Le cancer du sein, comment peut-on en parler en évitant le pathétique et le larmoyant ? Peut-on envisager sans fatalisme cette épreuve dont personne n'ose vraiment parler ? C'était le but des premières journées de sensibilisation à la prévention contre le cancer du sein organisées par l'Association Saïda et placées sous le Haut patronage de son Excellence Madame Leïla Ben Ali. « Luttons ensemble contre le cancer du sein », un titre particulièrement engageant qui responsabilise les femmes tunisiennes appelées à aller se faire examiner au plus tôt, ce mal aujourd'hui guérit même s'il s'agit d'une rude épreuve à surmonter. Car diagnostiquer et traiter le premier cancer féminin en Tunisie qui ronge sous nos cieux des jeunes de moins de 35 ans est loin d'être une sinécure. Les spécialistes réunis lors de cette journée étaient unanimes pour remarquer qu'il s'agit, pour commencer, de battre en brèche des idées reçues sur une maladie frappée du sceau du silence et d'amener par la suite, les patientes à s'y prendre en avance. « C'est une note d'espoir qu'on voudrait donner à nos concitoyennes car le cancer du sein est une maladie chronique qui se soigne. », fait remarquer le Pr Monia Hechiche membre de l'Association. La même idée a été reprise par le Pr Joseph Gligoroph qui a souligné que les recherches en la matière avancent d'une manière phénoménale. Côté traitement, la nouveauté a été présentée par ce cancérologue français qui a indiqué que de nouvelles voies de guérison sont tracées grâce à des thérapeutiques ciblées qui guérissent en dehors des méandres du suivi médical classique et des procédures parfois tâtonnantes de la chimiothérapie. « Aujourd'hui des patientes métastasées guérissent grâce à ces nouveaux traitements de thérapies ciblées dont certaines seront mises en place en 2011. Mais il faut bien cibler la population pour réussir le pronostic. Cela dit, le médecin traitant devrait être informé», avance-t-il. Le Pr Khaled Rahal n'en revient pas: « hier seulement j'ai eu à ma consultation le cas d'une jeune femme de seulement 30 ans qui a un cancer ayant une taille tumorale très importante de 45 mm facilement détectable au toucher. Les tumeurs T4 sont visibles à l'œil nu. Les malades qui ne consultent pas représentent un cancer sur cinq. Ces femmes touchées par le cancer ignorent leur maladie. Et donc il y a du pain sur la planche pour les amener à subir un diagnostic au bon moment», avance -t-il en ajoutant « Dans notre pays l'incidence de cette maladie est plutôt faible mais elle va en augmentant. Entre 2019 et 2024 on s'attend à 3700 nouveaux cas. » Notre interlocuteur, lui aussi chef de service à l'Institut Salah Azaiez a dressé un état des lieux de la situation du cancer du sein et a rappelé dans la foulée que dans les années 70 les malades consultent pour une taille tumorale de 63,9 mm alors qu'en 2009 elles viennent consulter pour un nodule de 39 mm. « Il y a une amélioration du profil clinique mais la situation reste alarmante. » conclut-il.