Le grand historien et sociologue Ibn Khaldoun parle dans ses prolégomènes d'esprit de clans «Âssabia» parmi les tribus et affirme que la plus forte parmi celles-ci finit par dominer. Le publiciste français, Maurice Duverger écri à propos des partis politiques : « Depuis que les hommes réfléchissent à la politique, ils oscillent entre deux interprétations diamétralement opposées : Pour les uns, la politique est essentiellement un combat, le pouvoir permet aux individus et aux groupes qui les détiennent d'assurer leur domination sur la société, et d'en tirer profit. Les autres groupes et les autres individus se dressent contre cette domination ….pour essayer les détruire Pour les autres, la politique est un effort pour faire régner l'ordre et la justice, et le pouvoir est dans le but d'assurer l'intérêt général et le bien commun contre la pression des revendications particulières…. » Il ajoute que la rivalité entre les partis politiques dans une société déterminée, pourrait être soit pour raison de profit personnel, soit pour réaliser une intégration de tous les individus dans la communauté , dans le but d'instituer la cité idéale dont parlait Aristote : une cité juste et où tous les membres sont égaux en droits et en devoirs. La révolution du jasmin a bel et bien apporté ses fruits, acculant le dictateur qui muselait les bouches et empêchait la liberté d'expression et de pensée, à quitter la scène politique sans autre forme de procès. Un nouveau gouvernement de coalition s'est constitué. Il réunit des tendances politiques diverses. Cela a donné lieu cependant à des réserves, voire des critiques contre la présence dans ce gouvernement de certains membres issus du parti RCD, et qui appartenaient au gouvernement sous le président déchu. Il y a eu même une manifestation en ce sens le jour même ou le premier ministre a annoncé la formation du nouveau gouvernement. Bien plus certains membres du nouveau gouvernement se sont retirés pour cette raison. Or il n'y a plus lieu à exclure aucun parti politique sur la place, y compris le RCD, et quand même celui-ci aurait pratiqué cette méthode, depuis l'avènement du président déchu, voire depuis bien avant, notamment à l'ère de Bourguiba où il était le seul maître à bord, et sous l'appellation de PSD (parti socialiste destourien) Autrement, cela aboutirait à, tomber dans la même pratique de l'exclusion du régime pratiquée par président déchu, à l'égard des partis d'opposition. Car parmi les partis d'opposition qui existaient à cette époque, seuls les partis qui affirmaient leur solidarité avec la politique officielle, n'étaient pas exclus. Il est en effet impensable qu'un parti d'opposition vienne soutenir pendant les élections présidentielles, le président en place, voire l'implorer de renouveler sa candidature pour les années à venir. Ce qui est l'aberration même ! Aujourd'hui, c'est la démocratie réelle, où seul le peuple a le dernier mot, et c'est la raison pour laquelle la première décision annoncée par le nouveau gouvernement de salut et de coalition, est la séparation entre le parti et l'Etat. Il est donc vain de tergiverser dans des polémiques sans fin sur l'opportunité d'écarter le RCD, voire d'appeler à sa dissolution. Ce n'est pas la préoccupation première ni opportune dans l'état actuel des choses où le pays vit une période transitoire. Est-il opportun par ailleurs de revoir, dans un gouvernement de salut, les mêmes personnes qui ont fait partie du régime du président déchu ? La question restera toujours posée, surtout qu'à l'issue de cette révolution, le peuple s'attend à un souffle, un nouveau décor et de nouveaux personnages. Mais cela risque de laisser le pays dans l'expectative, pendant longtemps, cde qui ne sert aucunement son intérêt. Il faut se hâter d'entamer la procédure de l'élection présidentielle, et donner au plus vite , l'occasion au peuple de dire son mot et de choisir librement son président. Le nouveau président de la République qui sera élu dans les prochains jours et dans un maximum de 60 jours selon l'article 57 de la constitution, sera le président de tous les Tunisiens et non celui du parti dont il est issu, l'intérêt général devant nécessairement l'emporter.