• Les Bac plus, exemptés du test de langue - D'aucuns considèrent qu'en ces temps de crise, les frontières de l'Hexagone deviennent plus hermétiques pour les familles tunisiennes qui souhaitent se réunir de l'autre côté de la Méditerranée. La question du rapprochement familial dans un pays comme la France a été, en effet, à l'ordre du jour du séminaire annuel de la Ligue des Etats arabes tenue hier, où l'on a dressé une sorte de carnet de bord à l'émigration en France. Hier au Centre de la Ligue des Etats arabes à Tunis la question de l'émigration a été abordée dans ses différentes facettes : économique, sociale et culturelle. « Le thème de la famille arabe en Europe soulève la question relative à l'intégration. Il serait opportun de souligner que les familles arabes en Europe ne connaissent pas forcément les mêmes défis d'intégration. Ces défis varient en fonction de l'histoire, de la politique et de la situation socio-économique dans les pays d'origine et d'accueil. » commente M. Marc Petzoldt, chargé d'affaires de l'Organisation internationale pour les migrations, bureau de Tunis. Il convient, ainsi, de rappeler que la question de la migration dans sa variante nationale concerne actuellement quasiment 150 mille familles, soient 89 mille personnes en 2009, dont 83% résident en Europe, selon les chiffres avancés par Mme Bebia Bouhnek Chihi, ministre des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées. Elle a connu également des changements à travers le temps. L'émigration dans sa variante nationale M. Fradj Souissi, Directeur général de l'Office des Tunisiens à l'étranger a passé en revue les différentes étapes de l'histoire de l'émigration dans notre pays qui étaient selon lui temporaires et caractérisées par l'émigration masculine pour devenir à partir des années 70 permanentes avec le rapprochement familial. Et c'est là que le bât blesse car selon notre interlocuteur « Il y a des limitations sur ce droit dans certains pays…L'intégration ne doit pas être assimilée à une fusion. Elle doit rester aussi bien la responsabilité des pays d'origine que celle des pays d'accueil. La loi européenne est claire en ce sens. Mais la réalité ne confirme pas la théorie. Surtout après le 11 septembre, on est allé jusqu'à incriminer l'émigration pour montrer du doigt les émigrés comme étant les boucs émissaires du mal et de la violence qui sévit dans le monde. » Il ajoute dans la foulée « La première victime de ces crises économiques et de restructuration sociale sont les émigrés. Cela s'explique par l'accroissement du taux de chômage chez les émigrés qui représente trois fois le taux de chômage national en France qui n'est que de 7,3%. L'accès au marché du travail chez les jeunes diplômés reste difficile pour les émigrés. » Carnet de bord à l'émigration en France M. Yves Brunner, Directeur de la Représentation pour la Tunisie de l'Office français de l'immigration et de l'intégration ( OFII) a donné un autre son de cloche. Selon lui, la politique du Président Sarkozy quant à la question de l'émigration n'est pas discriminatoire. « L'intégration des familles en France se fait par le travail, la langue et l'éducation des enfants. Il faut donc que la famille soit accueillie décemment dans un logement de 22m2 pour le couple et ça dépend des régions et de 10 m2 de plus pour un enfant. Il faut aussi avoir les ressources matérielles pour vivre et maîtriser la langue pour pouvoir communiquer et éduquer ses enfants. La personne qui va rentrer en France doit passer par la case OFII où elle sera appelée à passer un test de langue et un autre lié aux valeurs de la République. Si la personne maîtrise mal la langue, l'OFII lui dispense d'une manière gratuite 40 heures de cours de langue dans un centre spécialisé. » Selon les chiffres avancés par notre interlocuteur la question du regroupement familial a concerné en 2004, 5% des hommes, 40% des femmes et 55% des enfants dont la majorité étaient des adolescents. Aujourd'hui, les femmes bénéficiaires du regroupement familial sont majoritaires (58%) et il est plus difficile aux enfants d'intégrer le système éducatif français puisqu'ils représentent le taux de 34%. Mona BEN GAMRA -------------------------- 3 questions à Yves Brunner, Directeur de la représentation pour la Tunisie de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) : « Il n'ya pas eu de durcissement, contrairement à ce que croient certaines personnes » *Le Temps : Est-ce que le test de langue que doit obligatoirement passer le postulant au visa pour le rapprochement familial est valable aussi pour les diplômés ? - Yves Brunner : Etant donné le fait que la Tunisie est un pays francophone, on a exempté du test de langue française les personnes ayant un bac plus. Mais le test des valeurs de la République est valable pour tous ceux qui souhaitent rentrer en France dans le cadre du rapprochement familial. *Puisqu'on y est, faut-il renoncer à son identité, au final, pour réussir son intégration ? -Pas du tout. Le test des valeurs de la République a été mis en place depuis presque deux ans, pour que la personne soit bien intégrée dans la société française. *On a l'impression que la France se barricade -Il n'ya pas eu de durcissement contrairement à ce que croient certaines personnes. Preuve en est, on a enregistré une augmentation de 10% dans le cadre du regroupement familial. Les personnes qui souhaitent rentrer en France dans le cadre du rapprochement familial doivent remplir les conditions nécessaires pour ce faire, dont la maîtrise de la langue. Il n'y a pas eu, jusque-là de refus de dossier lorsque les conditions d'accueil sont respectées. M.B.G. * 150 mille familles tunisiennes vivent à l'étranger, dont 83% résident en Europe