Lors d'un récent séjour en Khroumirie, nous avons constaté une certaine « langueur » du tourisme régional. Un festival de Tabarka moins « brillant » attire des foules moins nombreuses, la « saison » semble plus courte et les hôtels annoncent une fermeture hivernale, peut-être plus précoce et plus longue. Pourquoi ? Pourtant, la région a-t-elle été équipée, à grands frais, d'un aéroport « international ». Elle a été en plus dotée d'une ligne intérieure : « Tunis-Tabarka ». Ni l'un ni l'autre ne semblent « décoller ». La création d'une ligne Tunis/Tabarka ne peut pas résoudre, à elle seule, le problème parce que peu de Tunisois, même les plus aisés, acceptent de payer une place d'avion 5 à 6 fois plus cher qu'un voyage confortable en auto, en famille ou en compagnie d'amis. De plus, le voyageur en avion, sera privé de véhicule en arrivant et condamné à rester à l'hôtel ou à ajouter le prix de la location d'un véhicule. L'avion ne peut intéresser que les gens qui mettent 5 à 6 heures, de Sfax ou de Gafsa, pour aller à Tabarka. L'aéroport, d'autre part, ne jouera pleinement son rôle que quand il desservira tout l'Ouest tunisien : d'Aïn Draham à Gafsa, qui aura été mis en valeur, au moins au plan touristique, au préalable. Pourtant, la région possède de très nombreux atouts : des monts boisés et giboyeux, présentant une nature préservée et bordant de superbes plages le long d'une mer poissonneuse, des sites historiques prestigieux, un aéroport international, une grande station thermale, un très beau Parc Naturel, la chasse et la pêche dans les lacs de barrage, en hiver particulièrement, de très bonnes routes, un excellent réseau de pistes forestières, un magnifique golf et des infrastructures hôtelières très satisfaisantes. Mais l'actuel tourisme de masse estival, saisonnier et très lié à la mode, n'est pratiquement pas « motivé » par tout cela. La qualité En attendant que l'Ouest, la « Nouvelle frontière », soit équipée et promue convenablement au plan touristique, la Khroumirie dispose de deux atouts majeurs. A l'époque des voyages de plus en plus coûteux, elle est une des régions les plus proches de l'Europe. La douceur du climat des quatre mois de printemps et d'automne doivent séduire une population aisée et âgée qui craint la canicule, en particulier. Par ailleurs, l'hiver Khroumir est moins rigoureux que celui des côtes Sud de l'Europe qui attirent des foules de « nordistes » en hiver. Chaque touriste aisé payant 100 € ≈ 180 Dt de frais de séjour journalier uniquement – ce qui est un prix très « raisonnable » en Europe – laisse en Tunisie bien plus qu'un voyageur « low coast » à 150 ≈ 200 € le séjour d'une semaine, tout compris. Comment attirer cette clientèle aisée ? Il faudrait d'abord mettre les structures en place puis les faire connaître sans mensonge, ni exagération. Pourquoi les hôtels étaient-ils pleins naguère ? La réponse tient en deux mots : « ACCUEIL » personnalisé et « SERVICES » compétents et adaptés, dont la gastronomie fait partie intégrante. Elle ne peut exister que dans le cadre d'un séjour onéreux et non à 200 € tout compris ! Le thermalisme et l'hydrothérapie soignent toute l'année des gens plutôt cossus, en Europe, la « Thalasso » aussi. La clientèle tunisienne aisée, reviendra aussi si on lui offre une animation de qualité : golf, thermalisme, thalasso etc … Le voyageur âgé, fortuné – qui a déjà beaucoup voyagé – apprécie d'être reçu comme un ami et non comme un « numéro ». Il aime pouvoir prendre « ses habitudes » et qu'on en tienne compte. Le touriste aisé apprécie la qualité des services offerts, au juste prix. Il n'aime pas du tout constater, en allant dans un magasin local, qu'on le prenne pour un « pigeon à plumer » en lui facturant 7 à 8 fois plus cher, au minimum, tout ce qu'il consomme. L'hôtelier devra calculer sur le long terme et non essayer de rentabiliser son année sur 2 à 3 mois ! Il faudrait former – comme cela existait auparavant – des « guides » compétents. Un bon guide est payé, normalement, 100 dollars la journée. A ce prix là, il y aura des candidats ! Un artisanat « artistique » du corail, du beau tissage, du bois et même de la pipe de bruyère, susceptible d'être acheté par des visiteurs aisés, devrait être développé. Toutes les activités suggérées engendrent des postes d'emploi bien rémunérés. Il faudrait faire chasser «écologiquement », à l'approche, une belle bête «record», à 600 € le tir en Europe. On pourrait faire organiser par des clubs d'éleveurs européens de chiens de chasse des concours sans tir. Les chasseurs viendraient ensuite. Et la « chasse photographique » ? Et quoi faire de la Galite ? Pourquoi ne pas organiser des parties de pêche au « tous gros » alors que d'énormes poissons croisent le long des côtes ? Il faudrait, dans le cadre de randonnées pédestres, équestres, à V.T.T. – éviter que les « quads » et les motos tout terrain ne rompent le charme champêtre ! – dans des trecks, donc, pas trop « durs », organiser des haltes chez l'habitant pour faire que le tourisme soit : « aller ailleurs pour connaître l'autre ».