Le 23 janvier 2011, cela fera vingt-deux ans que ce trublion excentrique et incontournable du mouvement surréaliste, nous aurait quittés. Profondément affecté par le décès de sa muse, qui est la seule femme qu'il eut jamais aimée, il n'avait plus le courage de retourner vivre dans la petite maison de Port Lligat où il vécut des premiers mois difficiles à côté de Gala, épouse du poète Paul Eluard pour laquelle il eut un coup de foudre magistral alors que Eluard, accompagné d'un groupe de surréalistes, lui rendait visite à Cadaquès. A partir de ce jour là, Gala et Dali ne se quitteront plus, jusqu'à ce que la mort de celle-ci les sépare. Elle partie, Salvator, se repliera dans le château de Pûbol, où il peint son dernier tableau « La queue d'aronde » et où il fut victime de l'incendie de sa chambre en 1984, dans lequel il est grièvement brûlé. Il finira ses jours dans l'appartement de la Torre Galatea attenant au théâtre-musée de Figueras et meurt à l'hôpital de Figuras le 23 janvier 1989, ville où le peintre vit le jour le 11 mai 1904. A vingt ans, c'est la famille Pitchot -dont est issu le peinture impressionniste Ramon Pitchot (1872-1925) - qui le stimule dans sa quête artistique. C'est autour de 1921, alors qu'il venait d'entrer à l'Ecole des Beaux-Arts de San Fernando de Madrid, qu'il se lie d'amitié avec Federico Garcia Lorca et Luis Bunuel. Après une arrestation pour anarchisme (1923) et des rapports houleux avec ses professeurs et ses condisciples, il est finalement exclu de l'Ecole en 1926, après une ultime provocation (Il refuse de répondre à la question d'un professeur, estimant que ce dernier n'avait rien à lui apprendre). La même année, il débarque à Paris où il rencontre Picasso, qu'il ne cessera jamais d'admirer, et la même année Miro vient lui rendre visite dans sa petite maison de pêcheurs à Cadaquès. En 1929, il co-réalise « Un chien andalou » avec son ami Luis Bunuel, se brouillera avec lui après « L'âge d'or », et rencontre le groupe des surréalistes : Tristar Tzara, Louis Aragon, André Breton, Paul Eluard… La période des vaches maigres, en compagnie de Gala ne durera pas longtemps ; Dali se fait connaître à Paris où il fréquente autant les dîners mondains que les cercles surréalistes. Le couple débarque pour la première fois à New York, en 1934 (le voyage est payé par Picasso). Les Américains sont subjugués par l'excentricité du personnage et les audaces d'un surréalisme qu'ils ne connaissent presque pas. En 1934, André Breton l'exclut du mouvement surréaliste pour "idées contre-révolutionnaires". Deux ans plus tard, le 18 août 1936, son ami Lorca est assassiné à Grenade. En1938, il rencontre, à Londres Sigmund Freud, dont les travaux ont inspiré ses propres recherches picturales sur les rêves et l'inconscient. En1939, il quitte Paris, pour New York où il restera pendant les années de guerre en Europe. En 1948, il revient enfin chez lui, à Port Lligat, qui deviendra sa résidence principale jusqu'à la mort de Gala en 1982. Outre la peinture, Dali a touché à la sculpture, à l'architecture, à la création de bijoux et à la littérature. Aussi, il a écrit, depuis l'adolescence, des poèmes, quelques textes littéraires, et un journal qui a été récemment révélé au public. Il a publié de nombreux textes qui exposent ses idées, sa conception de la peinture et donnent des éclairages biographiques pertinents pour comprendre la genèse de certains de ses tableaux. Ses conceptions théoriques sont exposées, notamment, dans "La révolution paranoïaque-critique, l'archangélisme scientifique", « la vie secrète de Salvador Dali » et « Journal d'un génie ». Côté roman, Dali en a écrit un seul : « Visages cachés », qui a pour but de clore « la trilogie passionnelle inaugurée par le Marquis de Sade », dont les deux premiers éléments sont sadisme et masochisme. Côté anecdotes, Dali ne se lassera jamais de répéter l'une de ses formules célèbres : « La seule différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas ». Un jour, on lui demanda de réaliser une œuvre sur une vitrine d'un magasin new-yorkais, afin de lancer une nouvelle marque de parfum appelée « Fracas ». Le jour du lancement, Dali n'avait toujours pas réalisé l'œuvre en question. A son arrivée, il lança un pavé dans la vitrine du magasin. Cela fit un "fracas" que tous les journalistes présents se pressèrent de relater. C'est aussi par des actions pareilles que Dali a travaillé à la construction de sa popularité. Il a précédé Andy Warhol dans cette stratégie du culte de l'artiste star.