Que ta main gauche ignore ce que donne ou fait ta main droite ! Un précepte prôné et suivi par toutes âmes charitables au grand cœur ne voulant point de vagues quant à leurs actions humanitaires vis-à-vis des nécessiteux (ses), et qu'elles s'ingénient à entourer du plus grand secret, de la discrétion la plus absolue, ce qui est grandement méritoire et tout à fait à leur honneur. Tout au plus, escompteraient- elles de retour, constater une amélioration tangible d'une situation précaire, un impact positif sur le moral d'un(e) désespéré(e) aux abois, la disparition des soucis et la joie rayonner dans le giron des personnes soutenues, aidées sans plus. Point d'épanchements, d'effusions de remerciements et reconnaissance qu'elles abhorrent au plus haut degré et éludent en s'éclipsant rapidement.
Retour de manivelle Soit, mais faut-il en contre-partie, une fois la situation désespérément dramatique (pas nécessairement et seulement financière) décantée et le péril dépassé, se retourner avec animosité et perfidie envers nos bienfaiteurs ? Nuire à nos mécènes ; mordre la main qui nous a été spontanément et généreusement tendue ; cracher notre fiel, notre venin en allant jusqu'à stigmatiser leurs actes jugés effrontément ' superflus » est malheureusement devenu monnaie courante de nos jours. De l'ingratitude que cela se nomme plus communément. Les exemples sont hélas aussi nombreux que diversifiés et ayant trait à tous les domaines, touchant à tous les niveaux et classes. Et nous pouvons avancer avec certitude que plus d'un réfléchit désormais plutôt deux fois qu'une, hésite longuement avant d'accomplir un geste magnanime de peur d'un retour de manivelle, de devenir la cible de prédilection de basses calomnies, toujours prévisibles par les temps qui courent hélas.
Rébellion injustifiée Mais quels sont donc les motifs qui poussent ces personnes' assistées » à se comporter de façon aussi odieuse, aussi indélicate ? Pourquoi une fois leurs problèmes résolus effectuent-ils subitement un revirement à cent quatre-vingt degrés à l'endroit de ceux qui sont ayant volé à leur secours avec autant de prodigalité désintéressée ? Il est évident que le sentiment de se sentir l'obligé de quelqu'un pèse énormément dans la balance. En agissant de la sorte, on a le sentiment de se libérer d'un joug écrasant ses épaules, d'un boulet de canon qu'on traîne « honteusement dans le subconscient », de se sentir en quelque sorte l'égal du messie. On occulte et l'on efface jusqu'au souvenir du service rendu ; pire on le renie ouvertement, voire on en minimise la portée, l'incidence et l'apport se targuant à qui veut bien l'entendre avoir réussi à décoller, à résoudre ses travers de ses propres moyens et ce en dépit des embûches semées « sciemment' par... le pauvre bienfaiteur montré du doigt et jeté en pâture à la vindicte populaire (comble de la déloyauté !) Pour corroborer notre approche, nous citerons quelques exemples véridiques sans toutefois mentionner les différentes parties prenantes en dépit de la folle envie qui nous tenaille de démasquer les uns mais surtout de réhabiliter les autres :
Nos quotidien et vécu Un président de club investit tout ce qu'il possède, hypothèque ses biens, consacre toutes ses plages horaires à résoudre les interminables problèmes de son équipe ; une balle sur la transversale, un pénalty raté et tous à l'unisson et manipulés par' des enfants » du club (?) de le descendre en flammes, de réclamer sa tête avec des slogans orduriers, indignes passant en revue pratiquement l'intégralité de son arbre généalogique. Un entraîneur de football ayant roulé sa bosse un peu partout du côté de chez nous, et acquis une renommée notoire, a été recruté pour son talent par un club nanti du golf, mais aux résultats en deçà des attentes de ses richissimes proprios, avec comme objectif une restructuration totale, une refonte complète des assises de l'équipe en vue d'un nouveau départ conquérant. La tâche étant exaltante mais immense pour qu'il puisse s'en acquitter tout seul, et se prévalant d'un blanc-seing intégral de la part de ses nouveaux employeurs, il crut bien faire en faisant appel comme « adjoint » à un entraîneur désœuvré, de la même ville natale que lui, les liant par-dessus le marché une solide parenté. Sitôt débarqué, le supposé second déploya sournoisement ses tentacules, prit démesurément de l'envergure sans omettre de susurrer aux responsables des contres vérités se rapportant aux méthodes de travail erronées appliquées et suivies par son naïf patron. Le résultat ne se fit pas attendre, 27 jours après, notre ingénu coach de regagner le pays bredouille, n'ayant pas vu le coup venir, suite à un limogeage méticuleusement planifié par son parent. Inutile de vous préciser qui l'a remplacé dans ses fonctions... Votre voisine s'amène en pleurs en plein dîner, son mari est menacé de lourdes sanctions le lendemain à la première heure s'il n'honore pas certains engagements financiers (une somme rondelette) ; en dépit des réticences de votre femme parfaitement au fait de la fourberie chronique de la quêteuse, vous obéissez à l'appel de votre cœur et lui remettez le joli pactole avec la promesse ferme que vous serez remboursé dans la semaine. 5ans après, vos voisins ont érigé trois étages supplémentaires, acquis deux nouvelles voitures, effectué deux pèlerinages et sept OMRA, marié leur fille aînée en grandes pompes sans pour autant vous rembourser le moindre denier ; pire quand ils vous croisent dans le quartier, ils font semblant de ne point vous reconnaître et ont omis dans la foulée de vous inviter aux festivités de leur fille. Le plus curieux, jamais pendant cette longue période vous n'avez réclamé le moindre sous de leur part, leur trouvant toujours des excuses, des portes de sortie malgré l'enfer quotidien qui vous est imposé par votre femme. Vous êtes un médecin, et vous prodiguez le plus naturellement du monde et de bon cœur vos soins gratuitement aux familles mêmes éloignées de votre épouse. Un jeune confrère nouvellement diplômé s'installe dans le quartier, et tous de converger vers lui colportant au passage de grotesques mensonges à votre endroit du genre « il n'a jamais été un bon clinicien ; ses médicaments sont toujours mauvais, GHALTINE ; s'il avait été bon pourquoi alors ne s'est-il pas installé dans la capitale ; il n'a jamais prescrit une ordonnance sans avoir consulté ses bouquins au préalable ou quémandé l'avis de l'infirmier du coin autrement plus calé, etc. Une belle-sœur, fraîchement diplômée en informatique d'une école privée au bout de 6 mois d'études, sollicite votre aide auprès de votre directoire pour être recrutée même comme une simple secrétaire ; vous le faites ayant trente ans de service dans la boîte et le PDG vous vouant beaucoup de respect. Un mois après vous êtes licencié, accusé par ce dernier de freiner l'essor de la société avec vos approches archaïques, rétros et ce en présence de votre parente ayant séduit le président gâteux entre autres( !) par ses affabulations de tout informatiser, moderniser ; une gosse qui a quitté les bancs du lycée à la troisième année secondaire, mais présentant bien et disposant d'un look autrement plus séduisant que le votre pour ne pas dire plus et basculer dans la médisance...
Ne point désespérer L'ingratitude régnant en maîtresse désormais dans notre quotidien, régissant dans une large mesure nos rapports avec autrui, faut-il s'étonner que d'aucuns se recroquevillent sur eux-mêmes, assistent impassibles aux maux des autres sans intervenir ? Mais nous demeurons quand même optimistes, notre générosité, notre altruisme inné et légendaire finiront par confondre, avoir raison de la méchanceté sordide de certaines petites natures aux horizons étroits, à la mémoire courte et ne voyant pas au-delà de leur bout du nez.