La succession des événements générés par la révolte du 14 janvier, a laissé plus d'une personne perplexe. Une grande partie du peuple tunisien, ne sait plus sur quel pied danser. On veut coûte que coûte que tous les ministres nommés dans ce gouvernement de transitions soient limogés ou au moins qu'ils démissionnent du RCD. C'est d'autant plus légitime que l'on exerce déjà et à plein son droit d'expression ainsi que le droit de démonstration. Mais beaucoup de choses donnent à réfléchir. Tout d'abord, ce n'est qu'un gouvernement de transition. Un gouvernement dont la seule et unique mission est celle d'assurer une période de transition avant la tenue d'élections générales libres. Autre constat, c'est qu'un changement aussi rapide et brusque en Tunisie n'a, en aucun cas permis, de choisir des membres du gouvernement. Alors que des dossiers aussi brûlants qu'ils soient, doivent être assurés par des personnes, outre qu'ils doivent être intègres et « clean », doivent-ils aussi être expérimentés et surtout capables de gérer ces dossiers et veiller à assurer la continuité du bon déroulement de beaucoup de projets. Il s'agit notamment de ceux portant sur le volet économique. Doit-on admettre qu'on puisse comprendre la rage de certains contre le RCD, on doit aussi être raisonnable dans son jugement et dans ses revendications ? Comment doit-on aborder une ère de démocratie, tout en appelant à éclipser d'autres « opposants » ? Des dossiers comme celui de la coopération internationale, les industries, et à un degré moindre, le tourisme, ne doivent pas se voir, du jour au lendemain, dans les mains et sous la responsabilité de « nouvelles têtes » ! Tout simplement, et juste parce qu'on refuse d'avoir un membre de l'ancien gouvernement, on s'aventurera et on mettra en danger des investissements et la totalité d'un nombre de secteurs. Un responsable comme Mohammed Nouri Jouini, qui a depuis des années été à la tête du ministère de la Coopération Internationale gère des dossiers très importants pour la Tunisie, notamment dans cette circonstance critique de son histoire. De même Afif Chelbi, ministre de l'Industrie et des Technologies. On ne dirait jamais que la survie des secteurs, qui sont multiples et diversifiés, et que les postes d'emploi qu'ils assurent, à ce moment même, dépendent de ces deux responsables. Mais soyons logiques. Chambarder les structures de ces deux départements dans de telles circonstances, sous un prétexte purement politique, peut relever de l'absurde et même irresponsable. Nous pouvons être très critiques et pas tout à fait d'accord avec ces deux responsables dans plusieurs décisions qu'ils ont prises tout au long des périodes qu'ils ont passées à la tête de leurs deux départements, mais tout le monde s'accorde à dire que la vie doit continuer et que les débats et manifestations politiques ne doivent pas nous détourner de notre souci commun, à savoir celui de donner la meilleure image économique de la Tunisie. Au contraire, puisque cette image est suivie dans les détails par nos partenaires étrangers, qu'ils soient ceux opérant déjà dans notre pays ou ceux qui comptent le faire dans un futur proche. Soyons raisonnables et mettons nous au travail. D'une autre part, d'autres ministres nommés dans ce gouvernement ne sont pas en mesure de traiter des sujets qui ne relèvent pas de leurs missions. Que le ministre de l'Intérieur du gouvernement transitoire donne des chiffres sur les dégâts causés tout au long des dernières semaines tout en omettant de donner des informations autres, plus importantes à notre sens, et tant attendues pour apaiser les esprits des citoyens quant aux arrestations faites ou quant aux milices qui pillent, est vraiment insuffisant. Il n'est certes pas encore le temps de faire les comptes, mais les investigations qui seront faites, et que nous suivrons dans leurs détails, sur le sort des fortunes détournées par les clans de l'ex régime, montreront au ministre de l'Intérieur comment il a eu tort dans un moment aussi historique de la Tunisie.