C'est à partir du moment où l'entrepreneur, chargé de l'édification d'un immeuble du côté d'El Menzah, s'est aperçu de la disparition d'une bonne quantité de matériaux de construction du chantier qu'il a commencé à avoir des doutes à l'encontre de ses employés. Aussi, ses soupçons se sont-ils tout bonnement dirigés vers les deux gardiens des lieux, essentiellement celui travaillant la nuit, d'autant qu'il a expressément demandé à être affecté le soir. Seule personne donc, à son avis, à avoir les coudées franches, pouvant de ce fait agir à sa guise, en toute tranquillité. Pour en avoir le cœur net, le patron n'a pas hésité à charger un proche parent de surveiller le chantier pendant la nuit. Ce qui fut exécuté sans plus tarder, avec la minutie requise de surcroît, de la part dudit parent, lequel s'est attelé à la tâche avec un rare dévouement. Seulement, à défaut de vol de matériaux, le « guetteur » allait au contraire à la découverte d'une autre affaire ! Un soir, en effet, il a remarqué l'arrivée de deux jeunes gens, apparemment des connaissances du veilleur qui les a accueillis chaleureusement, à bras ouverts. Quelque temps plus tard, deux autres personnes sont arrivées sur les lieux, s'agissant cette fois de deux jeunes filles. De là à imaginer « certaines choses », c'est un pas que le parent consciencieux ne s'est nullement privé de franchir allègrement, d'autant que les quatre personnes se sont engouffrées dans la cabane qui sert habituellement de gîte au veilleur ! Le guetteur s'est alors empressé de se saisir de son portable afin d'alerter l'entrepreneur, mais pour son malheur son engin n'a pas fonctionné, sûrement pour un quelconque problème de réseau. Qu'à cela ne tienne, tenace il a pris dès lors l'initiative de contacter lui-même les auxiliaires de la justice, lesquels n'ont pas tardé à débarquer rapidement et coffrer tout le monde. Présentés au juge d'instruction, mercredi dernier en état d'arrestation, les cinq individus ont toutefois été relaxés pour insuffisance de preuves, car au moment de leur interpellation rien n'indiquait effectivement qu'ils s'adonnaient à une quelconque activité prohibée…