Raouf KHALSI - « Un référentiel axiologique » : Ben Ali lance la formule-clé, la seule approche possible pour donner de nouveaux repères à la jeunesse. Jusque-là, réductrice et stéréotypée, la sémantique collait la formule « manque de repères » aux égarements de la jeunesse. Or, aujourd'hui, justement, « rien ne menace autant la jeunesse que le vide axiologique », en d'autres termes, les sombres perspectives d'un avenir broyé par un monde sans modèle et sans avenir. Le symposium du RCD éveille ainsi les consciences, grâce à ce discours transversal, puisant certes ses éléments dans les réalités de la jeunesse tunisienne d'aujourd'hui, mais capable aussi d'en imposer aux jeunes de tous les pays, confrontés à la menace de l'abandon, au spectre du chômage, aux démons obscurantistes et aux outrances nationalistes. A vrai dire, ce combat que mène la Tunisie pour la jeunesse est, avant tout, un combat d'avant-garde. Il est systématiquement reconduit parmi les préoccupations premières – sinon la première – de l'Etat au point que Ben Ali en fait une question primordiale, si ce n'est, carrément, une raison d'Etat. Que la communauté internationale adopte la proposition tunisienne proclamant 2010, année internationale de la jeunesse dénote une prise de conscience universelle. Car, partout où il y a dérive, il y a instrumentalisation de la jeunesse. C'est parmi les jeunes que les maléfiques diseurs de bonne parole et les sinistres « émissaires » d'un paradis illusoire, vont recruter sans scrupule. C'est dans la précarité des jeunes, dans leurs soucis existentiels et dans leurs inquiétudes face à des « horizons bouchés » que ces prédateurs vont étancher leur soif de sang et de haines. Mais, voilà que par la voix de son Président, la Tunisie offre l'antidote. Pour nous, il s'agit, en effet, de responsabiliser les jeunes, de les écouter – et pas tant de parler à leur place – de leur donner de bonnes raisons de s'impliquer dans la chose publique et dans le tissu associatif. En tous les cas, l'un des slogans fédérateurs de la campagne présidentielle est : « La jeunesse est la solution ». Elle n'est, donc, pas le problème. Or, si problème il y a - et il y a effectivement problème - c'est dans la désaffection des jeunes pour la chose publique. Il s'agit, dès lors, de présenter des arguments convaincants quant à la fiabilité de la nouvelle donne socio-économique au service des jeunes ; quant à la réalité de leurs droits inaliénables à obtenir un emploi (l'une des bases des droits de l'Homme dans leur acceptation la plus large) et quant à l'inexorable processus menant au parachèvement d'une démocratie plurielle. Certes, c'est l'affaire des institutions, c'est-à-dire, de l'Etat. Mais c'est surtout l'affaire des partis politiques dont quelques uns n'intègrent toujours pas l'impératif de la jeunesse. Il est temps, en effet, qu'un pluralisme dépassionné, dépersonnifié s'installe dans nos mœurs politiques. Le RCD, parti de la jeunesse, parce que parti de masse, se restructure chaque jour, se remet en question toujours en fonction de l'impératif de la jeunesse. Car, les vieilles gradations sur lesquelles ont été fondées les idéologies partisanes ont fait leur temps. La dialectique gauche/droite n'est plus de ce monde. La démocratie n'est plus opposée aux totalitarismes comme l'expliquait Raymond Aron. Car, aujourd'hui, les ennemis de la démocratie s'appellent : misère, chômage, abandon. Grâce au discours du Chef de l'Etat, le symposium du RCD soulève là une question d'une acuité universelle. Mais, il ne serait pas indifférent que quelques partis d'une certaine opposition de chez nous, transcendent les querelles de clochers et le syndrome du « Pouvoir » et se mettent au diapason. C'est-à-dire, qu'ils épousent l'air du temps.