Les relations de travail ont évolué au fil des siècles grâce au combat des travailleurs afin de recouvrer tous leurs droits et abolir toute forme d'exploitation et d'abus par les employeurs. Au départ, ces derniers étaient les seuls maîtres à bord et manipulaient les travailleurs tous azimuts sans se soucier de leurs conditions ni de leurs aspirations en tant qu'être humains devant être égaux en droits et en devoirs. Les relations de travail étaient donc à l'époque, celles de dominants à dominés. La lutte incessante des travailleurs a amené à l'intervention des pouvoirs publics au fil et à mesure de l'évolution des notions économiques où il a été prouvé que les travailleurs constituaient un élément nécessaire dans le développement économique. Cela s'est concrétisé par la promulgation de lois régissant les relations du travail et garantissant les droits des travailleurs et l'institution d'une administration du travail, qui avait pour objet de contrôler aussi bien l'action de l'employeur que celle du travailleur dans un souci d'une meilleure sécurité du travail. Avec le développement de la notion d'entreprise le travailleur s'est imposé en s'affirmant en tant qu'élément moteur de son développement et par là même du développement économique en général. D'où la naissance de la notion de partenaires sociaux , à savoir l'employeur et le travailleurs, qui sont les deux piliers principaux sur lesquels repose l'entreprise et doit aussi bien son développement que sa pérennité. Ce fut alors la nouvelle phase, où l'Etat se comporta désormais en tant qu'arbitre, entre les partenaires sociaux. Ces derniers ont commencé alors à s'organiser, en créant des institutions représentatives du patronat d'un côté et des salariés de l'autre. Le patronat a été représenté en Tunisie par l'UTICA, pour les industriels et plus tard l'UTAP pour la représentation des agriculteurs, des artisans et es pêcheurs. Quant aux salariés ils ont toujours été représentés d'abord par la section tunisienne de la CGT française puis par l'UGTT unique syndicat tunisien depuis sa création en 1949. Ce syndicat a certes joué un rôle déterminant dans la défense des droits sociaux. Cependant, l'expérience a démontré que chaque fois que l'Etat intervenait pour influencer la concertation entre les partenaires sociaux, les droits des travailleurs en recevaient un coup. Sous l'ère de Bourguiba, le syndicaliste Habib Achour, a été à un moment donné dans le collimateur des pouvoirs publics, lesquels incitaient les organisations patronales à contester les revendications salariales dont notamment l'amélioration du pouvoir d'achat par l'augmentation des salaires. Les représentants du patronat prétextaient souvent la crise économique afin de ne pas satisfaire les demandes du syndicat sur ce point. Depuis les évènements du 26 janvier 1978, et le limogeage de Habib Achour, les revendications syndicales n'étaient plus formulées avec la même vigueur et la même détermination qu'à l'époque de l'UGTT de Achour et son équipe, dont Taïeb Baccouche( actuel ministre de l'éducation dans le gouvernement de coalition) qui a lui aussi subi les affres de la torture à cause de ses positions pour la préservation des droits des travailleurs. Sous le régime du président déchu, les choses ont empiré en ce sens que le syndicat n'avait plus de rôle tout à fait déterminant au sein des partenaires sociaux, où le patronat jouait un rôle prépondérant. M. Mohamed Ennaceur, éminent juriste du travail, et que j'ai connu de près, pour avoir eu d'abord le même patron de thèse que lui, à savoir le professeur Gérard Lyon Caen à la faculté de la Sorbonne-Paris I, et ensuite pour l'avoir côtoyé de près et apprécié sa sagacité et sa clairvoyance, à l'époque où il a été ministre des Affaires sociales dans les années 1970, aura du travail à faire en ce sens. Il a commencé dans sa première interview télévisée de parler des partenaires sociaux qu'il consultera afin de les concilier, et permettre par là même qu'il y ait entre eux une concertation libre entre eux et sans influence aucune. Cela, est nécessaire dans l'intérêt des travailleurs, et des agents économiques, afin de réaliser un meilleur équilibre social, où l'exclusion n'aura plus droit de cité.