur du circuit. Cet agent nous apprend par ailleurs que la municipalité a mis un de ses véhicules au service des personnes âgées pour leur faciliter l'accès à la Médina. Cette voiture est, ajoute-t-il, garée en permanence dans le parking de la Hafsia juste à l'entrée de la vieille cité par ce quartier. En revanche, il ignore s'il y en a une autre par l'entrée de Sidi Ben Arous. Pour ce gardien, il faut décongestionner les rues de la Hafsia pour permettre prioritairement aux résidents de la Médina de s'y garer. De plus, le parking existant déjà dans la zone est, d'après lui, suffisamment spacieux pour accueillir un nombre important de voitures. Il faudrait donc tout simplement organiser le stationnement des véhicules dans la zone et surtout du côté de la Hafsia, ainsi qu'à la rue Mongi Slim et à la rue de Bab Benat, toutes deux engorgées de nuit comme de jour. Quelques suggestions Lorsque nous avons proposé l'idée d'un service Samu à l'intérieur de la Médina, les habitants rencontrés y virent une bonne solution pour les soins d'urgence et le transport des grands malades. On pourrait l'intégrer au dispensaire de Sidi Brahim Riahi, ajoutèrent-ils, pourvu qu'il n'accueille que les habitants de la zone et ne provoque pas d'embouteillage à son tour. Une autre solution est à envisager : l'ouverture d'une clinique sur les lieux et aussi de divers cabinets de médecins. L'un de nos interlocuteurs dit avoir sollicité un soir les services d'un médecin des alentours de la Médina, mais celui-ci s'excusa prétextant de la difficulté d'accès à la rue où réside le patient. Ces suggestions méritent d'être étudiées par les autorités concernées et ce, pour que le nouveau circuit culturel et touristique, et d'une manière générale toutes les opérations urbaines entreprises ou à entreprendre à l'intérieur de la Médina, ne lèsent personne et ne créent pas plus de problèmes qu'ils en résolvent !