Raouf KHALSI - [email protected] - La flagellation de cette femme soudanaise est monstrueuse. Barbare. Et sa mise en ligne sur Internet est encore plus violente, cynique même à l'image de deux policiers se délectant des implorations d'une femme arabe, d'une femme musulmane, coupable d'avoir porté un pantalon. Par ricochet, on mesure l'ampleur du travail à faire encore en faveur de la femme arabe. On comprend que le récent congrès de l'Organisation de la Femme Arabe, à Tunis, appelle encore à la vigilance, tout en condamnant la discrimination et l'interprétation erronée, réductrice et, même, péjorative, de la Chariaâ. Cette malheureuse femme n'est ni la première et ne sera guère la dernière à subir un tel châtiment. Sauf que le puritanisme hypocrite dont se drape la rédemption à coups de fouet, sinon à coups de balles dans la tête (chez les talibans), fournit encore plus de prétextes à la montée de l'islamophobie. Cette séquence sur Internet aura comblé d'aise ceux qui voient en l'Islam l'ennemi de la civilisation et qui sont incapables de le percevoir, de le justifier et de l'appréhender autrement que dans des régimes gouvernés par le sectarisme tribal et l'obscurantisme fondamentaliste. Aujourd'hui, des scènes d'une telle intensité, d'une telle horreur prouvent que, non seulement la dimension égalitaire de l'Islam n'existe pas aux yeux des Occidentaux, mais qu'en plus, elle n'existe pas, non plus, dans certains régimes se proclamant islamiques. Mais, attention : il ne faut pas croire que l'humanisme occidental s'en émeut outre mesure. Car ces idiots de policiers n'auront fait que lui offrir une malheureuse créature sur un plateau exotique. Soif d'exotisme. Besoin de sensations fortes. Fantasmes sexistes aussi : voilà ce que suscitent ces images… Mais cela renverra toujours, à une impression de déjà vu, de déjà vécu… Oui, précisément, à ces femmes tendues et conduites au bûcher… Et finalement, la chasse aux sorcières et aux sacrilèges a toujours été de ce monde. Tout juste change-t-elle de camp, selon les cycles.